V
Saint Amand
Aucun saint du VIIe siècle ne fut un plus grand voyageur que saint Amand : il portait le Christ aux Slaves, jusqu’au sud du Danube ; il le portait aux Basques des Pyrénées ; mais il fut surtout l’apôtre de la Belgique.
Fils d’une noble famille d’Aquitaine, on l’avait vu, tout jeune, mener à Tours, auprès de la Basilique, une vie de moine, et puis, à Bourges, une vie de reclus. Sa piété, aux alentours de 620, — il avait alors une trentaine d’années, — le poussa vers la Ville Éternelle : il voulait voir la tombe de l’apôtre Pierre, et ce fut là qu’il se sentit la vocation de missionnaire.
La bourgade d’Elnone, sur la Scarpe, actuellement Saint-Amand-les-Eaux, fut le siège du monastère qui devint son quartier général. De là, par la Scarpe et l’Escaut, ses moines pouvaient descendre en barque jusqu’à la mer ; à proximité, passaient les grandes routes romaines. À pied, en barque, la prédication du Christ dans les vallées de l’Escaut et de la Lys voyait s’ouvrir devant elle des voies faciles ; et le pays de Gand, dix années avant que saint Éloi ne s’en occupât, entendait la parole de saint Amand. Il recrutait des moines comme il pouvait ; il en trouvait parmi les captifs de guerre, ou parmi les esclaves que des marchands amenaient en Gaule. Ces moines visaient surtout à faire des baptêmes par grandes masses ; l’éducation chrétienne viendrait ensuite. Dès qu’on obtenait d’une population qu’elle renversât elle-même ses idoles, on sentait que le Christ avait déjà fait un grand pas, le terrain pour lui était devenu libre.
Les bords de la Meuse, après ceux de l’Escaut, entendaient la parole de saint Amand ; trois ans durant, il parcourait le diocèse de Maestricht, et en devint évêque.