Chapitre XV
À quelques jours de là, Bernard aborde son frère.
— Dis donc, Yvon, je n’admets pas que Colette soit seule ici à avoir des idées géniales. Sais-tu que son « école de liturgie » fait merveille ? Les petites filles sont enchantées, racontent le soir chez elles ce qu’elles ont appris ; toutes les familles s’intéressent à la cérémonie prochaine de l’ordination. Alors, pourquoi ne pas réunir les garçons ?
Yvon répond :
— Au fond, tu sais, le mérite des filles est modeste. Elles savent d’avance, parce qu’à l’école chrétienne elles ont toute l’année des leçons d’instruction religieuse.
— Justement ! Alors nos petits gars, qui, à leur école laïque, n’en entendent jamais parler ? Je vais de ce pas offrir à M. le Curé de les prendre ici, les jours où Colette ne réunit pas ses « demoiselles ».
Le soir même, arrive, en chantant à tue-tête, marchant au pas et sur deux rangs, toute une file de joyeux enfants, Bernard et Jean en tête, bien entendu. Les heures qui suivent sont indescriptibles. Bernard et Jean mettent un tel entrain dans leurs explications, et les garçons une si belle ardeur à essayer de répondre, que de la maison on entend des cris sauvages, à ameuter la population.
Petit à petit pourtant, à mesure que les jours se succèdent, le bruit s’apaise, mais en revanche l’intérêt redouble, car Yvon s’en mêle, et la bande des garçons entend dépasser en savoir, celles des filles.
Un soir, Bernard déclare :
— Nous allons aborder un fameux sujet. Je propose d’essayer de comprendre la cérémonie de l’ordination à laquelle nous assisterons tous ; plusieurs seront enfants de chœur ; il s’agit de pouvoir suivre,