Pendant douze ans, de 1956 à 1968, au cours de nombreux séjours à San Giovani Rotondo, nous avons eu l’avantage de beaucoup approcher le Padre Pio et de parler avec des personnes qui avaient été l’objet de ses bienfaits. On ne pourra jamais, sans doute, tellement ils sont nombreux, les raconter tous. Des livres ont déjà été écrits sur le P. Pio. Voici quelques traits authentiques qui ne sont pas dans les livres. Ils nous ont été racontés par les intéressés eux-mêmes.
Les parfums du Padre Pio
Monsieur D.N. de Bolzano prenait ses vacances à Rimini, sur les rives de l’Adriatique. Sa femme, désireuse de le ramener à la pratique religieuse, lui avait donné à lire le livre de Maria Winoska Le vrai visage du Padre Pio, paru en français chez Fayard et traduit en italien. Se promenant sur la plage, M. D.N. lisait l’excellent petit livre. Soudain, il arrive au chapitre consacré aux parfums du P. Pio. De nombreuses personnes affirmaient avoir senti ces parfums inexplicables et délicieux, d’une façon inattendue, soit à San Giovanni Rotondo, soit ailleurs dans le monde : attention surprenante du P. Pio à leur endroit. Monsieur D.N. parcourut tous les témoignages et conclut : « C’est tout de même malheureux, en plein XXe siècle, de lire de pareilles sottises. » Sans barguigner, il jette le livre à la mer.
Sa femme, cependant, insista pour qu’il la conduisît à San Giovani Rotondo. Il finit par céder et fit en voiture plus de quatre cents kilomètres.
À son arrivée, seul un frère capucin se trouvait devant l’église. Il saisit le voyageur au débarqué : « Voulez-vous faire bénir votre voiture par le P. Pie ? Vous passerez par la porte du jardin. » Monsieur D.N. accepta et rendez-vous fut pris.
À l’heure dite, le P. Pio vint en effet, bénir la voiture. Mais il ne dit pas un seul mot à son chauffeur qui s’étonna fort, auprès du frère. « Si vous voulez parler au P. Pio vous n’avez qu’à vous confesser à lui. » Monsieur D.N. médita quelque temps l’astucieuse réponse. Il finit par se décider et prit son tour au confessionnal. Le moment venu, il s’agenouilla devant le P. Pio et fit sa confession. Celui-ci lui dit « Je te donnerai l’absolution dans trois mois, si tu reviens ! » Monsieur D. N. explosa ! mais je viens de faire plus de quatre cents kilomètres et ma femme m’attend dans l’église pour communier avec moi ! » Le Padre Pio maintint sa décision. Le ton monta de part et d’autre. Finalement M. D.N. se leva et partit.
Au comble de la fureur, il ramène sa femme à l’hôtel, se plaint véhémentement de l’affront qui lui a été fait. Et la pauvre femme effondrée se disait : « Hélas, que j’ai peiné pour rien ! » Monsieur D.N. décide le dépars immédiat et réclame la note. Un bel éclat !
Il démarre à fond de train. Soudain, à cinq cents mètres à peine de l’hôtel un parfum extraordinaire envahit la voiture. Coup de frein brutal. Monsieur D.N. interroge sa femme, s’interroge lui-même. Pas d’explication possible ! « Dans ce cas, dit-il, on ne part plus ! » À l’hôtel, on les accueille de nouveau sans trop de surprise : on en a vu d’autres !
Mais M. D.N. a décidé de demander des explications au P. Pio. Le lendemain, il se place sur son passage : « Padre, que signifie le parfum, hier, dans la voiture ? » Et le Padre, souriant, lui touche les épaules du bout des doigts : « Il t’en faut des choses pour te faire croire ! » Douce allusion au livre jeté dans l’Adriatique à cause du chapitre sur les parfums …
Monsieur D.N. comprit combien le P. Pio avait eu raison pour sa confession. Au bout de trois mois, il revint, reçut l’absolution et il est demeuré depuis un fils spirituel très aimé et très fidèle. Il s’est fait bâtir une maison près du couvent.
SCAPPA ! SCAPPA ! Sauve-toi !
