Des histoires pour l’Épiphanie
Ayant pour thèmes : Épiphanie, Galette, Roi mage
Dans les coffres du roi Melchior
Épiphanie Sa maigre figure de petite fille misérable collée aux barreaux de la grille en bois doré, Azia suit de ses yeux tristes, un peu bridés, le remue-ménage insolite du palais royal. Par toutes les portes, des serviteurs vont, viennent, courent, s’appellent ; dans la cour, d’autres apportent des coffres bardés de fer et des ballots d’étoffes précieuses ; aux écuries, on harnache le dromadaire blanc du roi Melchior et les chameaux de sa suite. Ça ne l’intéresse pas tellement, Azia… mais ça lui passe le temps. Ses journées sont si longues, si longues, depuis qu’elle est toute seule en la grand-ville, pauvrette abandonnée ! Elle était heureuse, voila quelques mois, dans la jolie maison rose aux tentures de soie, pleine de fleurs odorantes et toute chaude de la tendresse d’un papa et d’une maman. Mais une horde venue de l’Occident a détruit la maison rose et emmené captifs le papa et la maman qui faisaient tout son bonheur de petite fille. Où sont-ils à présent ? …
Continuer la lecture…Le Gâteau des Rois
Le sixième jour du mois de janvier 1663, le roi Louis XIV avait convié le ban et l’arrière-ban de ses courtisans à une splendide partie de chasse qu’il donnait, en l’honneur de la fête des rois, dans la forêt de Fontainebleau. Les invités, massés dans la cour d’honneur du château, vêtus de somptueux costumes de velours brodés d’or et d’argent et montés sur de superbes coursiers, attendaient la venue de Sa Majesté en devisant des mille petites histoires de la cour. Soudain, la grande porte du vestibule s’ouvrit à deux battants et l’huissier de service, s’avançant sur le perron, annonça : — Messieurs, le roi ! Aussitôt, toutes les têtes se découvrirent et le silence se fit tandis que le monarque puissant s’approchait de sa monture, la caressait doucement du bout de sa main gantée. Puis, saisissant à poignée la crinière soyeuse du bel animal, il engagea son pied dans l’étrier et s’élança en selle. Mais celle-ci, sans doute mal attachée, tourna sur elle-même, une courroie se rompit …
Continuer la lecture…La leçon de catéchisme
(Conte d’Épiphanie) Un chemin qui monte, monte roide entre de hauts talus couronnés de genêts et d’ajoncs, un chemin tout au plus bon pour les mules, c’est le chemin de Grénefol : un vrai chemin du paradis, qui monte, monte, avec le ciel au bout. Il va tout d’un élan de la borde de Grénefol à l’église de Figueblanche, tout droit, sans le moindre caprice d’école buissonnière, sans le plus innocent jeu de cligne-musette à travers champs. C’est tout au plus s’il se permet de loin en loin un cloche-pied. La borde est au creux de la combe, petit capuchon bleu pointant dans un manteau de bois. Le clocher de l’église, tout en haut de la côte, jette à tous vents le son de ses cloches en plein ciel, et du matin au soir surveille la ronde de son ombre tournante sur la poussinée de maisons qui est autour. Et donc, montant roide de la borde à l’église à vous rompre l’haleine, descendant follement de l’église …
Continuer la lecture…Le Pâtre et les trois Mages
(Légende) L’étoile filait doucement sous le ciel bleu, laissant derrière elle une longue traînée d’or, et les trois rois qui avaient quitté leur palais de marbre au bout du monde, la suivaient anxieusement à travers les monts, et les vallées. Les pages portaient des présents magnifiques : l’or, l’encens et la myrrhe, et des coffrets d’argent ciselé, destinés à l’Enfant-Roi. « Le cimeterre au clair ou la lance sur l’épaule, dit un auteur, leurs gardes les accompagnaient, et derrière chacun d’eux, comme figés dans leurs armures étincelantes, marchaient trois écuyers, l’un portant l’étendard du maître, l’autre son sceptre et le troisième sa couronne, sur laquelle, par instants, les ors et les diamants luisaient comme d’étranges lucioles. » À Jérusalem, l’étoile sans pareille s’éteignit et les trois rois crurent qu’ils étaient arrivés ; mais nul ne connaissait le nouveau Roi. Quelle tristesse ! Hérode et les scribes, obligés de relire la prophétie de la naissance, leur dirent enfin : « Allez à Bethléem ! Et lorsque vous l’aurez trouvé ajouta le farouche Hérode, annoncez-le moi, afin …
