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Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : À la découverte de la liturgie avec Bernard et Colette .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Chapitre IV

Cette fois, il neige. Les flo­cons tombent ser­rés, gelés, et bien­tôt couvrent tout. Ils craquent sous les pieds de Colette, qui quitte l’é­cole en hâte pour cou­rir au pres­by­tère, où, ce jour-là, le père Pierre doit venir la cher­cher. Quand elle entre, tout essouf­flée, dans la cui­sine, elle y trouve mon­sieur le curé qui récite son bré­viaire et André étu­diant ses leçons.

Dans l’âtre, quelques humbles mor­ceaux de bois se consument. Le vieux prêtre les rap­proche en hâte.

— Viens te chauf­fer, ma petite fille. Tu as une demi-heure d’a­vance sur le père Pierre et j’en conçois du sou­ci. Il est allé pour un mar­ché, au hameau des Grands-Chênes ; il m’a pré­ve­nu qu’il serait en retard, et par cette neige, je n’aime guère à pen­ser que tu seras au grand noir à cou­rir par là sur les routes.

Colette a un rire léger, qui fuse sous son grand capuchon.

— On trot­te­ra ferme, et le père Pierre me racon­te­ra des légendes du temps des loups, quand les landes au bord de l’é­tang étaient des forêts sau­vages… Je suis folle de ses vieilles his­toires ! Il les raconte avec une voix lente, en bran­lant sa lan­terne dont les verres sont rouges, et qui pro­jettent sur la route des lueurs fan­tas­tiques. Ce soir, sur la neige, ce sera délicieux.

— En atten­dant, regarde ce que Bri­gitte t’apporte.

— Oh ! Bri­gitte, ma vieille Bri­gitte, que vous êtes bonne ! Du lait chaud et des châ­taignes ! Je ne pour­rai dîner ce soir à la mai­son. Mais, en atten­dant, ce que ça va être exquis !

* * *

Et Colette épluche les châ­taignes avec une joie d’en­fant, pour les faire tom­ber une à une dans le bol de lait fumant. Mais son esprit n’en court pas moins au hasard de ses pen­sées, et voi­là qu’elle dit brusquement :
 — Vous savez, Mon­sieur le curé, vous m’a­vez lais­sée en panne l’autre soir, après l’é­qui­pée des garçons.

— Com­ment cela ?

— Mais oui ! vous êtes par­ti, sans m’a­voir expli­qué quelles sont les prières qui com­posent l’Of­fice divin.

— Tiens, c’est vrai. Rien de plus simple que de com­plé­ter à l’ins­tant. Tu t’es cer­tai­ne­ment ren­du compte, en sui­vant les offices, que les psaumes y tiennent une grande place. As-tu remar­qué com­bien on sent pas­ser, à tra­vers ces psaumes, tous les sen­ti­ments de repen­tir, de louange, d’a­mour de Dieu ?

— Je ne suis pas sûre d’y avoir fait grande atten­tion. Je sais pour­tant par cœur