Notre-Dame de La Vang

| Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 8 minutes

Notre Dame de La-vang : origine du Pèlerinage

La-vang est situé au milieu de la jungle viet­na­mienne, à quelques kilo­mètres de la cita­delle de Quang-tri et de la flo­ris­sante chré­tien­té de Co-vuu.

Récit pour les enfants des apparitions de ND de LaVangLa tra­di­tion rap­porte que, il y a envi­ron cent ans[1], des chré­tiens de Co-vuu, fuyant la per­sé­cu­tion, vinrent se réfu­gier en ce lieu alors entou­ré d’une grande forêt ; ces braves gens étaient très pieux. Tous les soirs, ils se réunis­saient dans la pauvre chau­mière qui leur ser­vait d’o­ra­toire, et là, devant une gros­sière image de la sainte Vierge, ils priaient avec fer­veur. Deman­daient-ils à la mère de Dieu la ces­sa­tion de la peste, du cho­lé­ra, fléaux si fré­quents en Annam ? La sup­pliaient-ils de les pré­ser­ver des tigres si nom­breux dans la forêt ? Ou plu­tôt de faire jouir leur pays de la paix religieuse ?

Un soir, au moment où ils se reti­raient, une dame d’une beau­té ravis­sante leur appa­rut ; elle était vêtue de blanc et entou­rée de lumière ; deux char­mants enfants, por­tant cha­cun un flam­beau, se tenaient près d’elle. La dame pas­sa et repas­sa plu­sieurs fois devant les chré­tiens ravis, ses pieds tou­chant le sol comme pour en prendre pos­ses­sion puis elle s’ar­rê­ta, et d’une voix très douce, pro­non­ça ces paroles que tout le monde enten­dit et que la tra­di­tion a pieu­se­ment gardées :

« Mes enfants, ce que vous m’a­vez deman­dé, je vous l’ac­corde, et désor­mais tous ceux qui vien­dront ici me prier, je les exaucerai. »

Ayant ain­si par­lé, elle dis­pa­rut, et après elle la lumière qui l’entourait.

Grâces

Ce que la sainte Vierge avait pro­mis, elle l’ac­com­plit. Au récit des grâces nom­breuses qu’elle répan­dait dans son humble sanc­tuaire de La-vang, les pèle­rins accou­rurent, des envi­rons d’a­bord, puis de contrées plus éloi­gnées, et le culte de Notre Dame de La-vang n’a ces­sé de gran­dir. Par­mi les grâces qu’elle répand, il en est une qu’elle se plaît à accor­der plus fré­quem­ment que toute autre : celle d’a­voir des enfants.

En Annam, comme autre­fois en Judée, une union sté­rile est consi­dé­rée comme un vrai mal­heur. Les époux anna­mites se parent avec fier­té d’une nom­breuse famille. Par­mi les faits nom­breux que l’on pour­rait rap­por­ter dans cet ordre d’i­dées, nous en choi­sis­sons un seul, mais il est bien touchant :

Il y a quatre ans, quelques familles d’un vil­lage païen, voi­sin de La-vang, deman­dèrent le baptême.

Notre-Dame de La Vang exauce les VietnamiensPar­mi les nou­veaux chré­tiens se trou­vaient deux époux sans enfant. Ayant enten­du par­ler de Notre Dame de La-vang [2], ils étaient accou­rus à son sanc­tuaire, lui offrant de modestes pré­sents, et lui consa­crant d’a­vance l’en­fant qu’ils lui deman­daient. L’an­née sui­vante la jeune épouse mit au monde un beau gar­çon plein de vie. Deux années s’é­cou­lèrent pen­dant les­quelles les heu­reux parents ne ces­sèrent de remer­cier la sainte Vierge.

Puis la per­sé­cu­tion sur­vint. Dans toute la pro­vince de Quang-tri des chré­tiens furent arrê­tés, frap­pés du rotin, exi­lés. Ceux qui étaient encore jeunes dans la foi sen­tirent leurs cœurs défaillir, et un cer­tain nombre apostasièrent.

Dans le jeune ménage dont nous par­lons, la lutte fut vive. Le mari dit son inten­tion d’a­po­sta­sier de bouche seule­ment, la femme résiste et dis­cute ; le mari insiste, puis menace ; la femme prend alors leur enfant dans les bras et le ten­dant à son mari, lui dit avec un accent indigné :

« Puisque tu n’as de cœur que pour renier Dieu, apos­ta­sie, lâche, j’y consens, mais aupa­ra­vant, rap­porte cet enfant à La-vang. La sainte Vierge l’a mis en dépôt chez nous, parce que nous lui avons pro­mis de vivre et de mou­rir en bons chré­tiens. Puisque tu ne veux pas tenir tes enga­ge­ments, rends l’enfant. »

Le mari rou­git, bais­sa la tête et demeu­ra fidèle à sa foi.

La sainte Vierge accorde encore d’autres grâces.

tiger du Vietnam estampeDans le ter­ri­toire de La-vang, le tigre non seule­ment n’a jamais péné­tré depuis l’ de la belle Dame, mais encore n’a fait aucune vic­time par­mi les chré­tiens ou les dévots de La-vang. Cepen­dant les envi­rons en sont infes­tés, et il n’est pas rare de ren­con­trer le ter­rible ani­mal en tra­ver­sant la forêt : une seule invo­ca­tion à Notre Dame de La-vang le met en fuite. On cite des faits nom­breux à l’ap­pui de cette affir­ma­tion générale.