Continuer la lecture…Le conte des trois Mages et des trois vertus
Foi, espérance et charité. Comme chaque année, les trois Mages, Gaspard, Balthazar et Melchior, guidés par l’étoile d’Orient qui flambait, plus que jamais, dans la nuit de nos temps, se dirigeaient avec la même ferveur vers la crèche de l’Enfant Roi pour lui offrir leurs traditionnels présents – de l’or, de l’encens et de la myrrhe – lorsque, contre toute habitude, un ange leur apparut en chemin pour leur annoncer que cette fois-ci l’Enfant désirait d’autres cadeaux qui ne lui soient pas destinés à lui, mais aux visiteurs de sa crèche. Les mages furent aussi surpris que troublés et interrogèrent l’Envoyé : Gaspard — Comment ? D’autres cadeaux ? Et pas à LUI ? Pourquoi ? Il n’apprécie plus nos cadeaux ? Il s’est lassé de nous ? L’ange — Non, non, pas du tout, au contraire, mais il s’est peut-être lassé des mêmes cadeaux. De plus, il n’en veut pas pour Lui. Il est venu pour donner et se donner, pas pour recevoir. Balthazar — Mais quels autres cadeaux offrir ? Et à des visiteurs ? Nous sommes déjà en …
Continuer la lecture…Conte de l’Épiphanie
On dit que bien menteurs sont les chasseurs. Ils sont poètes à leur façon, ces grands chevaliers de la nature, et je crois plutôt qu’ils ne mentent point, mais qu’il leur arrive parfois d’exagérer la vérité. Oyez cependant. Souvent, ces soirs d’hiver, quand seul, on se sent si bien chez soi, près d’un bon feu qui flamboie, le vieux curé du village, Deferr, avait l’aubaine de recevoir la visite nocturne de maître chasseur Rossoz. Ce n’était ni un scrupuleux, ni un athée notoire que notre chasseur. De temps à autre, le Bon Dieu devait pourtant se contenter d’une bonne intention en guise de sanctification du dimanche. Cependant, maître Rossoz n’oubliait pas son vieux curé Deferr et les soirées d’hiver, quand la lune n’était pas propice pour l’affût de fin limier goupil, il s’en allait vers le presbytère. Non pas qu’il allât se confesser, car notre chasseur ne sentait le besoin, et pour son corps et pour son âme, de se lessiver …
Continuer la lecture…Le retour des Rois Mages
L’enchantement était terminé ; comme s’il eût voulu faire comprendre à ses adorateurs lointains que le moment était venu de retourner dans leur pays, le divin Enfant ferma les yeux, le nimbe de lumière qui auréolait sa tête s’adoucit et, avec un sourire, la Vierge mère posa un doigt sur ses lèvres. À ce signal, les anges qui chantaient encore le cantique triomphal, se turent subitement ; il se fit un grand silence et les trois Mages, se levant, quittèrent l’étable, graves et recueillis. À la porte, ils retrouvèrent les bergers qui se racontaient de l’un à l’autre, les merveilles accomplies. Ils arrivèrent au campement où leurs chameaux accroupis pêle-mêle, parmi les serviteurs, se livraient à l’insouciance du repos. Instinctivement, ils levèrent leurs yeux vers le ciel : l’étoile était là, plus brillante que jamais. Cependant un changement s’était opéré : tandis qu’au premier jour, ses rayons descendaient droits sur l’étable, ils s’inclinaient maintenant vers l’Orient. Les Mages comprirent sa muette invitation et bientôt la …
Continuer la lecture…Une crèche à la page
Qu’en penses-tu, Michel ? – Qu’en dis-tu, Nicolas ? – Parle aussi, toi, Luc… » Parler ?… Souvent, la chose est aisée aux trois garçons. Aujourd’hui, elle leur semble terriblement difficile : ils voudraient exprimer des choses… des choses qui ne sont pas faciles à dire. Alors, ils se taisent ; ils réfléchissent et concluent seulement : « Il faut que ça finisse ! » *** De mémoire d’homme, il y eût des frottements durs entre les Têtembois-de-la-ville et les Têtembois-de-la-terre. Ceux de la ville éclaboussaient les cousins paysans de leurs toilettes et de leur argent, de leur fin parler, de leur confort et de leur mépris pour cette allure de rustauds endimanchés qu’ils promenaient sur les trottoirs de la ville, les jours de marché. Ceux de la terre se moquaient un brin des cousins citadins qui ne distinguaient pas une poule d’un coq, et pour un peu de boue poussaient des cris de pintade effarouchée ; surtout, ils ne leur pardonnaient pas de compter pour abêtissant leur rude labeur, et de les tenir pour rustres, parce qu’ils …
