Marie, Porte du Ciel

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Temps de lec­ture : 8 minutes

Conte chrétien

Ce soir-là, lorsque Jésus pas­sa par­mi les élus, tout heu­reux de saluer leur Sau­veur, il sem­blait quelque peu pré­oc­cu­pé ; il répon­dait aux saluts avec son sou­rire radieux, mais demeu­rait pen­sif, car il avait aper­çu, au milieu des bien­heu­reux, quelques per­sonnes — et même un bon nombre — qui le frap­paient par leur com­por­te­ment. Ils parais­saient com­plexés, on aurait dit qu’ils dési­raient pas­ser inaper­çus, et leur regard était inquiet, presque fuyant, ce qui est contraire à l’am­biance de confiance qui règne au .

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De toute manière, après deux ou trois jours, grâce à la grande fra­ter­ni­té qui existe dans la Mai­son du Père, ils chan­geaient com­plè­te­ment, se sen­taient à leur aise, à l’u­nis­son avec les autres, avec la même joie et la grande paix qui se reflé­taient sur leur visage. Com­ment expli­quer ce phé­no­mène ? Y aurait-il une négli­gence de  ? Son âge avan­cé, la rou­tine, et en par­ti­cu­lier sa grande confiance a peut-être per­mis que son contrôle se relâche. Il était donc néces­saire d’exi­ger du Por­tier du Ciel une meilleure vigilance.

Avec la rapi­di­té de l’é­clair, le Sei­gneur alla voir saint Pierre, qui était tran­quille­ment assis dans son fau­teuil, à côté de la porte. Jésus, lui adres­sa ces paroles, presque de reproche :

« Mon bon Saint Pierre, je ne mets pas en doute ta bonne volon­té et ta conscience pro­fes­sion­nelle, mais il me semble qu’a­vec le temps, bien qu’au Para­dis mille ans sont comme un jour, ta vigi­lance a pu s’af­fai­blir ; et que, pro­fi­tant d’un ins­tant d’i­nat­ten­tion lorsque tu révises le Livre de Vie, « on te fait pas­ser du lard pour du cochon », comme on dit à Marseille »

Réagis­sant avec sa spon­ta­néi­té habi­tuelle, et cepen­dant avec un très grand res­pect, Pierre répondit :

Conte pour les enfants du caté : Saint Pierre et les clées du paradis

« Par­don Sei­gneur, mais je ne com­prends pas ; cela est impos­sible, car je passe ma vie à la porte du Ciel, comme une sen­ti­nelle, tou­jours en éveil, et mal­gré mon âge avan­cé, rien n’é­chappe à mon regard de pêcheur. Croyez-moi, mon bon Sei­gneur, je ne suis pas cou­pable, car je suis, à mon poste, inexo­rable, et per­sonne n’ar­rive à Bon Port, sans son requis pas­se­port. Mais, oh ! Divin Sei­gneur, si vous pen­sez que je ne suis pas apte à ce poste de haute confiance, je remets entre vos mains ma démission ».

Il est vrai qu’à une cer­taine occa­sion, il ne s’é­tait pas mon­tré très cou­ra­geux, mais pour­quoi le rap­pe­ler ?… C’est bien connu, cepen­dant, à la fin de sa vie, il a vou­lu être cru­ci­fié la tête en bas, mon­trant un héroïsme qui com­pen­sa mille fois sa lâcheté.

« Mon Bon Pierre, je ne peux vrai­ment pas l’ac­cep­ter ; car mes paroles sont gra­vées dans l’É­van­gile. « Je te don­ne­rai les clés du Royaume du Ciel et tout ce que tu lie­ras sur la terre, sera lié dans les Cieux ; et tout ce que tu délie­ras sur la terre, sera délié dans les Cieux ». Com­ment puis-je reve­nir sur ma parole ?

Tu sais bien que Dieu est fidèle et ne retire pas ses dons. De toute manière, il se passe quelque chose d’a­nor­mal… Tiens, par exemple, regarde en bas, ces gens-là, ne te frappent pas ? »

« Oh ! Divin Sei­gneur, je peux vous assu­rer que je ne m’ex­plique pas la pré­sence de ces indi­vi­dus ici, ils ne sont sûre­ment pas sur ma liste, en véri­té ils ne sont pas de notre bande, et sans aucun doute, ils me font contre­bande, mais je te pro­mets, bon Sei­gneur ; de tout mettre en action, et sous peu d’at­tra­per le cou­pable, qui per­met sem­blable tra­hi­son, sans quoi, la dou­leur dans l’âme, j’ac­cep­te­rai, Sei­gneur, le blâme ».

« Il ne s’a­git pas de cela, Pierre, je te demande seule­ment d’être plus atten­tif ! Au revoir ; à demain ! »

Cette conver­sa­tion lais­sa Pierre fort inquiet. Très soi­gneu­se­ment, Pierre mit double ver­rou à toutes les ser­rures et quand il se fut bien assu­ré qu’il n’y avait plus d’ou­ver­ture, par où une âme pou­vait péné­trer, la nuit com­men­çant à tom­ber, il s’en­dor­mit le cœur léger.

