Vivent les Santons !

Auteur : Filloux, H. | Ouvrage : Au cœur de la Provence .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Laure. — Puisque nous par­lons de , venez tous, les amis, regar­der notre .

Michèle. — Le ravis­sant petit Jésus, blond et rosé, cou­ché sur la paille !

Chris­tine. — Et la Vierge, sa mère, en tunique bleue, avec ce long voile blanc qui des­cend en plis gra­cieux sur ses épaules, comme elle est belle !

JacLa crèche de Noël pour les mômes - Frise des santons de Provenceques. — Saint Joseph me plaît dans sa robe vio­let fon­cé et son man­teau jaune.

Chris­tian. — Mais qui sont tous ces petits per­son­nages ran­gés au fond de la boîte ?

Clé­mence, sau­tant de joie. — Té, ce sont nos San­tons ! Vous ne connais­sez pas les Santons ?

Dans une boîte de carton,
Som­meillent les petits Santons,
Le et le rémouleur
Et l’En­fant Jésus Rédempteur.
Le Ravi qui le vit
Est tou­jours ravi.
Les mou­tons En coton,
Sont ser­rés au fond…
Un soir alors paraît l’é­toile d’or
Et tous les petits Santons
Quittent la boîte de carton.
Naï­ve­ment dévo­te­ment,
Ils vont à Dieu por­ter leurs vœux,
Et leur chant est tou­chant.
Noël ! Joyeux Noël !
Noël joyeux de  !

Et voi­là. Les San­tons, c’est toute la Pro­vence qui s’en vient offrir ses hom­mages à l”« Enfan­çoun » de Beth­léem. Ah ! si vous voyiez nos crèches à Noël ! Long­temps à l’a­vance nous y pen­sons, nous en par­lons, tous, mère-grand, maman, papa ! C’est tout un pay­sage, la crèche de chez nous. Et tout le monde y travaille.

Les sontouns de ProvenceFigu­rez-vous une col­line de papier avec ses pins et ses houx natu­rels. A mi-côte, l’é­table avec son toit qui avance et sa porte grande ouverte. Tout au som­met, le vil­lage, avec son puits à roue, son mou­lin à vent, le vrai vil­lage de Pro­vence. Une prai­rie de mousse où lou garde son trou­peau de moutons.

Ima­gi­nez encore un tor­rent avec son pont mous­su et sa cas­cade qui tombe dans un petit lac fait d’un miroir où se baignent des canards. De haut en bas, des­cendent des sen­tiers sinueux et tout au long che­minent les San­tons qui s’en vont vers l’é­table, cha­cun por­tant son présent.

Regar­dez-les ! Sont-ils vivants ! Voi­ci le plus aimé des enfants, lou tam­bou­ri­naire : le tam­bou­ri­naire. Ses petits yeux pleins de malice ont l’air de dire : « Té, on y va pour la faran­dole ? » II a mis son plus beau cos­tume : cha­peau à larges bords, guêtres blanches, gilet à bou­tons et la che­mise imma­cu­lée au col mon­tant, nouée d’une écla­tante cra­vate rouge. Il s’ap­prête à jouer de son galou­bet : les pieds me démangent rien que de le voir.

Laure. — Moi, j’aime « lou pastre eme soun agnéu », le pâtre avec son agneau, qu’il porte sur ses épaules. Il serre les pattes de la petite bête dou­ce­ment d’une main, et de l’autre tient timi­de­ment ; son cha­peau. Il a l’air un peu gauche, mais si plein de révé­rence. Et « /​a fié­louse », la fileuse, sa longue que­nouille entor­tillée de laine blanche, l”« agnéu » à ses pieds. Et que dites-vous de notre bou­lan­ger et sa bou­lan­gère ? Lui, avec sa bonne figure réjouie, elle, toute pim­pante, por­tant sur l’é­paule sa cor­beille de pains blancs, de pompes et de fou­gasses dorées.

Clé­mence. — « Vivo la peis­sou­nie­ro », la pois­son­nière de Mar­seille. On dirait qu’on va l’en­tendre crier tant elle ouvre la bouche jus­qu’aux oreilles ! Sus­pen­due à son tablier bleu, la balance de cuivre ; à son bras, la large cor­beille plate.

Jacques. — On ne doit pas s’en­nuyer devant une crèche si bien peuplée.

Laure. — II faut voir la foire aux San­tons à Mar­seille. J’y suis allée une fois. Elle se tient tout au bout de la Cane­bière. Des baraques et des baraques de bois blanc ; sur des gra­dins recou­verts de papier blanc, tout le petit peuple des San­tons. Tous ils sont là, de toutes tailles, de toutes cou­leurs, les hommes, les femmes, les enfants de la vieille Pro­vence et même les ani­maux, l’âne sur­tout, aux yeux si doux qu’on a envie de le caresser.

Chan­tal. — Com­ment fabrique-t-on les Santons ?

Mère-Grand. — Vous allez le savoir après le dîner que vous allez par­ta­ger avec nous… Si ! Si ! Il faut goû­ter notre « aïo­li » et nos olives et l”«anchoïado ». Nous irons voir notre voi­sin, maître Ambroise, il n’est plus jeune non plus : c’est un san­ton­nier de la belle époque.

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