Continuer la lecture…Le conte des Rois Mages
Les trois rois mages, Balthazar, Melchior et Gaspard, portant l’or, l’encens et la myrrhe, étaient partis à la recherche de l’Enfant Jésus, mais comme ils ne connaissaient pas bien le chemin de Bethléem, ils s’étaient égarés en route et, après avoir traversé une forêt profonde, ils arrivèrent à la nuit tombante dans un village du pays de Langres. Ils étaient las, ils avaient les bras coupés à force de porter les vases contenant les parfums destinés au fils de Marie et, de plus, ils mouraient de faim et de soif. Ils frappèrent donc à la porte de la première maison du village, pour y demander l’hospitalité. Cette maison, ou plutôt cette hutte, située presque à la lisière du bois, appartenait à un bûcheron nommé Denis Fleuriot qui y vivait fort chichement avec sa femme et ses quatre marmots. Elle était bâtie en torchis avec une toiture de terre et de mousse à travers laquelle l’eau filtrait les jours de grande pluie. Les …
Continuer la lecture…Les rois mages
À la rencontre des Rois. – La crèche. – C’est demain la fête des Rois Si vous voulez les voir arriver, allez vite à leur rencontre, enfants, et portez-leur quelques présents. Voilà, de notre temps, ce que disaient les mères, la veille du jour des Rois. Et en avant toute la marmaille, les enfants du village ; nous partions enthousiastes à la rencontre des rois Mages, qui venaient à Maillane, avec leurs pages, leurs chameaux et toute leur suite, pour adorer l’Enfant Jésus. – Où allez-vous, enfants ? – Nous allons au-devant des Rois ! Et ainsi , tous ensemble, mioches ébouriffés et petites blondinettes, avec nos calottes et nos petits sabots, nous filions sur le chemin d’Arles, le cœur tressaillant de joie, les yeux remplis de visions. Et nous portions à la main, comme on nous l’avait recommandé, des fouaces pour les Rois, des figues sèches pour les pages et du foin pour les chameaux. Jours croissants, Jours cuisants. C’était au commencement de janvier et la bise soufflait : c’est vous dire qu’il faisait froid. …
Continuer la lecture…VI. Les Rois mages.
Peu de temps après, on vint dire au Roi Hérode, qui régnait à Jérusalem, que des Rois Mages qui arrivaient de très loin voulaient le voir et qu’ils demandaient : « Où est le Roi des Juifs qui vient de naître, car nous avons vu son étoile en Orient et nous venons à Jérusalem pour l’adorer ? » Hérode fut très effrayé de ce qu’on lui disait, parce qu’il craignait qu’un Roi plus puissant que lui ne vînt lui enlever son Royaume. Et toute la ville de Jérusalem eut peur aussi. Hérode fit venir les Rois Mages, leur parla, les questionna, et il sut que le Roi dont parlaient les Mages était le Christ, le Fils de Dieu que les Juifs attendaient d’après les livres des Prophètes. Alors Hérode fit venir les savants, Princes des prêtres et docteurs du peuple, et il leur demanda où le Christ devait naître. Ils lui répondirent : « À Bethléem, ville de Juda. » Hérode emmena les Mages chez lui, leur fit beaucoup de …
Continuer la lecture…Le roi noir, Melchior
Peu à peu, la rumeur d’un Enfant avec une auréole se répandit et pénétra les coins les plus isolés. Là-bas, vivaient trois rois qui étaient voisins et qui s’appelaient Gaspard, Melchior et Balthazar. Ils ressemblaient à des mendiants et pourtant ils étaient des vrais rois et –plus bizarre encore– des sages. Selon l’Écriture, ils savaient s’orienter d’après la constellation des étoiles et c’est un art difficile comme le savent tous ceux qui ont déjà essayé de suivre une étoile. Chacun des trois rois prépara un cadeau pour le divin Enfant. Gaspard était un roi très puissant ; aussi il pensa qu’il fallait de l’or pour le Roi des rois. Le pieux Melchior voulu honorer le Dieu descendu sur terre et pour cela il prit de l’encens. Et pourquoi Balthazar prit-il de la myrrhe ? Avait-il pressenti que cette Enfant allait souffrir, et souffrir jusqu’à la mort, pour nous ? En tout cas, c’est ainsi que les trois rois chargés de leur présent, l’or, l’encens et la myrrhe, …
Continuer la lecture…La dernière chevauchée des Rois Mages
