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| Ouvrage : Les amis des Saints .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Saint François de Sale n'arrive pas à convertir les calvinistes

On était au début du prin­temps et la nature se réveillait après ces longs mois d’hi­ver. Le soleil chauf­fait avec une ardeur nou­velle et l’air reten­tis­sait des joyeux pépie­ments des oiseaux, tan­dis que d’humbles et déli­cats perce-neige poin­taient, dans les champs encore recou­verts de neige, leur fine corolle blanche.

Sur la route qui des­cen­dait de la for­te­resse des Allinges à la ville de Tho­non-en-Cha­blais était assise une fillette d’en­vi­ron 5 ans. Elle était occu­pée à ras­sem­bler en bou­quet les quelques fleurs épar­pillées autour d’elle lors­qu’un bruit de pas se fit entendre. Elle se retour­na et, ramas­sant pré­ci­pi­tam­ment ses fleurs, s’en­fuit en courant.

Et pour­tant… Qu’a­vait donc cet homme qui mar­chait à grands pas vers la ville ? C’é­tait un jeune prêtre de 27 ans, grand de taille, à la démarche souple et aisée. Son visage res­plen­dis­sait de paix et de bon­té. Tou­te­fois, mal­gré cette paix qui l’ha­bi­tait, on le sen­tait sou­cieux. Il s’a­van­çait en contem­plant les beau­tés prin­ta­nières qui s’of­fraient à son regard quand il aper­çut la fillette qui dis­pa­rais­sait au tour­nant du che­min. Son visage s’as­som­brit : « Mon Dieu, mur­mu­ra-t-il, ayez pitié de ces pauvres gens aveu­glés par l’hé­ré­sie. Faites fondre leur résis­tance devant la vraie foi comme cette neige devant votre soleil ».

Il arri­va bien­tôt aux portes de Thonon.

Cette ville d’or­di­naire si ani­mée se cal­ma comme par enchan­te­ment à son approche. Les portes se fer­mèrent à son pas­sage et quelques enfants pos­tés aux fenêtres inju­rièrent le « papiste ». Celui-ci, sans se trou­bler aucu­ne­ment, conti­nua son che­min et s’ar­rê­ta enfin devant une vieille église bien déla­brée. Il pas­sa la porte et alla s’a­ge­nouiller dans le chœur. Après avoir prié quelques ins­tants, le jeune prêtre s’in­cli­na devant le cru­ci­fix et mon­ta en chaire : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Ain­si soit-il. Mes bien chers frères… »

Auteur : Filloux, H. | Ouvrage : Au Cœur des Grandes Alpes. Dauphiné et Savoie .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Saint Hugues, évêque de Grenoble, et le sept étoiles vus en songeLes étoiles merveilleuses

— Caché der­rière le Saint-Eynard et le Néron, je sais un haut-lieu où je veux vous conduire, petits amis. Et ce « haut-lieu » a une his­toire, une his­toire vraie, une magni­fique histoire.

Il y a de cela bien, bien long­temps, vers le temps de la pre­mière Croi­sade. était déjà une ville impor­tante, avec sa cathé­drale et son Évêque qui fut .

Or, ce saint évêque eut un songe. « Il voyait sept étoiles tom­ber à ses pieds, se rele­ver ensuite, tra­ver­ser des mon­tagnes désertes, pour s’ar­rê­ter enfin dans un lieu sau­vage appe­lé Char­treuse. Là, les anges bâtis­saient une demeure et sur le toit, tout à coup, les sept étoiles mys­té­rieuses se mirent à briller. Que vou­lait dire ce songe merveilleux ?…

Le len­de­main, sept voya­geurs, venus de très loin, frappent à la porte de l’É­vêque, se jettent à ses pieds, le priant de leur don­ner, dans la , un endroit tran­quille, loin des hommes, où ils pour­raient prier Dieu. C’é­tait la réponse du Seigneur.