À la fin de la dernière guerre mondiale, au moment de la débâcle allemande et de la république mussolinienne de Vérone, Monsieur Teseo Isani se trouvait justement à Vérone. Officier, il fut condamné à mort, avec un ami, par les Allemands, pour avoir aidé à l’évasion d’un aviateur anglais. On l’avait enfermé au premier étage d’une caserne de Vérone. Dans le couloir, en face de la porte, des officiers allemands et italiens l’attendaient pour le conduire au poteau. En proie à de sombres pensées, assis à sa table, il rédigeait une dernière lettre à sa famille. Soudain, il entend une voix qui lui dit : « Scappa, scappa ! Sauve-toi, échappe-toi ! » Il hausse les épaules. L’injonction se fait de nouveau entendre, irrésistible. Ce fut, dit-il, comme si on me prenait par les épaules. Et il pense : « Bah ! une balle dans la peau, dix minutes avant ou dix minutes après peu importe ! »
Il ouvre alors tranquillement la porte. Il passe non moins tranquillement au milieu des officiers allemands, italiens, qu’il reconnaît d’ailleurs ; et au milieu des soldats qui l’attendaient pour le fusiller. Personne ne lui dit un mot et ne remue le moindre petit bout de doigt, comme s’il était devenu invisible. Il descend l’escalier et se retrouve dans la rue, libre !
On conçoit qu’on s’aperçut tout de même qu’il n’était plus là. Ce fut une belle fureur ! La chasse à l’homme commence, s’organise. Sa tête est mise à prix, des affiches avec sa photo sont placardées dans la ville et dans la région. Après mille péripéties et mille dangers, il parvient à passer en Suisse. Et comme cette histoire n’est pas du tout une plaisanterie, son ami, malheureusement, fut fusillé.
Après la défaite allemande, Isani revint à Vérone où la population lui fit un accueil délirant. Le temps passa : plus de deux ans. Un jour, notre héros eut à se rendre dans l’Italie du Sud. En prenant l’apéritif avec des camarades, il les entendit parler d’un vieux moine de la région, le P. Pio qui faisait des choses extraordinaires, des choses vraiment incroyables. En lui-même, il prit la décision d’aller voir ce fameux moine qu’il ne connaissait pas du tout. Mais comme il redoutait leurs moqueries, par respect humain, il n’en dit rien à ses interlocuteurs. Il vint donc à San Giovanni Rotondo. Il aperçut le P. Pio. Il réfléchit et décida de mettre de l’ordre dans sa vie en se confessant à lui.
Son tour venu, inconnu parmi les inconnus, il se présente au P. Pio. Celui-ci, toujours pince-sans-rire (il était-d’un tempérament assez facétieux, parfois jusque dans la manifestation de ses charismes) lui dit, au moment où il s’agenouille : « Bien, mon fils, le Seigneur t’a pris dans sa ligne de mire ». Sur le moment, le pénitent ne comprit pas la portée de cette expression. Ce n’est que plus tard qu’il saisit la fine allusion aux fusils du peloton d’exécution. Enfin, sans faire davantage attention, il fait une bonne confession, écoute les conseils du Padre Pio. L’absolution reçue, il se relève et se dirige vers la sortie. À ce moment, il entend retentir derrière lui « Scappa, Scappa ! » Il reconnaît son interpellateur de Vérone. Se retournant, il vient se jeter en pleurant aux pieds de son sauveur. « Remercie le Seigneur ! » dit le Padre Pio.
Il décide alors de se fixer auprès du P. Pio. Après bien d’autres heureux bénéficiaires des charismes merveilleux du capucin, il se fit bâtir une maison près du couvent. Il y fonda un foyer qui fut égayé par de nombreux enfants.
Bilocation et réconfort
Mademoiselle F., fille spirituelle du P. Pio, avait des amis dans la diplomatie. Ceux-ci furent nommés en poste à La Paz, en Amérique du Sud. Ils lui demandèrent de les accompagner, pour être moins seuls, si loin de leur pays, l’Italie. Mademoiselle F. prit conseil auprès du Padre Pio. Celui-ci lui dit qu’elle pouvait accepter. Elle partit.
Mais à la longue, le climat des relations s’assombrit entre les amis. Il devint même franchement détestable. Mademoiselle se mordit les doigts de s’être lancée dans pareille aventure et en rejeta la responsabilité sur le P. Pio qui lui avait conseillé d’accepter : « Tout cela, pensait-elle, est de sa faute ! »
Or, une nuit, soudain, elle vit le Padre au pied de son lit. Il lui parla longuement, lui remonta le moral. À la fin de l’entretien, elle proposa d’aller chercher ses hôtes pour qu’ils le saluent. Le Padre Pio lui fit comprendre qu’il n’y tenait pas. Il disparut. Il revint trois jours plus tard, s’enquérir de son état.
La plus belle histoire
Une des figures les plus connues de San Giovanni est Monsieur Frederico Abresch, qui fut longtemps le seul photographe de l’endroit. Protestant converti par le P. Pio, il réside depuis de longues années à côté du couvent.
