Étiquette : <span>Sainte Bernadette</span>

Auteur : Goldie, Agnès | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 17 minutes

Alfred, n’as-tu pas son­gé à te faire reli­gieux ? demande le Curé de Saint-Césaire à son jeune paroissien.

— Mais Mon­sieur le Curé, je ne suis qu’un igno­rant, je ne sais rien.

Peu importe ! Tous les reli­gieux ne sont pas pro­fes­seurs ; il y a les tra­vaux manuels. Qu’est-ce qui t’empêche d’être cor­don­nier, jar­di­nier, por­tier, que sais-je ?

Vous croyez vrai­ment que j’ai la vocation ?

Oui, Alfred, je le crois. Si tu changes si sou­vent de place, c’est que tu n’es nulle part à ta place ; pas plus au vil­lage qu’à New-York, et pas plus aux champs qu’à l’u­sine « Réflé­chis, prie Dieu de t’éclairer ».

Saint Joseph de Montréal QuebecMes­sire Pro­ven­çal, curé de Saint-Césaire, au , a grand sou­ci des jeunes. Cette même année 1869, il fait construire pour eux une École com­mer­ciale qu’il confie aux Pères de Sainte-Croix. Arri­vés du Mans au Cana­da, voi­ci une ving­taine d’an­nées, ces Pères y ont des œuvres flo­ris­santes. Alfred Bes­sette n’au­rait-il pas sa place mar­quée par­mi eux ?

Son his­toire ? Il est né le 9 août 1845, à Saint-Gré­goire, aux envi­rons de Mont­réal. Son père est menui­sier comme  ; sa mère, douce, labo­rieuse, a de quoi s’oc­cu­per avec ses dix enfants. Alfred, le sixième, a failli mou­rir à sa nais­sance et il a fal­lu l’on­doyer bien vite, avant de le por­ter à l’é­glise pour les céré­mo­nies sup­plé­men­taires : « Ma mère, dit-il, me sachant très faible, sem­blait avoir pour moi plus d’af­fec­tion et de soins que pour les autres. Elle m’embrassait plus sou­vent qu’à mon tour. Sou­vent, en cachette, elle me don­nait de petites frian­dises. Le soir, à la prière dite en famille, j’é­tais près d’elle et je sui­vais sur son cha­pe­let. »

Alfred a six ans quand son père meurt acci­den­tel­le­ment en abat­tant un arbre dans la forêt. La veuve peine beau­coup pour éle­ver sa famille ; atteinte de la poi­trine, elle doit dis­per­ser ses enfants ; parents, amis se les par­tagent ; quant à elle, elle est recueillie chez une de ses sœurs avec son petit Alfred. Il a douze ans quand elle meurt. Grand cha­grin ! Au retour du cime­tière, l’en­fant revient chez son oncle Nadeau, lequel entend faire de ses fils et de son neveu de rudes gaillards capables de se suf­fire : « Mon oncle était un homme fort qui pen­sait que tous étaient bâtis comme lui » : « À ton âge dit-il à l’or­phe­lin, je labou­rais et gagnais ma vie. On n’est pas riche ; j’ai pen­sé à te faire apprendre le métier de cor­don­nier. » Le cou­ra­geux petit se met à la besogne avec achar­ne­ment. Du cuir épais, il confec­tionne de solides chaus­sures appe­lées « bottes de bœuf », et il cogne, cogne ! et il se pique les doigts avec les alènes, et il souffre ter­ri­ble­ment de l’estomac.

Une pho­to le montre en com­mu­niant, avec des yeux noirs brillants. Vers la même époque, Ber­na­dette Sou­bi­rous fait à sa pre­mière com­mu­nion. Elle a un an de plus qu’Alfred.

