Sainte Jeanne d’Arc
Sur le rempart qui s’avançait en bordure de la Loire jusqu’aux avant-postes ennemis, Loïs, tapi derrière un créneau, regardait songeur l’énorme pont défendu par le fort des Tourelles, la plus redoutable bastille des Anglais.
Était-ce là que, demain, s’affronteraient hommes d’armes et archers pour libérer la ville d’Orléans dont les Anglais occupaient les forts extérieurs ?
Soudain, Loïs tressaillit. Toute menue sous son armure de guerre, une ombre se dressait non loin de lui sur les créneaux, insoucieuse des flèches anglaises.
La jeune fille était seule, et Loïs, qui l’aurait reconnue entre mille, la regardait s’approcher en retenant son souffle. Tout à coup, il l’entendit soupirer tout haut tandis que ses yeux se remplissaient de larmes :
« Las ! las ! mon doux Seigneur, faudra-t-il donc ici combattre et verser le sang chrétien ? Ces hommes n’entendront-ils donc pas votre voix ? Ah ! si je pouvais trouver messager capable de toucher leur cœur !
— J’irai, moi, si vous voulez… »
Sortant brusquement de sa cachette, l’enfant venait de mettre un genou en terre devant Jeanne d’Arc, la jeune Lorraine.
« Toi, petit ? Mais