Vaillance, maîtrise de soi
Ne pourrais-tu pas me raconter encore comment tu es retourné dans la maison en flammes, pour sauver ton chef qui allait mourir ? »
Rémy, suppliant, s’accroche à la manche de son aîné et insiste :
« Raconte encore ! Il était fort blessé à la tête le capitaine, hein ? »
Le brouillard enveloppe doucement les deux frères, le jeune homme aux larges épaules et le petit gars à peine plus haut que les blés avant la moisson.
La terre mouillée colle à leurs semelles.
Ils vont, côte à côte, à pas lents, au bord d’un champ à demi labouré.
« Ça va, répond le grand Charles, sans quitter des yeux sa charrue qui creuse un long sillon régulier derrière Faraud, le cheval. Laisse-moi ! Dirait-on pas que j’ai fait une action extraordinaire ?
N’importe qui aurait risqué sa peau de bon cœur pour le capitaine. Suffisait de le connaître…
Je l’ai relevé ; je l’ai emporté avec un copain. Ben ! ça se devait. Puis, dans les coups durs — comment t’expliquer ? — y a je n’sais quoi qui vous tient… Enfin, je comprends. Et la belle affaire d’être à moitié chic, pendant juste un quart d’heure, une fois ! Vois-tu, mon p’tit, du courage, c’est pas les grands jours qu’il en faut ; c’est du lundi matin au samedi soir, et encore le dimanche avec ! A l’occasion, même, on en a besoin pour des choses de rien du tout.
Je m’rappelle une histoire qu’est arrivée y a longtemps, je m’préparais à ma Communion solennelle…
Tu ne t’en souviens pas, de tante Angélique ? T’es trop jeune. T’avais trois ans quand elle a passé, la pauv’femme.
Elle prenait déjà de l’âge, c’était la sœur du grand-père.