Jean, qu’on devait plus tard surnommer Chrysostome (bouche d’or) à cause de son éloquence, naquit à Antioche, en l’an 344. Il se tourna d’abord vers le barreau, puis se sentit attiré vers une vie religieuse plus intense : il se serait même fait moine s’il n’avait eu peur d’abandonner sa mère veuve. À la mort de celle-ci, il mena, dans les montagnes voisines, quatre ans la vie cénobitique et deux ans la vie d’anachorète. Le résultat de cet essai fut la ruine complète de sa santé. Revenu à Antioche, il fut ordonné prêtre et commença ses prédications avec un succès considérable. On le nomma évêque de Constantinople. Il se mit alors à blâmer avec force la vie licencieuse des grands ; il ne craignit même pas de s’en prendre à l’impératrice Eudoxie, un jour qu’elle s’était emparée de l’argent de la veuve Callitrope et du champ d’une autre veuve. Cette audace lui valut l’exil. Le peuple s’étant soulevé pour protester contre son départ, on le rappela. Mais un nouveau blâme contre les fêtes d’allure païenne qu’on célébrait devant la statue d’Eudoxie, lui attira un second bannissement. Son lieu d’exil fut changé par trois fois. C’est pendant le dernier transfert, exécuté d’une façon particulièrement brutale, qu’il mourut près de Comane, en 407. Tous admirent le nombre, la piété et la splendeur de ses sermons et de ses autres écrits. Pie X l’a déclaré Docteur de l’Église et patron céleste des prédicateurs. Qu’on juge de son audace par ce début d’homélie, où, parlant de l’impératrice Eudoxie, il s’écriait : « Hérodiade est encore furieuse ; elle recommence à danser, et demande encore une fois la tête de Jean. »


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