Le futur saint Grégoire le Grand, au temps où il n’était que simple Abbé de Saint-André de Rome, avait été ému de compassion en voyant un jour vendre comme esclaves de beaux jeunes gens arrivés du Nord, au visage régulier, au teint clair et brillant : « Angles et païens, s’était-il écrié, ils ont un visage d’anges, il faut qu’ils deviennent cohéritiers des anges du ciel. » Déchirée par des révolutions sanglantes après l’invasion saxonne, infectée de pélagianisme, l’Angleterre, en cette fin du VIe siècle, avait vu disparaître à peu près toute trace de foi chrétienne. Désireux d’évangéliser ces terres lointaines, Grégoire était parti en cachette, mais le peuple de Rome intervint auprès du Pape pour le faire revenir. Élu pape lui-même deux ans plus tard, Grégoire n’oublia point son projet. Il choisit Augustin, prieur de son ancien monastère de Saint-André et l’envoya, en compagnie de quarante moines, convertir l’Angleterre. Bien reçu par le roi Ethelbert, Augustin s’établit à Cantorbéry. Sa parole et son exemple obtinrent bientôt de nombreuses conversions, dont celle du roi lui-même. Conformément aux instructions du Pape, Augustin devait se faire sacrer évêque. Il partit pour Arles, où l’évêque Virgile lui donna la consécration épiscopale le 16 novembre 597. À son retour, il put baptiser, le jour de Noël, jusqu’à dix mille Saxons. En 601, saint Grégoire lui envoya de nouveaux auxiliaires avec des reliques, des vases sacrés, des livres et une lettre le nommant primat d’Angleterre. Augustin voulut alors agir auprès des anciens Bretons, depuis longtemps en désaccord avec l’Église romaine sur plusieurs points de liturgie ; mais il n’obtint aucun résultat. Il se contenta donc de s’établir solidement dans la région nouvellement convertie. Après avoir créé les deux nouveaux sièges de Rochester et de Londres, et choisi son successeur, il mourut le 26 mai 604.
Saint Augustin, Évêque de Cantorbéry
Ouvrage : Le Saint du Jour | Auteur : Berthet, Abbé Henri


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