Après avoir adoré Jésus, les Rois Mages s’en retournèrent dans leur pays. Voici un conte qui nous décrit ce voyage des Rois Mages avec poésie. * * * La nuit tombe vite en hiver : déjà le crépuscule commençait, ils allaient sortir du royaume de Juda et gravissaient la dernière colline ; le roi Gaspard était sur son cheval blanc, le roi Melchior sur son cheval brun, le roi Balthazar sur son cheval noir. Or le Seigneur se pencha du haut du ciel et regarda : un frisson étrange parcourait encore l’univers, toute la Création tremblait, saisie de joie et d’angoisse, car un mystère venait de s’accomplir et depuis le jour où le Tout-Puissant l’avait tirée du néant, rien d’aussi formidable ne s’était produit : terribles avaient été les grandes eaux du déluge qui avaient lavé la face de la terre, et cependant le monde en avait été moins profondément ébranlé. Comme nous distinguons au milieu d’un vaste paysage l’agitation de quelques insectes minuscules, l’Éternel aperçut les trois Rois …
Continuer la lecture…Babouchka
Conte russe Il était une fois une vieille femme nommée Babouchka qui habitait, seule, une toute petite maison au cœur de la forêt. Sans cesse, elle s’affairait, cousait, cuisinait, nettoyait et, tout en travaillant, elle chantait. Pour se tenir compagnie, elle chantait des chansons, vieilles et nouvelles, et en inventait ; elle était de nature joyeuse. La grand-route passait loin de la maisonnette si bien que les visiteurs étaient rares. Babouchka fut donc bien étonnée, un après-midi d’hiver, d’entendre un grand vacarme dans la forêt. « C’est peut-être un ours » se dit-elle et elle se mit à trembler. Mais non, un ours ne fait pas crisser la neige sous ses pas de la sorte. Elle tendit à nouveau l’oreille et entendit résonner des bruits de pas. Cette fois, c’était sûr, elle allait avoir de la visite ! Elle s’empressa d’ajouter quelques bûches et de mettre la grosse bouilloire noire sur le feu. Quelques instants plus tard, on frappa fort à la porte. Babouchka sursauta : — Qui est là ? demanda-t-elle d’une petite voix craintive. — Des voyageurs …
Continuer la lecture…La légende du quatrième Roi Mage
La nuit était froide et le ciel d’Orient éclatait en myriades d’étoiles plus belles les unes que les autres. Balthazar, Gaspard et Melchior étaient sortis sur la terrasse de leur palais, et ils ne se lassaient pas de contempler le firmament. Cette nuit-là, les Rois Mages savaient qu’un astre nouveau devait apparaître, différents de tous les autres… Un signe céleste, qui annoncerait la naissance du Sauveur promis à tous les hommes. Or, voici qu’il apparut sous leurs yeux, sortant de l’infinie profondeur des cieux. Il ressemblait à une flamme immense d’où jaillissaient des milliers de lumières de toutes les couleurs. Les Mages restaient là, émerveillés, n’osant parler en présence du signe de Dieu. C’est alors que le jeune frère de Balthazar, Artaban, les rejoignit et rompit le silence : — C’est le signe annoncé, c’est la promesse qui se réalise. Vite, il faut partir ! Balthazar, Gaspard et Melchior se préparèrent en toute hâte et, bientôt, une magnifique caravane de chameaux, de dromadaires et de chevaux prit le …
Continuer la lecture…Le Salut des Bêtes
La vieille Séphora habitait le village de Bethléem. Elle vivait d’un troupeau de chèvres et d’un petit champ planté de figuiers. Jeune, elle avait été servante chez un prêtre, en sorte qu’elle était plus instruite des choses religieuses que ne le sont d’ordinaire les personnes de sa condition. Revenue au village, mariée, plusieurs fois mère, elle avait perdu son mari et ses enfants. Et alors, tout en restant secourable aux hommes selon ses moyens, le meilleur de sa tendresse s’était reporté sur les bêtes. Elle apprivoisait des oiseaux et des souris ; elle recueillait les chiens abandonnés et les chats en détresse ; et sa petite maison était pleine de tous ces humbles amis. Elle chérissait les animaux, non seulement parce qu’ils sont innocents, parce qu’ils donnent leur cœur à qui les aime et parce que leur bonne foi est incomparable, mais encore parce qu’un grand besoin de justice était en elle. Elle ne comprenait pas que ceux-là souffrent qui ne peuvent être méchants ni violer une règle …