Brus­que­ment, il sur­sau­ta, Qu’est-ce qui peut faire peur à un homme endur­ci par les tra­vaux et les périls de la vie ? Sans savoir ni quand ni com­ment, il a vu de ses yeux ces drôles de gens s’in­fil­trer au Ciel tranquillement.

Une fois pas­sé cette grande émo­tion, Pierre se domi­na, et se cares­sant dou­ce­ment la barbe, avec un léger sou­rire sur les lèvres, s’in­cli­na dis­crè­te­ment der­rière un pilier de marbre, pour mieux regar­der un spec­tacle réel­le­ment inédit au Paradis.

Assise sur un cré­neau de la haute muraille, une sil­houette fémi­nine, entou­rée d’un halo de lumière, d’une beau­té indes­crip­tible, qui ne lais­sait aucun doute sur son iden­ti­té de Mère de Dieu, était là, sou­te­nant avec grâce et force, une croix de laquelle pen­dait une longue chaîne for­mée de 50 perles de cristal.

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À cette chaîne, s’ac­cro­chait une mul­ti­tude de per­sonnes qui s’ap­pli­quaient à mon­ter par là. À chaque dizaine de perles, il y en avait une plus grande que les autres, d’un cris­tal plus pur encore qui ser­vait de repos à ceux qui mon­taient par la chaîne ; et ain­si, de dizaine en dizaine, ceux à qui Pierre avait refu­sé l’en­trée, pas­saient au Para­dis grâce au cha­pe­let et c’est la Vierge qui les introduisait.

Ayant obser­vé sans être vu, tous les détails de l’o­pé­ra­tion, Pierre se reti­ra, satis­fait, et dis­si­mu­lant avec peine un sou­rire, il alla rendre compte au Sei­gneur, de ce dont il avait été témoin.

« Si mon bon Sei­gneur désire connaître le ou la res­pon­sable de cette situa­tion, je vous demande, s’il vous plaît, de me suivre sans bruit et d’ou­vrir bien vos yeux et vos oreilles, en essayant de dis­si­mu­ler un peu la radia­tion lumi­neuse qui émane de votre Per­sonne et qui pour­rait tra­hir votre présence. »

Accep­tant de bon cœur, le Sei­gneur sui­vit Pierre et, par l’ou­ver­ture d’une fenêtre, obser­va avec atten­tion la scène, pas­sant de sur­prise en surprise.

Et quel spec­tacle admi­rable ! Hors de l’en­ceinte étaient res­tées de nom­breuses âmes à qui Pierre, inexo­rable, avait refu­sé de sa porte l’en­trée, pour ne pas avoir pré­sen­té le pas­se­port inté­gral et com­plet. Et ces âmes si tristes sou­pi­raient en si amers gémis­se­ments et plaintes de si grande mélan­co­lie, que la Vierge Marie, pleine de com­pas­sion, sans pou­voir sup­por­ter qu’en vain tous ces gens aillent l’im­plo­rer, d’un seul élan se pré­ci­pi­ta au som­met des murs célestes. Et là, sachant que de nuit tous les chats sont gris, un par un, elle his­sait ses petits pro­té­gés pleins de joie au Para­dis. Ils fai­saient ain­si, grâce à la Vierge Marie, contre­bande au Portier.

Quand le Sei­gneur eut consta­té sur le vif l’in­frac­tion, Pierre lui dit d’une voix triomphale :

« Je m’i­ma­gine, mon bon Sei­gneur, que vous allez main­te­nant lui faire une remontrance… »

« Pierre, mon fidèle Pierre, que puis-je faire ? C’est Elle qui m’a don­né la vie, qui m’a éle­vé, qui m’a nour­ri, qui m’a accom­pa­gné jus­qu’à la Croix ! En plus, tout le monde — et Moi, le pre­mier — l’ap­pelle Mère de Misé­ri­corde. Et peut-être en cela ai-je aus­si une part de culpa­bi­li­té. Pierre, s’il te plaît, je te demande main­te­nant la plus grande dis­cré­tion sur toute cette his­toire. N’en par­lons à per­sonne, ni même à ton ami, mon dis­ciple pré­fé­ré Jean, car en sachant qu’on peut entrer par contre­bande au Para­dis, beau­coup abu­se­raient de ma bonté ».

Extrait du Livret du pèle­rin de Chartres
Notre-Dame de Chrétienté

Vous pou­vez encore par­ti­ci­per aux pèle­ri­nages de la Pen­te­côte : http://www.nd-chretiente.com/

Ou https://www.pelerinagesdetradition.com/

La Récitation du chapelet est le meilleur chemin pour le paradis

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