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

Temps de lec­ture : 17 minutes

Au pied des Pyré­nées, dans un site beau, mais sévère, le vil­lage de menait, il y a cent ans, la vie simple, labo­rieuse, mono­tone, de tant de vil­lages de par le monde, et rien n’in­di­quait qu’un jour il devien­drait un des lieux les plus célèbres de la terre. Les ber­gères y gar­daient leurs mou­tons dans les pâtu­rages ; le Gave soli­taire rou­lait ses eaux vives sur les cailloux ; les gens n’y étaient ni meilleurs ni pires qu’en d’autres pays… Et pour­tant, des faits mer­veilleux allaient s’y dérou­ler, et l’hu­ma­ni­té chré­tienne entière tour­ne­rait les yeux vers ce pauvre vil­lage, et les foules y accour­raient, innom­brables. Pour­quoi ? A cause d’une très humble petite fille, à qui la parla…

* * *

Portrait de Ste Bernadette SoubirousDonc, le jeu­di 1858, vers neuf heures et demie du matin, les sœurs Toi­nette et Ber­na­dette Sou­bi­rous, accom­pa­gnées de leur insé­pa­rable amie Jean­nette, sor­tirent pour aller ramas­ser du bois mort. Le besoin d’un peu de feu se fai­sait cruel­le­ment sen­tir dans la misé­rable mai­son des Sou­bi­rous ! Toi­nette et Jean­nette mar­chaient d’un bon pas, en riant ; Ber­na­dette sui­vait, ser­rant sur ses épaules un petit capu­chon de laine qu’une voi­sine cha­ri­table lui avait prê­té. Pas bien brillante, Ber­na­dette ! Une fra­gile enfant de qua­torze ans, qui en parais­sait dix à peine, visi­ble­ment une qui ne man­geait pas à sa faim. De temps en temps, elle tous­sait, comme chaque hiver, et ce n’é­tait pas sa robe de futaine qui aurait pu la pro­té­ger bien du froid. Mais si vous l’a­viez ren­con­trée, cette enfant souf­fre­teuse, si vous aviez regar­dé son visage à l’o­vale par­fait, au nez déli­cat, au front large et pur, sur­tout si vous aviez croi­sé son lumi­neux regard, assu­ré­ment vous n’au­riez pu man­quer de vous dire : « Quelle petite fille aimable, et quelle jolie âme elle doit avoir ! »

« Fais comme nous, déchausse-toi et passe le gué ! crient Toi­nette et Jean­nette, avec de grands rires. Pares­seuse ! tu nous laisses ramas­ser seules le bois mort ! »

Pour atteindre le coin de forêt où l’on trouve des branches tom­bées, il fal­lait fran­chir le canal qui, du tor­rent, menait l’eau vers le mou­lin et comme sa mère lui avait recom­man­dé de bien faire atten­tion et de ne pas prendre froid, Ber­na­dette ne vou­lait pas se mouiller les pieds. Elle res­ta donc dans l’île entre le canal et le gave, seule… Et soudain…

Ce fut pour elle un moment inima­gi­nable, extra­or­di­naire. Que se pas­sa-t-il exac­te­ment ? Elle avait l’im­pres­sion d’être entou­rée par un vent ter­rible qui aurait vou­lu l’emporter, mais en même temps, elle se ren­dait bien compte que

Auteur : Poinsenet, Marie-Dominique | Ouvrage : Les sept voiles de mon bateau .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Les dons du Saint-Esprit racontés aux enfantsLe don d’Intel­li­gence nous est don­né par l’Esprit-Saint pour que notre foi soit plus vive, puisque, déjà, d’une cer­taine façon, ce don d’Intel­li­gence nous fait voir, ou au moins « devi­ner Dieu ».

Le don de Science aus­si va nous aider à mieux croire, parce qu’il nous donne de com­prendre la parole de Dieu : la Bible, l’É­van­gile, le caté­chisme… Il y a dans les psaumes une jolie phrase qui dit ceci : « Votre parole, ô Sei­gneur, est une lumière, et elle donne l’in­tel­li­gence aux tout petits. »

Don d'intelligence - Sainte Bernadette - portraitBer­na­dette a qua­torze ans : elle ne sait ni lire ni écrire. Petite, mai­gri­chonne – elle a des crises d’asthme qui la font bien souf­frir et l’empêchent de se déve­lop­per – elle aide comme elle peut sa maman à soi­gner ses petits frères et sœurs dans la misé­rable mai­son de , si pauvre, si noire qu’on l’ap­pelle « le cachot ». Par­fois, elle passe quelques semaines, quelques mois, dans un petit vil­lage voi­sin, chez sa nour­rice, et elle garde les mou­tons dans la mon­tagne. Sa nour­rice vou­drait bien qu’elle sache lire : à qua­torze ans, tout de même ! Elle essaye. Mais c’est fou ce que Ber­na­dette a la tête dure.