Nous ne devons donc point nous éton­ner que les chré­tiens de La-vang soient demeu­rés fidèles à la sainte Vierge, mal­gré les per­sé­cu­tions, mal­gré la ruine de leur cher sanc­tuaire, détruit par les païens en 1885. Après la tour­mente, les PP. Bon­nand et Pati­nier firent un appel au cœur des chré­tiens échap­pés à la per­sé­cu­tion, et la jolie cha­pelle que l’on bénis­sait le 8 août témoigne que les enfants répon­dirent géné­reu­se­ment à leurs Pères.

Pèlerinage du 8 août[3]

Dès la veille du grand jour, de nom­breuses cara­vanes de pèle­rins rem­plis­saient Co-vuu d’a­ni­ma­tion et de pit­to­resque ; les mai­sons étaient prises d’as­saut ; le fleuve qui baigne la cita­delle de Quang-tri offrait l’as­pect d’une ville flot­tante, tant était grand le nombre des embar­ca­tions qui y étaient ran­gées. A la nuit, les fêtes com­men­cèrent par des réjouis­sances : explo­sions de pétards, illu­mi­na­tions, danses. Ne vous scan­da­li­sez pas ; les dan­seurs étaient des enfants vêtus de blanc, por­tant un flam­beau dans chaque main, chan­tant des can­tiques, et décri­vant avec un ordre et une pré­ci­sion admi­rables : croix, mono­grammes de Jésus et de Marie, figures géo­mé­triques et carac­tères chi­nois. Quelle pres­tesse, quelle légè­re­té dans leurs mou­ve­ments ! Au milieu de la nuit le coup d’œil était ravis­sant et volon­tiers on aurait pro­lon­gé le spec­tacle ; mais il fal­lait son­ger au repos.

Histoire pour les enfants : Nd de Lavang Vietnam

Bien avant l’aube on son­na le réveil, afin d’or­ga­ni­ser la pro­ces­sion. Il y avait là cent chré­tien­tés avec leurs dra­peaux et leurs ori­flammes : cha­cune d’elles devait prendre sa place mar­quée dans le cor­tège. Quand le soleil se leva, la pro­ces­sion était en marche sur une éten­due de près d’une lieue, et vrai­ment mer­veilleuse à contem­pler. Un mur­mure très har­mo­nieux rem­plis­sait l’at­mo­sphère ; c’é­tait le chant des prières, car en Annam toute prière est un chant.

Mgr Cas­par est venu de Huê ; il est entou­ré d’un cler­gé nom­breux, pré­cé­dé des sémi­na­ristes de la mis­sion. Et c’est au milieu des prêtres qu’est por­tée la sta­tue de la sainte Vierge.

Nous voi­ci à La-vang ; mis­sion­naires, prêtres indi­gènes, sémi­na­ristes acclament trois fois Marie : Lau­date Mariam ! Puis Mon­sei­gneur bénit l’é­glise. Les pèle­rins suivent la céré­mo­nie dans la langue uni­ver­selle de l’É­glise, le latin, avec une émo­tion visible.

Église de Lavang bénite par Mgr Caspar en 1901

Notre Dame prend enfin pos­ses­sion de sa nou­velle demeure. Au chant du Te Deum elle est pla­cée sur son trône, der­rière l’au­tel. Les Anna­mites mêlent leurs prières au chant des prêtres ; ils sont dans le plus grand enthou­siasme, ce qui ne les empêche pas d’é­cou­ter avec recueille­ment, quelques ins­tants après, l’é­lo­quent ser­mon du P. Patinier.

Après le dis­cours, nous eûmes grand’­messe une mer­veille chan­tée par plus de cent exé­cu­tants diri­gés par le P. Izarn, supé­rieur du grand sémi­naire. La béné­dic­tion pon­ti­fi­cale ache­va cette belle fête. Néan­moins, avant le départ, on se réunit encore une fois dans le nou­veau sanc­tuaire, et dans le chant du Salve Regi­na on dit à Marie adieu et au revoir.

Les Livres saints nous montrent un lion rugis­sant tour­nant autour des âmes pour les dévo­rer. En Annam, le lion doit être un tigre. La Vierge qui pro­tège ses enfants contre le tigre des forêts sau­ra bien les gar­der aus­si de l’autre tigre, autre­ment redou­table, si nous lui disons avec grande foi et amour :

Notre Dame de La-vang, don­nez-nous beau­coup d’âmes pour Jésus-Christ.
Notre Dame de La-vang, priez pour nous.

Statue de Notre Dame de Lavang

Source : Mis­sions étran­gères de Paris

  1. [1] Note : Ce texte date de 1901. Les appa­ri­tions dont il est ques­tion ici ont eu lieu vers 1798
  2. [2] Notre Dame de La-vang, Đức Mẹ La Vang en viet­na­mien
  3. [3] en 1901

3 Commentaires

  1. , a dit :

    Je vous remer­cie de nous faire par­ta­ger cette belle appa­ri­tion de maman Marie au Vietnam..

    16 octobre 2017
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    • Le Raconteur a dit :

      Oui, j’ai une affec­tion toute par­ti­cu­lière pour ND de Lavang car j’y suis allé en pèlerinage.
      C’est émou­vant de décou­vrir ce lieu marial au coeur de la forêt viet­na­mienne, avec les marques qu’ont subies les chré­tiens de ce beau pays.

      ND de Lavang, priez pour nous !

      21 octobre 2017
      Répondre
  2. Bénédicte,la fille du raconteur a dit :

    Sta­tue et his­toire magni­fique. Mer­ci au « raconteur ».

    3 mai 2020
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