Catégorie : <span>2 *** LES AUTEURS ***</span>

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : À la découverte de la liturgie avec Bernard et Colette .

Temps de lec­ture : 11 minutes

Chapitre XIV :

Cha­cun sait que Colette est réa­li­sa­trice. Dans cette attende de l’or­di­na­tion d’Y­von, elle forme cin­quante pro­jets d’a­pos­to­lats. Un beau jour, elle entre­prend d’y asso­cier les petites filles de l’é­cole chré­tienne, libres de leur temps, puisque, pour elles aus­si, la période du grand congé est commencée.

Munie de toutes les per­mis­sions vou­lues, Colette, aidée d’An­nie, orga­nise sous les mar­ron­niers une salle d’é­tude cham­pêtre. Les gar­çons ont appor­té les bancs de l’é­cole et fabri­qué, avec des planches et des tré­teaux, une table sur laquelle s’é­talent, en minia­ture, les objets néces­saires à la messe.

Yvon, tout enfant, rêvait déjà d’être . Il pos­sé­dait un petit autel et tout l’en­semble des objets litur­giques. Ces tré­sors ont pas­sé entre les mains de Colette, si bien que, fai­sant miroi­ter un minus­cule, mais très joli doré, elle demande aux petites éco­lières grou­pées autour d’elle :
 — Qui me dira ce que c’est que ceci ?

Les réponses sont una­nimes : Un ciboire, un ciboire !

— Bon ! Mais quelle dif­fé­rence y a‑t-il avec cet autre objet ?

— Ça, c’est un autre ciboire.

— Non, inter­rompt une petite bru­nette dont les yeux brillent comme du jais ; pas du tout, c’est un .

— Qui m’ex­plique la dif­fé­rence ? conti­nue le pro­fes­seur improvisé.

— Moi ! moi !

— Ne criez pas toutes à la fois. Allons, Anna, toute ta fri­mousse parle d’a­vance : dis-nous ce que tu sais.

Vases sacrés et ornements liturgiques - Le ciboire est un vase précieux
Le ciboire est un vase précieux

Anna perd un ins­tant conte­nance ; être inter­pel­lé, c’est tou­jours une émo­tion. Puis, bravement :
 — Le ciboire est un vase pré­cieux, dont l’in­té­rieur doit être doré pour rece­voir les saintes Espèces, c’est-à-dire les Hos­ties consacrées.

— Par­fais. Et le calice ?

— Le calice, c’est tout dif­fé­rent. Il ne sert qu’à la Messe. Le prêtre verse dedans le vin qui, à la Consé­cra­tion, devien­dra le Sang de Notre-Sei­gneur. Pour com­mu­nier, le prêtre boit dans le calice, et, à la fin de la Messe, il le puri­fie et l’es­suie soi­gneu­se­ment avec le purificatoire.

— Bra­vo, petite Anna ! tu parles comme un livre.

Anna se ras­sied rou­gis­sante, et 

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Temps de lec­ture : 15 minutes

Chapitre XIII

Joies et épreuves se suivent vite dans la vie.

Les col­lé­giens étaient à peine ren­trés, la pen­sée encore toute occu­pée du de Jean­nette, qu’une nou­velle très inquié­tante leur parvenait.

A quelques semaines de son ordi­na­tion, au sémi­naire de Rome, Yvon était gra­ve­ment malade. Tout fai­sait craindre une fièvre typhoïde extrê­me­ment violente.

Colette est consternée.

— Si Yvon allait mou­rir avant d’être  ? dit-elle à M. le curé, qu’on est allé trou­ver bien vite, avec maman, pour lui deman­der des prières.

