Il n’est pas de siège épiscopal au monde qui ait eu de plus mauvais évêques que Constantinople. Est-il besoin de rappeler Nestorius, Eutychès, Macédonius — autant d’hérésiarques — Eusèbe de Nicomédie, Photius, Cérulaire ? Ceux qui ont été des saints, Chrysostome, Flavien, ont été inévitablement persécutés. Saint Tryphon, dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire, était un humble moine que l’on arracha de son monastère pour l’élever sur ce « cap des tempêtes ». Étant vertueux, il devait déplaire à la cour. Mais on n’avait rien de sérieux à mettre en avant contre lui. Voici la manière dont on s’y prit pour l’écarter. Un évêque courtisan, Théophane de Césarée, vint le trouver et lui tint ce propos : « L’empereur cherche votre ruine, mais ne sait de quoi vous accuser. On lui a fait entendre que vous étiez d’une ignorance à ne pas même savoir écrire. Venez demain au conseil et prouvez le contraire à tous vos détracteurs. » Tryphon se rendit le lendemain au palais : « Tracez-nous, lui dit-on, vos nom et qualité sur cette feuille de papier. » Il le fit de sa plus belle main. La feuille fut immédiatement remise à l’empereur, qui écrivit à son tour : « Moi, soussigné, me reconnais indigne d’occuper le siège de Constantinople ». Le tour était joué. Ceci se passait en 945. On présenta un successeur, mais Rome refusa de le reconnaître tant que saint Tryphon serait vivant. Saint Tryphon termina ses jours dans un monastère [1].
- [1] Les Petits Bollandistes.↩


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