Étiquette : <span>Révolution</span>

Auteur : Lenotre, G. | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 14 minutes

Histoire de Chouans à Noël pour les enfantsVoi­ci l’his­toire telle qu’on me l’a contée, un soir, au bord du Couës­non, dans cette par­tie du pays de Fou­gères qui, de 1793 à 1800, fut le théâtre de l’é­po­pée des Chouans, et où vivent tou­jours les sou­ve­nirs des temps de grande épou­vante : c’est sous ce nom sinistre que, là-bas, on désigne la .

* * *

Par une nuit de l’hi­ver de 1795, une escouade de sol­dats de la Répu­blique sui­vait la tra­verse qui, lon­geant la lisière de la forêt de Fou­gères, com­mu­nique de la route de Mor­tain à celle d’A­vranches. L’air était vif, mais presque tiède, quoi­qu’on fût à l’é­poque des nuits les plus longues de l’an­née ; çà et là, der­rière les haies dénu­dées, de larges plaques de neige, res­tées dans les sillons, met­taient dans l’ombre de grands car­rés de lumière.

Les patriotes mar­chaient, les cade­nettes pen­dantes sous le bicorne de tra­vers, l’ha­bit bleu croi­sé de bau­driers larges, la lourde giberne bat­tant les reins, le pan­ta­lon de grosse toile à raies rouges ren­tré dans les guêtres. Ils allaient, le dos voû­té, l’air ennuyé et las, cour­bés sous le poids de leur énorme bis­sac et du lourd fusil à pierre qu’ils por­taient sur l’é­paule, emme­nant un pay­san, qui, vers le soir, en embus­cade dans les ajoncs, avait déchar­gé son fusil sur la petite troupe : sa balle avait tra­ver­sé le cha­peau du ser­gent et, par rico­chet, cas­sé la pipe que fumait un des sol­dats. Aus­si­tôt pour­sui­vi, tra­qué, accu­lé contre un talus, l’homme avait été pris et désar­mé : les bleus le condui­saient à Fou­ge­rolles, où se trou­vait la brigade.

Chouan combattant les révolutionnairesLe pay­san était vêtu, en manière de man­teau, d’une grande peau de chèvre qui, ouverte sur la poi­trine, lais­sait voir une petite veste bre­tonne et un gilet à gros bou­tons. Il avait aux pieds des sabots et sa tête était cou­verte d’un gros­sier cha­peau de feutre à larges bords et à longs rubans, posé sur un bon­net de laine. Les che­veux flot­taient sur son cou. Il sui­vait, les mains liées, l’air impas­sible et dur ; ses petits yeux clairs fouillaient à la déro­bée les haies qui bor­daient le che­min et les sen­tiers tor­tueux qui s’en déta­chaient. Deux sol­dats tenaient, enrou­lées à leur bras, les extré­mi­tés de la corde qui lui ser­rait les poignets.

Lorsque les bleus et leur pri­son­nier eurent dépas­sé Ton­drais et fran­chi à gué le ruis­seau de Nan­son, ils s’en­ga­gèrent dans la forêt afin d’é­vi­ter les habi­ta­tions. Au car­re­four de Ser­vil­liers, le ser­gent com­man­da halte ; les hommes haras­sés for­mèrent les fais­ceaux, jetèrent leurs sacs sur l’herbe et, ramas­sant du bois mort, des ajoncs et des feuilles qu’ils entas­sèrent au milieu de la clai­rière, allu­mèrent du feu, tan­dis que deux d’entre eux liaient soli­de­ment le pay­san à un arbre au moyen de la corde nouée à ses mains.

Le , de ses yeux vifs et sin­gu­liè­re­ment mobiles, obser­vait les gestes de ses gar­diens : il ne trem­blait pas, ne disait mot ; mais une angoisse contrac­tait ses traits : évi­dem­ment, il esti­mait sa mort immi­nente. Son anxié­té n’é­chap­pait point à l’un des bleus qui le cer­claient de cordes. C’é­tait un ado­les­cent ché­tif, à l’air gogue­nard et vicieux ; de ce ton par­ti­cu­lier aux Pari­siens des fau­bourgs et, tout en nouant les liens, il rica­nait de l’é­mo­tion du prisonnier :

« T’ef­fraie pas, bijou ; c’est pas pour tout de suite ; t’as encore au moins six heures à vivre : le temps de gagner une quine à la ci-devant lote­rie, si tu as le bon billet. Allons, oust, tiens-toi droit !

– Ficelle-le bien, Pier­rot : il ne faut pas que ce gars-là nous brûle la politesse.

– Sois tran­quille, ser­gent Tor­qua­tus, répon­dit Pier­rot ; on l’a­mè­ne­ra sans ava­rie au géné­ral. Tu sais, mau­vais chien, conti­nua-t-il en s’a­dres­sant au pay­san qui avait repris son air impas­sible, il ne faut pas te faire des illu­sions ; tu ne dois pas t’at­tendre à être rac­cour­ci comme un ci-devant : la Répu­blique n’est pas riche et nous man­quons de guillo­tines ; mais tu auras ton compte en bonnes balles de plomb : six dans la tête, six

Auteur : Dardennes, Rose | Ouvrage : À l'ombre du clocher - 1. Les sacrements .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Ordre

Toc-toc !

