Étiquette : <span>Renaissance</span>

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : Petite Histoire de l'Église illustrée .

Temps de lec­ture : 7 minutes

∼∼ XXI ∼∼

De loin en loin, durant ce long voyage, le bon Curé de L… a écrit à ses parois­siens, qui le tiennent d’ailleurs fidè­le­ment au cou­rant de leurs pro­jets de retour.

Un soir, Colette est priée de prendre la plume. Mal­gré ses dix ans son­nés et son sty­lo neuf, elle n’a pas beau­coup chan­gé sa manière d’é­crire. Elle com­mence cepen­dant par un cor­rect : Mon­sieur le Curé,… mais reprend tout de suite son allure personnelle.

« Je me demande un peu pour­quoi c’est tou­jours moi qui suis char­gée de vous apprendre les grands évé­ne­ments. Et, avec ça, les gar­çons pré­tendent que j’é­cris comme un chat. Alors, entre nous, je crois que c’est encore mieux que leurs pattes de mouches ! Enfin, moi, ça m’ar­range, parce que j’aime tant vous faire devi­ner les nouvelles.

Cher­chez, mon­sieur le Curé, cher­chez… Qu’est-ce que je vais vous annon­cer aujourd’­hui ? Ça y est !… vous avez trou­vé, nous avons vu le Saint-Père !

C’est le plus grand des deux évé­ne­ments ; l’autre, c’est que nous serons en France la semaine pro­chaine et chez vous dans quinze jours.

Alors, vous com­pre­nez, on saute, on danse, on est tel­le­ment content !

Vous dites bien sûr : « Du calme, Colette ! Raconte donc au lieu de sauter. »

Le vatican et les gardes suisses pour les enfantsHé bien ! voi­là ! C’est avec le pèle­ri­nage du bateau que papa a obte­nu que nous ayons une audience. Maman et tante Jeanne se sont habillées en noir avec des man­tilles sur la tête, nous, les « demoi­selles », en blanc. On nous a fait pas­ser par la « Porte de Bronze », et défi­ler entre les gardes suisses. Ils sont habillés en cos­tumes tout en bandes de dif­fé­rentes cou­leurs. Ils ont des casques et des hal­le­bardes. Les gar­çons ont pré­ten­du que je les regar­dais avec des yeux ronds comme des phares d’au­tos ! Ces gar­çons ne pensent qu’aux machines, c’est ridicule !

Ensuite, il a fal­lu mon­ter le beau grand esca­lier. Tout le monde com­men­çait à être inti­mi­dé. Nous voi­là dans une grande salle, très haute, avec des pein­tures par­tout, et des ser­vi­teurs qui vont et viennent, tout habillés de damas rouge. Encore une autre grande salle. C’est là que le pèle­ri­nage doit attendre, long­temps. Il y a quelques bancs le long des murs ; on fait asseoir maman et d’autres per­sonnes fatiguées.

On ne dit pas grand’­chose. On est trop saisi.

Mais, quand la porte s’est ouverte et que le a paru tout blanc, entre des mon­sei­gneurs en man­teaux vio­lets, et des mes­sieurs qui s’ap­pellent des camé­riers, et puis que nous avons pen­sé : C’est lui qui repré­sente le Bon Dieu sur la terre et qui est son Vicaire. J’é­tais contente, contente. Et je pense que c’é­tait pour tout le monde pareil ; papa parais­sait très pâle et Ber­nard avait sa drôle de tête, comme le jour de ma pre­mière Communion.