Étiquette : <span>Domrémy</span>

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

Temps de lec­ture : 17 minutes

En 2012, nous fêtons le 600e anni­ver­saire de la nais­sance de . Pour inau­gu­rer cette année consa­crée à la ber­gère de , voi­ci ce joli texte :

Que c’est donc grande pitié au royaume de France ! Depuis bien­tôt cent ans que dure cette guerre, que de mi­sères et de dévas­ta­tions ! Recon­naît-on encore la France, la douce France, jadis le plus riche pays qui fût au monde, dans cette terre rava­gée, aux récoltes avares, au com­merce incer­tain, aux routes aban­don­nées ? France, très chère France, ne fini­ront-ils donc point par te quit­ter pour rega­gner leurs îles, les mau­dits Anglais, les « Godons » comme on dit, d’où est venu tout cet acca­ble­ment ? Que fau­dra-t-il encore pour que tes fils s’u­nissent contre l’en­ne­mi com­mun au lieu de se déchi­rer en clans fra­tri­cides, Arma­gnacs contre Bour­gui­gnons ? Hélas, tout est si triste et l’ho­ri­zon si noir que c’en est vrai­ment à perdre l’es­pé­rance… De quoi par­ler sinon du mal­heur des temps ?

Bataille - Guerre de Cent Ans - Pitié en royaume de FranceEt l’on en parle, on en parle par­tout, dans le moindre des vil­lages, où cha­cun se demande si, demain, une troupe d’An­glais ou de par­ti­sans de Bour­gogne ne vien­dra pas mettre le feu aux mai­sons, mas­sa­crer les familles, voler le bétail et piller l’é­glise. Une petite fille née vers le début de ce XVe siècle, — en 1412 par exemple, — depuis qu’elle a été en âge d’é­cou­ter, n’au­ra guère enten­du que des récits de mas­sacres et de désastres. A trois ans a‑t-elle pu com­prendre, quand son père a racon­té la ter­rible défaite subie par la fleur des che­va­liers fran­çais et l’o­dieux mas­sacre, ordon­né par le roi d’An­gle­terre, de trois mille des plus nobles pri­son­niers ? Mais elle se sou­vien­dra tou­jours d’a­voir vu, à sept ans, de ses yeux vu, la bataille que se livrèrent, à une lieue de son vil­lage, les Fran­çais enne­mis, à grands coups de haine sau­vage, et où tant revinrent bles­sés, ensan­glantés, et d’où maints aus­si ne sont pas reve­nus… Encore toute petite, elle aura su par cœur la com­plainte qu’on chante