Sou­dain dres­sée sur son lit, Marie Gimet écoute… Mais elle n’en­tend plus que les coups de son cœur dans sa poi­trine et du sang à ses tempes…

Messe clandestine sous la TerreurPour­tant, elle n’a pas rêve. On a heur­té sa porte. Et qui peut venir à cette heure de la nuit ?… Elle fris­sonne : nul ne se sent en sécu­ri­té sous cette «  » qui les nobles, ceux qui ont ser­vi chez eux, ceux qui assistent à la messe, et même, sim­ple­ment, ceux qui n’ont rien fait pour la … Elle a été tant de fois assis­ter à la messe dans une cave ou dans une grange, elle, Marie… Elle a même deux fois por­té un pot de rillettes à Mon­sieur le Curé qui doit se cacher dans les bois pour échap­per aux gen­darmes de la Révo­lu­tion qui vou­draient le jeter en pri­son… Non, vrai­ment, elle n’est pas tranquille…

— Qui est là ?

Oui, qui est là, der­rière cette porte close ?… La mort ou la vie ?… Si ce sont les gen­darmes : c’est la mort sur la guillotine.

| Ouvrage : 90 Histoires pour les catéchistes I .

Temps de lec­ture : 9 minutes

L’Eucharistie.

La fran­çaise venait d’é­cla­ter. Par­tout les églises étaient pro­fa­nées, les prêtres dénon­cés, tra­qués comme des bêtes fauves, sou­vent fusillés sur le bord des che­mins. Les fidèles eux-mêmes voyaient leurs mai­sons enva­hies par des bandes de for­ce­nés qui mena­çaient de les égor­ger s’ils ne dénon­çaient pas les prêtres qu’ils connaissaient.

Auteur : Christiano, J. | Ouvrage : 90 Histoires pour les catéchistes I .

Temps de lec­ture : 6 minutes

La

Terreur - La GuillotineC’é­tait au temps de la Grande , au pays d’. La était ins­tal­lée en per­ma­nence à Angers où l’on pour­sui­vait de tous côtés les prêtres qui n’a­vaient pas vou­lu quit­ter le pays. Tel était le cas d’un saint curé de vil­lage du nom de . Son dévoue­ment à toute épreuve lui valait d’ailleurs l’ad­mi­ra­tion des fidèles et c’é­tait à qui lui pré­pa­re­rait la cachette la plus sûre. A la métai­rie de la Comouillère, l’ab­bé Noël se sen­tait par­ti­cu­liè­re­ment chez lui, car on l’y entou­rait de la plus affec­tueuse véné­ra­tion. René Lan­dry, le fils aîné de la famille, avait 12 ans. Il aimait de tout son cœur l’ab­bé qui le pre­nait sou­vent sur ses genoux et il n’é­tait jamais plus heu­reux que lors­qu’il pou­vait lui rendre service.

Intré­pide agent de liai­son, il le rejoi­gnait au fond des bois, lui por­tant des livres ou du linge. Il avait aus­si le secret de lui déni­cher des cachettes introu­vables afin de per­mettre au cou­ra­geux confes­seur de célé­brer la Sainte Messe.

leçon de catéchismeDepuis près de trois ans tou­te­fois celui-ci n’a­vait pu trou­ver la pos­si­bi­li­té de faire faire la aux enfants de sa paroisse. Ayant éta­bli son quar­tier géné­ral dans une ferme per­due au milieu des bois, il entre­prit d’y pré­pa­rer une ving­taine d’entre eux, dont le jeune René. On ima­gine ce que fut cette pré­pa­ra­tion et les leçons don­nées tan­tôt dans un champ de genêts tan­tôt sous une hutte de char­bon­nier ! Enfin 

Auteur : Dardennes, Rose | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Dans la salle basse, le vieux fer­mier sou­pire, sa pleure, ses enfants n’osent souf­fler mot.

« S’il faut pas­ser comme ça…

— Chut… Si les « bleus » t’entendaient… »

histoire sainte pour le catéchisme : Paysan VendéeL’ombre de la rap­pelle la pru­dence néces­saire les espions de la Conven­tion sont par­tout, le moindre regret accor­dé au Roi ou à la reli­gion peut mener à la pri­son et à la mort… Les prêtres sont dépor­tés, les églises closes ou pro­fa­nées, les cloches envoyées à la fon­de­rie. Pour la pre­mière fois, on va pas­ser Pâques sans carillon, sans messe, sans … et celui qui serait pris à s’en­di­man­cher ou à obser­ver le repos serait accu­sé d’in­ci­visme, condam­né pour fana­tisme… Sur tous les foyers de la chré­tienne plane la même désolation…

Mais un petit gars, fier et grave, trotte par les che­mins détrem­pés, heurte les portes, mur­mure quelques mots et pour­suit sa course ; ain­si va, de bouche à oreille, le mys­té­rieux message :

« Cette nuit, à la Clairière-aux-Biches… »

Et, la nuit venue, des ombres silen­cieuses se glissent sans lan­terne vers