Au temps où la Palestine était sous la domination des Syriens, le roi Antiochus IV voulut imposer aux Israélites le culte et les mœurs des païens. Les officiers du roi étant venus à Modin pour organiser des sacrifices, un grand nombre de gens du pays se laissèrent aller à l’apostasie. Ce que voyant le prêtre
Mathathias s’indigna : il tua sur l’autel un de ses compatriotes apostats, ainsi que l’officier royal. Ainsi commença la révolte de ceux que l’on a appelés « Les Macchabées », c’est-à-dire « les marteleurs » de leurs ennemis, et qui ont réussi, après mille combats, à rendre à leur patrie son indépendance et sa foi.
Après la randonnée de Babylone, qu’il fait donc bon, en vacances, au logis.
Bernard jouit de sa fin de permission comme un vrai collégien. Il vient d’entrer à la cuisine et, sans plus de façon, empoigne par les épaules Marianick.
— Qu’est-ce qui te prend ?
— Je t’emmène, là, dehors, un instant. J’ai quelque chose à te faire voir. Il y en a juste pour deux minutes.
Riant et maugréant à la fois, Marianick se laisse entraîner.
Dans la prairie l’avion repose.
— Je ne veux pas aller voir ton oiseau de malheur. C’est des inventions du diable !
— Marianick, la calomnie est un péché. Je veux que tu regardes, au moins une fois, cet oiseau que tu détestes sans savoir pourquoi.
— Sans savoir pourquoi ? Il a peut-être pas cassé la jambe de Colette ?
— Ça, c’est un accident. Les carrioles qui vont au pardon de Sainte-Anne ont aussi des accidents…
Marianick n’avait pas prévu cette réponse ; elle avance, un peu ennuyée, vers l’avion, qui a l’air bien tranquille, et même un peu pataud, là, sur la prairie.
— Voyons, reprend Bernard, pourquoi ce pauvre oiseau a‑t-il le don de te mettre à l’envers ?
Regarde les sièges. Tiens, je vais t’aider, entre dans la carlingue et assieds-toi.
— M’asseoir là-dedans ! Jamais de la vie ! Y a s’ment pas ou mettre un poupon, tant que c’est petit.
— Marianick, voilà maintenant que tu vas faire un mensonge. Assieds-toi, tu verras.
Et sans trop savoir comment, Marianick se trouve très confortablement installée dans un excellent fauteuil de cuir.
— Tu ne diras plus qu’on y est mal. Appuie-toi bien. C’est ça . Vois comme je suis bien aussi, mon manche à balai ressemble tout bonnement au volant d’une auto.
Si Marianick pouvait voir le sourire de Bernard ! Mais vraiment, on est bien, les cuirs sont jolis, et elle s’amuse presque à tout regarder, quand il lui semble éprouver un léger mouvement.
— Bernard, qu’est-ce que tu fais ?
— Rien du tout, je déplace un peu l’oiseau ; il roule sur ses roues comme une voiture. Je vais le ranger là, à côté, bien à l’ombre.
Mais, ô horreur, le nez de l’avion se redresse et la prairie semble tout d’un coup s’éloigner. Marianick, cramponnée des deux mains aux bras du fauteuil, hurle :
— Bernard, tu es un vrai démon ! Sainte Vierge Marie ! descends tout de suite ! Ah ! bonne sainte Anne ! Si c’est pas honteux, à ton âge, de tromper les gens… Non, mais v’là les nuages qu’approchent !