Étiquette : <span>Rédemption et Grâce</span>

| Ouvrage : 90 Histoires pour les catéchistes II .

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Rédemption et Grâce

Honfleur, Calvaire de la Côte de Grâce - COROT - été 1830

Vous avez remar­qué par­fois, en vous pro­me­nant dans la cam­pagne, de grands cal­vaires pla­cés au car­re­four des che­mins. Près d’un petit vil­lage de l’Ouest de la France on pou­vait voir, avant la guerre de 1939 un de ces vieux Christ plu­sieurs fois cen­te­naire. Il était là, invi­tant les gens à prier… Mais hélas les pas­sants ne s’en sou­ciaient pas beau­coup ! Il n’y avait plus de prêtre dans la paroisse et c’est à peine si l’é­glise s’ou­vrait pour les bap­têmes, les mariages et les enter­re­ments. Autre­fois cepen­dant les habi­tants étaient pieux. C’é­taient les ancêtres qui jadis avaient pla­cé au bord de la route, comme une sen­ti­nelle, ce grand Christ de chêne.

Au moment de la Libé­ra­tion des sol­dats impies osèrent prendre pour cible ce . Le Christ, cri­blé de balles, était tom­bé au milieu des ronces. Chaque jour cepen­dant un pieux vieillard pas­sait devant ces débris et, navré, s’ar­rê­tait pour faire une courte prière. Un soir, comme il reve­nait de la ville en com­pa­gnie de sa petite-fille, il s’ap­pro­cha du buis­son qui enva­his­sait le socle. C’é­tait pitié de voir ce Christ gisant à terre, la poi­trine trans­per­cée, les bras et les jambes bri­sées, la tête trouée de balles ! Alors le vieillard et l’en­fant se regar­dèrent et, sans rien dire, se com­prirent. Lui prit les bras et les jambes, elle la tête et ce qui res­tait de la poi­trine puis, sans se faire voir des pay­sans tra­vaillant à l’en­tour, ils allèrent dépo­ser leur pré­cieux far­deau au milieu des fou­gères, sous un gros chêne. À la tom­bée de la nuit ils revinrent pour trans­por­ter ces pieuses reliques chez eux. Là, per­sonne ne les pro­fa­ne­rait plus !