L’année dernière, nous lui avons dit : « Mr Abresdh, depuis tant et tant d’années que vous vivez ici, vous possédez une mine inépuisable de renseignements. Pourriez-vous nous dire le fait qui vous a le plus frappé ? » Sans hésiter une seconde, il nous répondit : « La plus belle histoire que je puis vous raconter est celle-ci :
« J’avais un ami qui me fit part un jour de ses difficultés. Il y avait chez lui, dans sa famille, des disputes, des divisions continuelles, qui dépassaient les limites de l’ordinaire. Il ne savait comment faire. La vie était intenable. Je lui conseillai alors de venir voir le P. Pio et de lui demander son aide. Mon ami vint et prît son tour de confession. Je l’accompagnai à l’église. Je le vis entrer dans la sacristie pour aller se confesser. J’entendis patiemment. Enfin, la porte s’ouvrit. Mon ami avait l’air extraordinairement bouleversé. Il me fit comprendre qu’il ne pouvait pas parler. Après avoir prié un moment ensemble, nous revînmes à la maison en silence. Nous nous séparâmes.
Miss Mary Pyle, fixée dès 1922, auprès du P. Pio était une des figures les plus célèbres de San Giovanni Rotondo. Sa mort est survenue en avril 1963. Nous avons eu de longues conversations ensemble, souvent. À la fin de sa vie, elle ne pouvait plus avoir d’activité et se dévouer au aux œuvres charitables du P. Pio. « Un jour, me confia-t-elle, j’ai dit au Padre : C’est triste. Je suis malheureuse. Je ne peux plus rien faire. Le Padre m’a répondu aussitôt : « Tu peux toujours faire là Volonté de Dieu ! il n’y a que cela d’important dans la vie ! »
« Au bout d’une heure environ, mon ami revient me trouver : maintenant dit-il, je peux parler. Tout à l’heure, j’en étais absolument incapable Voici pourquoi : J’ai éprouvé la plus grande émotion de ma vie. J’avais préparé ma confession de mon mieux. Lorsque j’eus fini l’accusation de mes péchés, le Padre me dit : « Tu as tout dit ? » — « Oui » — « Non, tu n’as pas tout dit. » — « Je vous assure que si. Je ne vois rien d’autre. J’ai fait très sérieusement mon examen de conscience. »
— « Tu as fait du spiritisme ! » Une sueur froide me passa dans le dos. C’était vrai. J’avais complètement oublié de le dire. Le Padre continua : « En faisant du spiritisme, tu as donné un certain pouvoir au démon sur ta famille. Voilà l’origine de tous tes ennuis. Il faut prier. Je vais prier avec toi, » et le Padre ajouta : « Comment un insecte pourrait-il s’approcher du feu sans se brûler ? Et aussi, comment quelqu’un pourrait-il s’approcher de Notre Seigneur Jésus Christ sans s’enflammer d’amour pour Lui ? »
« Soudain, à la place du P. Pio, je vis le Seigneur Jésus, en vêtements blancs, qui me regardait. — Voilà pourquoi, en sortant de la sacristie, j’étais devenu incapable de parler, tellement l’émotion m’avait saisi. »
« Mon ami s’en retourna chez lui, conclut Mr Abresch. Au bout de peu de temps la vie de famille redevint normale et paisible, »
L’essentiel
Miss Mary Pyle, fixée dès 1922, auprès du P. Pio était une des figures les plus célèbres de San Giovanni Rotondo. Sa mort est survenue en avril 1963. Nous avons eu de longues conversations ensemble, souvent. À la fin de sa vie, elle ne pouvait plus avoir d’activité et se dévouer aux œuvres charitables du P. Pio. « Un jour, me confia-t-elle, j’ai dit au Padre : C’est triste. Je suis malheureuse. Je ne peux plus rien faire. Le Padre m’a répondu aussitôt : « Tu peux toujours faire là Volonté de Dieu ! il n’y a que cela d’important dans la vie ! »
De toute évidence, c’est pour amener les âmes à l’essentiel que le Padre a opéré tant de prodiges et qu’il a tant souffert. Cet essentiel transparaissait dans la célébration extraordinaire de sa messe ; l’amour de Dieu pour nous, qui va jusqu’au don de Son Fils dans le sacrifice de la croix, perpétué dans le sacrifice eucharistique, et qui demande la réponse de notre amour.
Noël est la première et tendre invitation que le Christ nous adresse en entrant dans le monde. Il n’est venu que pour faire la volonté de Père et pour nous aider à faire de même. — Un jour, au dos d’une image, le Padre Pio écrivit ces vœux de Noël : « Que Jésus Enfant renaisse dans ton cœur. Qu’Il vive et croisse dans ton esprit et dans ton cœur comme Il a grandi et vécu dans la petite maison de Nazareth. »
Aujourd’hui, il nous les adresse du haut du ciel. Qu’il nous aide dans leur accomplissement.
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