Saint Hugues reçoit saint Bruno et ses compagnons

Les sept étoiles du songe mer­veilleux, c’é­taient et ses compagnons.

Qui donc était Bru­no ? Un homme riche et savant, très pieux et très bon. Le Saint-Père le Pape venait de le nom­mer Arche­vêque de Reims. Mais Bru­no refu­sa ce grand hon­neur, dis­tri­bua sa for­tune aux pauvres, quit­ta la ville. Il vint se cacher dans la mon­tagne, pour être seul avec Dieu.

BRIGITTE. — Il faut donc s’en aller loin, tout seul, pour bien ser­vir le bon Dieu ? Pour­tant, sur les images, on voit tou­jours le Sei­gneur Jésus entou­ré d’une foule de gens, des malades, des petits enfants.

— C’est vrai. Il en était presque écra­sé par­fois. Il était si bon. Mais que fai­sait-Il, chaque soir, après la longue jour­née où Il avait prê­ché, gué­ri les malades ?… Il se reti­rait dans la mon­tagne pour se retrou­ver, seul avec Dieu, son Père.

Quand ils veulent accom­plir quelque chose de grand, de beau, que font le savant, le poète ? L’un s’en­ferme dans son labo­ra­toire, l’autre s’é­gare en pleine cam­pagne. Ils veulent être seuls, pour se don­ner tout entiers à leur œuvre.

Saint Bru­no cher­chait donc aus­si un coin dans la mon­tagne, pour pen­ser aux choses du Ciel.

Auteur : Filloux, H. | Ouvrage : Au Cœur des Grandes Alpes. Dauphiné et Savoie .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Dans les pages d’un vieux livre

Hen­ri. — Comme c’est amu­sant, toutes ces petites mai­sons, per­chées sur la pente de la  !

— Cette mon­tagne, c’est la mon­tagne amie de , celle qu’on voit au bout de chaque rue : le Saint-Eynard. Je sais à son sujet une bien jolie légende, cueillie dans un vieux livre qui garde encore le par­fum des œillets roses conser­vés entre ses pages jaunies.

Légende de Savoie racontée aux petits : Saint Pierre, La Sainte Vierge et Jésus

« Sachez [1] d’a­bord que jadis, Dieu, la Vierge et les saints fai­saient sur la voûte céleste de longues pro­me­nades. Quand ils arri­vaient au-des­sus de cette val­lée, c’é­tait pour leurs yeux un émerveillement.

« Ils aper­ce­vaient les Sept-Laux, les crêtes du Bel­le­donne toutes blanches de neige… Au soleil levant, le mas­sif de la Char­treuse et le gla­cier lilial du Mont-Blanc.

« A leurs pieds, l’Isère cou­lait avec ses flots argen­tés à tra­vers des clai­rières bor­dées de chênes, de châ­tai­gniers et de peu­pliers… Saint Pierre s’as­seyait pour mieux voir ; la joi­gnait les mains d’ad­mi­ra­tion… Dieu souriait…

« Mon Dieu ! dit un jour la Vierge Marie, pour­quoi les bords de cette rivière, ces forêts et ces pâtu­rages sont-ils inha­bi­tés ! Les hommes y seraient si heureux !

— Il n’y a pas de mai­sons, dit saint Pierre, un peu bour­ru. Et com­ment diable ! vou­lez-vous que les pauvres humains trans­portent des maté­riaux dans ces montagnes ?…

— Eh bien ! saint Pierre, dit le Père Éter­nel, tu vas tout de suite en apporter.

— Oh ! dit saint Pierre, des chan­tiers du Para­dis à cette val­lée, le tra­jet est long. Des mai­sons, c’est lourd. Je ne suis plus jeune… Que saint Eynard s’en charge !…

  1. [1] Cette légende est tirée de Sous le signe des Dau­phins (de Paul Ber­ret), édi­tions Didier et Richard, à Gre­noble.