Sainte Marthe, Vierge

Ouvrage : Le Saint du Jour | Auteur : Berthet, Abbé Henri

Marthe habi­tait, avec sa sœur Marie et son frère Lazare, la bour­gade de Bétha­nie, située sur le ver­sant orien­tal du Mont des Oli­viers, entre Jéru­sa­lem et Jéri­cho. Tous trois, semble-t-il, étaient d’une condi­tion aisée. Jésus, qui les hono­rait de son ami­tié, s’ar­rê­tait volon­tiers sous leur toit, pour se repo­ser de ses courses apos­to­liques. Et Marthe s’oc­cu­pait à le ser­vir… Au moment de la résur­rec­tion de Lazare, c’est elle qui dit à Jésus « Sei­gneur, il sent déjà mau­vais : il est mort depuis quatre jours. » D’a­près les tra­di­tions pro­ven­çales, rap­por­tées aujourd’­hui par le Bré­viaire, Marthe, son frère, sa sœur et d’autres chré­tiens furent arrê­tés par les Juifs après l’As­cen­sion du Sau­veur et livrés à la fureur des flots sur une barque sans voiles ni rames ; mais la main de Dieu les diri­gea et les condui­sit tous sains et saufs à Mar­seille. « Marthe, dit le Bré­viaire, se reti­ra dans un lieu soli­taire en com­pa­gnie de quelques femmes d’une haute ver­tu, elle y vécut de longues années avec une grande répu­ta­tion de pié­té et de pru­dence. » Les tra­di­tions pro­ven­çales pré­cisent qu’elle évan­gé­li­sa les bords du Rhône, déli­vra la région d’un monstre auquel on don­nait le nom de Tarasque et ter­mi­na ses jours dans la péni­tence au lieu qui, plus tard, fut appe­lé Tarascon.

L’é­van­gile d’au­jourd’­hui rap­porte la scène où Marthe, affai­rée aux soins mul­tiples du ser­vice et mécon­tente de voir sa sœur tran­quille­ment assise aux pieds de Jésus, s’at­ti­ra cette réponse du Maître : « Marie a choi­si la meilleure part. » On a vu sou­vent dans cette parole l’af­fir­ma­tion de la supé­rio­ri­té de la vie contem­pla­tive sur la vie active. Des com­men­ta­teurs font remar­quer : « C’est là dépas­ser le texte de l’É­van­gile : ce ne sont pas deux états de vie qui sont ici com­pa­rés et oppo­sés, mais seule­ment le recueille­ment d’une âme atten­tive à la parole de Dieu et la dis­per­sion d’une autre, tiraillée en divers sens par trop de sou­cis1. » Il semble dif­fi­cile, dans notre monde d’i­ci-bas, de com­pa­rer les mérites res­pec­tifs de la vie contem­pla­tive et de la vie active, lorsque cette der­nière, au lieu d’être une simple agi­ta­tion, est vrai­ment péné­trée d’es­prit sur­na­tu­rel. Mais ce que Jésus ne veut pas, c’est que les actifs blâment les contem­pla­tifs, c’est que Marthe blâme Marie.

  1. Valen­sin-Huby, Évan­gile selon saint Luc, p. 208. ↩︎

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