— Allons, allons ! ne met­tons pas tout au pire ! Une fièvre typhoïde, ça se soigne, voyons ! La grosse peine de cet enfant, c’est de voir retar­der son ordi­na­tion. Mais aus­si, l’heure venue, il sera d’au­tant plus heu­reux qu’il l’au­ra payée plus cher,… le Bon Dieu a ses vues, voyez-vous ! Fai­sons-lui confiance, et tout ira bien. Je dirai ma messe demain pour notre pauvre malade. Et puis, je vais mettre les enfants de l’é­cole en prière. Vous ver­rez que nous serons exau­cés. Tenez-moi bien au cou­rant, surtout !

En ren­trant à la mai­son, Colette confie à sa mère :
 — M. le curé est un vrai saint. Je crois qu’il va obte­nir du Bon Dieu tout ce qu’il voudra.

Colette ne croyait pas si bien dire, car, après de véri­tables angoisses, Yvon ayant été mou­rant, on apprit enfin par tante Jeanne, qui l’a­vait immé­dia­te­ment rejoint à Rome, que la conva­les­cence com­men­çait. Le doc­teur ordon­nait de trans­por­ter le malade à la cam­pagne, dès qu’il pour­rait sup­por­ter le voyage, et, bien enten­du, c’est dans l’hos­pi­ta­lière mai­son fami­liale qu’on l’attend.

On devine le branle-bas. Pier­rot déniche au gre­nier une antique chaise-longue ; Colette crève de vieux oreillers pour les trans­for­mer en cous­sins. La plume vole un peu par­tout, et Maria­nick pousse des sou­pirs à gon­fler une voile de bateau ; mais, après tout, c’est pour Yvon !

Pauvre Yvon ! Quand il débarque, dia­phane et maigre comme un écha­las, ses cou­sins ont bien de la peine à cacher leur sur­prise. Et puis, on le sent si triste. Cette ordi­na­tion remise, et à quand ?

Mais Yvon comp­tait sans son bon curé.

Un beau matin, le vieux prêtre paraît à la grille du jar­din. Il a mar­ché si vite qu’il doit s’é­pon­ger le front avec l’im­mense mou­choir à car­reaux qui fait le bon­heur des enfants. Ses yeux gris, demeu­rés si clairs mal­gré les années, pétillent der­rière les lunettes et cherchent du regard la fameuse chaise-longue sur laquelle Yvon demeure éten­du dehors, tou­jours exces­si­ve­ment faible, silen­cieux et dépri­mé, car il lui semble qu’il ne se remet pas assez vite.

L’ayant décou­vert, le bon curé se hâte, un sou­rire heu­reux épa­nouis­sant sa physionomie.

Yvon le salue d’un geste las.

— C’est comme ça que tu m’ac­cueilles ? Tu res­sembles à un saule pleu­reur cou­ché par la tempête.

— Je ne reprends aucune force, mon­sieur le Curé, et puis, croyez-vous que je sois bien gai ?

— Fichtre non ! tu n’es pas gai. Ça se voit à cent mètres de dis­tance, et c’est jus­te­ment ça que je te reproche. Com­ment prê­che­ras-tu aux autres le cou­rage et l’a­ban­don, quand tu seras prêtre, si c’est tout ce que tu en pos­sèdes ? On ne donne que ce qu’on a, je ne te l’ap­prends pas, pourtant.

— Quand je serai prêtre… Mais c’est cette ordi­na­tion man­quée qui me tour­mente, … vous le savez aus­si bien que moi, mon­sieur le Curé.

— Homme de peu de foi ! Si tu n’a­vais pas été si gra­ve­ment malade, je te semon­ce­rais d’im­por­tance. Écoute-moi donc un peu et prends une autre tête. J’é­tais hier à l’é­vê­ché. Il n’y a pas qu’à toi qu’il arrive de gros sou­cis. Mon­sei­gneur a deux sémi­na­ristes dans ton cas, l’un dans une cli­nique, l’autre avec un grave acci­dent à la jambe. Ils man­que­ront tous les deux l’or­di­na­tion de la Saint-Pierre, et alors…

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Temps de lec­ture : 11 minutes

Chapitre XII


On se sou­vien­dra long­temps, tou­jours sans doute, des jour­nées qui suivirent.