Continuer la lecture…L’adoration de Leïla
Conte de l’Épiphanie. En ce temps-là, l’étoile miraculeuse parut au firmament. Et les mages Gaspar et Balthazar vinrent, en caravane pompeuse, rejoindre le mage Melchior. Et tous trois se disposèrent à suivre le guide scintillant et lointain. Or, vivait à la cour du roi Melchior une fillette de dix à douze ans nommée Leïla. Le chef des esclaves, captivé par sa grâce frêle, par son blanc visage, fleur précieuse et rare, au milieu des visages brûlés et basanés du pays, l’avait achetée. C’était elle qui tenait l’éventail devant le trône du roi Melchior et la bienveillance du monarque s’étendait jusqu’à l’enfant, car elle était douce et silencieuse et savait chanter de mélodieuses et mélancoliques chansons qui berçaient le repos pendant les longues somnolences de midi. Leïla, remplissant sa charge, entendit ces mots que prononçait le roi Gaspar : — Un grand roi nous est né ! Sous son règne, les hommes s’aimeront et seront tous frères ! Il n’y aura plus de haines, d’esclavage ! Suivons donc l’étoile et …
Continuer la lecture…La galette et les rois mages
Qui ne connaît l’histoire des rois mages qui, guidés par une étoile, se rendirent à Bethléem rendre hommage à l’Enfant Jésus ? Le premier s’appelait Gaspard. Il avait le teint clair des Européens, et apportait de l’or. Le second, Melchior, avait la peau brune des gens de Palestine et d’Arabie. Celui-là était porteur d’encens. Le troisième, Balthazar, était couleur de nuit sans lune et ses dents brillaient comme brillent les dents des Africains. Ce dernier offrit à l’enfant Jésus de la myrrhe. On sait moins ce qui leur advint sur le chemin du retour. * * * Ils étaient savants en beaucoup de choses, certes, mais cela n’empêcha point qu’ils se perdirent bel et bien, n’ayant plus le secours de l’étoile pour les aider. Après avoir erré plusieurs jours dans le désert, à bout de nourriture et sans eau, ils aperçurent enfin une misérable cahute devant laquelle se tenaient un couple et deux enfants. Les joues décharnées, les yeux brillants de faim, ils firent pourtant bon …
Continuer la lecture…La belle galette
Il neigeait depuis la veille. On ne voyait plus le chemin, ni le mur du potager, ni les toits des ruches. Mais Mme Duteil ne se tourmentait pas. Elle avait arraché à temps les derniers légumes, empaillé le tuyau de la pompe, mis le bois à l’abri, bouché le soupirail de la cave pour que les pommes de terre ne gèlent pas. Gestes de prévoyance qu’elle accomplissait seule depuis trois ans que son mari était en sanatorium. À la belle saison, un jardinier venait l’aider ; l’hiver on s’en passait. D’ailleurs il y avait Rosie, déjà forte pour ses treize ans. Ce matin-là, un matin de neige, elle se désolait, Rosie. « Un temps pareil pour l’Épiphanie ; personne ne viendra chercher notre « part à Dieu ». Elle était si belle, la part de la galette ! Suivant la volonté de l’absent, on la doublait maintenant afin de le représenter dans ce geste d’offrande. La première année, ça avait été la mère Chenue qui en avait bénéficié ; la seconde, …
Continuer la lecture…Marie veillant sur l’Enfant-Jésus
ANT bien que mal, la sainte Famille s’installa dans la grotte. Les bergers les aidèrent en apportant quelque mobilier rudimentaire, suffisant pour faire le ménage, laver les langes et préparer les repas. Joseph avait été s’inscrire dans la liste des descendants de David, son ancêtre, et attendait avec impatience que Jésus eût quelques jours de plus pour rentrer à Nazareth et retrouver son commerce. La température était douce. Le soir seulement, le froid pinçait ; heureusement, l’âne, de sa grosse chaleur animale, réchauffait la petite grotte. Vraiment, personne ne pouvait se plaindre. D’ailleurs quand le Bon Dieu est avec nous, que peut-il nous manquer encore ? C’était vers la fin de la journée. Elle avait été très belle, très claire et pas trop chaude. Sur le ciel bleu, le soleil déjà bas avait un bon rire d’or et safranait la campagne. Marie et Joseph, assis à l’entrée de la grotte, goûtaient la paix du soir et contemplaient Jésus, endormi en suçant son pouce. Un grand vol de …
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