C’est une humble cruche de grès, une cruche qui fait jaser tout le village de Vaux.
Il y a bien des mystères à Vaux, celui de la Tour du Diable, une tour en ruines toute couverte de lierre, où nul ne pénètre la nuit ; et puis il y a surtout le mystère de la cruche, celui dont tout le monde parle.
Oh ! cette cruche bleue et grise, qui trône en place d’honneur sur la cheminée de maître Pierre, juste en dessous du crucifix, comme tout le monde la regarde !
Il est certain qu’elle a dû avoir une carrière tourmentée car elle n’est plus qu’un assemblage de morceaux savamment recollés.
Il paraît que certains soirs, maître Pierre, le sympathique fermier, vient seul devant sa cruche : il la regarde très longuement… bien soucieux.
Oh ! mystère. Après un certain temps, tout à coup, la figure du fermier s’illumine, il s’en va…
Sa femme qui respecte la dite cruche ne laisse à personne le soin de l’épousseter ; aucune autre main que la sienne n’y touche.
Cette cruche de grès contient, au dire de maître Pierre, un grand secret.
Lequel ? Nul ne le sait.
***
En ce soir de juillet, des paysans vont et viennent d’un air accablé sur les chemins des champs ; ils se regardent quand ils se rencontrent et n’ont qu’un mot à se dire :
« Tout est perdu ! »
Oui, tout est perdu. Il a grêlé.
En fin d’après-midi, après des heures suffocantes, l’orage a éclaté, le ciel s’est nappe d’un nuage cuivré, et la grêle, ce terrible fléau, est tombée.
Elle est tombée brutalement, frappant sans pitié les pauvres plantes alanguies. Maintenant les


Soudain, Loïs tressaillit. Toute menue sous son armure de guerre, une ombre se dressait non loin de lui sur les créneaux, insoucieuse des flèches anglaises.
Bernard a huit ans. C’est un robuste petit campagnard. Il a le teint hâlé, les joues rouges comme les pommes d’api, de grands yeux lumineux. Bien planté, l’air décidé, il se pose là. Comme tout le monde il a ses défauts et ses qualités. Heureusement, son petit cœur généreux sait trouver d’ingénieuses ressources pour réparer les déboires causés par son caractère entier et entêté, comme l’est celui de tout paysan qui se respecte.