Le bap­tême de Nono, la fer­veur de ce petit, le sérieux de Colette et de Ber­nard, qui, conscients désor­mais de leur rôle de par­rain et mar­raine, le rem­plirent à mer­veille. Puis, sur l’humble petite table de la rou­lotte, repeinte à neuf, un goû­ter dont les gâteaux de Ber­na­dette fai­saient les frais, et des dra­gées de toutes cou­leurs à profusion.

Si bien que Nono, épa­noui de bon­heur, retrou­vait un peu son franc-par­ler et déclarait :
 — La rou­lotte est comme mon âme, elle a fait peau neuve.

Et il ajou­tait, en contem­plant les friandises :
 — Atten­tion ! Pas de gour­man­dise ! Je ne veux plus l’ombre d’une tache dans mon cœur.

Huit jours plus tard, autre fête, non moins émou­vante, non moins belle. Les deux petits gars sont confir­més côte à côte, par­mi beau­coup d’autres, sous les regards atten­dris de leur vieux curé.

Ils suivent la céré­mo­nie avec une atten­tion, une pié­té qui ne laissent aucun doute sur leur compréhension.

Et tout est joie en cette fin de vacances. La veille de la ren­trée, sous la fenêtre de Colette et d’An­nie, Ber­nard, le nez en l’air, fre­donne d’un ton volon­tai­re­ment contenu :

J’aime sur­tout ma Paimpolaise
Qui m’at­tend au pays breton…

Deux têtes paraissent, et deux voix moqueuses disent ensemble :
 — Qu’est-ce qui te prend ? Ber­nard sen­ti­men­tal ! Tu es sûre­ment malade.

Mais Ber­nard conti­nue. Sa voix a des into­na­tions fan­tai­sistes et il redit, avec une mimique roman­tique, la main sur le cœur :

J’aime sur­tout ma Paimpolaise
Qui m’at­tend au pays breton…

Les deux petites n’y tiennent plus. Elles accourent.

— Vas-tu finir cette comé­die ? C’est gro­tesque ! Il ne man­que­rait plus que de t’en­tendre nous annon­cer tes fiançailles.

Ber­nard salue :
 — Moquez-vous, mes­de­moi­selles, moquez-vous. N’empêche que de char­mants jeunes gens s’aiment et que — ici Ber­nard s’ar­rête pour jouir de son effet — et que c’est moi, Ber­nard, qui condui­rai la mariée à l’autel.

Un avion serait tom­bé aux pieds des deux enfants qu’elles n’eussent pas fait une autre tête. Annie se contente de haus­ser les épaules en signe d’in­cré­du­li­té. Colette, que rien ne décon­certe, riposte :
 — Hé bien ! mon vieux Ber­nard, tu n’as qu’à aller prendre des leçons de main­tien chez un pro­fes­seur… parce que, tu sais, avec tes longues jambes et tes longs bras, tu n’as pas pré­ci­sé­ment l’air d’un mon­sieur impor­tant qui conduit un cor­tège de .

— Ta, ta, ta… tout cela c’est de la pure jalou­sie. Vous ver­rez si je serai beau, et bien, et sérieux, quand je condui­rai à l’é­glise la jolie petite Jean­nette, la fille ainée de mon­sieur Jacques.

— C’est Jean­nette qui se marie ? Grand sot ! il fal­lait le dire plus tôt ; et avec qui, s’il vous plaît ?

— Je devrais bien te faire expier tes airs dédai­gneux et t’o­bli­ger à devi­ner, mais je suis bonne bête… Elle épouse Jean-Louis, le fils du vieux garde du châ­teau ; et c’est Mme C. qui lui don­ne­ra le bras pour mon­ter à l’é­glise. Ce sera pour le lun­di de la Pen­te­côte, afin que nous puis­sions être là.

— Alors, pour­quoi n’est-ce pas papa qui 

Auteur : Achard, Eugène | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 22 minutes

L’enchantement était ter­mi­né ; comme s’il eût vou­lu faire com­prendre à ses ado­ra­teurs loin­tains que le moment était venu de retour­ner dans leur pays, le divin Enfant fer­ma les yeux, le nimbe de lumière qui auréo­lait sa tête s’a­dou­cit et, avec un sou­rire, la Vierge mère posa un doigt sur ses lèvres. À ce signal, les anges qui chan­taient encore le can­tique triom­phal, se turent subi­te­ment ; il se fit un grand silence et les trois Mages, se levant, quit­tèrent l’é­table, graves et recueillis.

Adoration des mages, récit pour le cathé de l'Epiphanie

À la porte, ils retrou­vèrent les ber­gers qui se racon­taient de l’un à l’autre, les mer­veilles accom­plies. Ils arri­vèrent au cam­pe­ment où leurs cha­meaux accrou­pis pêle-mêle, par­mi les ser­vi­teurs, se livraient à l’in­sou­ciance du repos. Ins­tinc­ti­ve­ment, ils levèrent leurs yeux vers le ciel : l’é­toile était là, plus brillante que jamais. Cepen­dant un chan­ge­ment s’é­tait opé­ré : tan­dis qu’au pre­mier jour, ses rayons des­cen­daient droits sur l’é­table, ils s’in­cli­naient main­te­nant vers l’O­rient. Les Mages com­prirent sa muette invi­ta­tion et bien­tôt la longue file des cha­meaux capa­ra­çon­nés d’é­toffes aux voyantes cou­leurs, fut prête à prendre le che­min du retour.

Au pas caden­cé des mon­tures, elle défi­la par les rues étroites de Beth­léem. Les Mages revirent le cara­van­sé­rail où ils s’é­taient arrê­tés, le pre­mier jour, en quête de ren­sei­gne­ments ; ils pas­sèrent la syna­gogue devant laquelle, indif­fé­rents aux choses qui venaient de chan­ger la face du monde, des rab­bins dis­cu­taient gra­ve­ment ; ils fran­chirent la porte que gar­dait une cohorte de sol­dats romains et bien­tôt ils retrou­vèrent la cam­pagne sillon­née de troupeaux.

* * *

Et voi­là qu’au moment de s’en­ga­ger sur la route qui mène à Jéru­sa­lem, l’é­toile, par ses rayons obliques, indi­qua net­te­ment la direc­tion du désert, invi­tant les Mages à retour­ner par un autre chemin.

Sans doute avaient-ils pro­mis au roi Hérode de venir lui apprendre où se trou­vait ce roi des Juifs qu’il vou­lait ado­rer à son tour : mais puisque l’é­toile les gui­dait vers une autre route, c’est que Dieu le vou­lait ain­si. Ils sui­virent l’étoile.

Pen­dant les trois jours qu’ils avaient pas­sés au pied de la crèche, ils avaient tout oublié. Per­dus dans l’a­do­ra­tion de l’En­fant divin qui leur souriait,

Auteur : Rougemont, Pierre | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Jour de l’An

« M’dame Michu !

— Quoi ?

— Je vous la sou­haite bonne et heureuse ! »

Bonne et sainte année 2013 ! histoire d'un jeune garçon

La concierge se retourne, bour­rue comme tou­jours, et se trouve en face de Jean Lar­cher, douze ans, la taille bien prise dans son swea­ter de laine blanche, l’œil légè­re­ment coquin sous la che­ve­lure embrous­saillée, et qui la regarde en souriant.

« Bonne et heu­reuse… bonne et heu­reuse… C’est vite dit.

— Dame, vous savez, M’dame Michu, c’est tout ce que je peux vous offrir comme étrennes moi… J’ai pas d’sous.

— Je ne t’en demande pas non plus… Seule­ment, tu me dis que tu me sou­haites une bonne et heu­reuse année… alors, ça me fait pitié, quoi ! »