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Temps de lecture : 20 minutesAu Paradis terrestre, Adam et Ève ne se nourrissaient que de fruits et de légumes. Ils n’avaient donc pas à tuer les animaux qui, de ce fait, ne les craignaient pas et qui vivaient tous en parfaite intelligence avec nos premiers parents ; cette intimité était, pour Adam et Ève, un charme de plus. Le péché originel a détruit cet ordre parfait que Dieu avait établi. Les bêtes sont devenues craintives, féroces parfois, non par méchanceté mais par instinct de conservation. Elles se méfient de l’homme, et, avouons-le, elles ont le plus souvent raison.
Le bon Dieu permet aux saints, très souvent, de revivre l’âge d’or du Paradis terrestre, dans leurs relations avec les animaux. C’est ainsi que, dans la vie d’un très grand nombre de saints, nous voyons ces derniers exposés à des bêtes féroces, affamées à dessein, et les animaux féroces, au lieu de dévorer la proie qui leur est exposée, venir se coucher aux pieds des martyrs et, loin de leur faire aucun mal, leur lécher les mains et les pieds.
Il faut apprendre aux enfants à respecter toute créature de Dieu. En chacune, même les plus petites, apparaît un reflet de la puissance, de la sagesse et de la miséricordieuse bonté de Dieu, qu’ils apprennent à ne jamais leur faire aucun mal, à moins qu’ils n’y soient obligés par la nécessité ou le besoin de se défendre. Il faut bien tuer des bêtes, pour nourrir les hommes ; Dieu le veut ainsi. Mais il ne permet pas qu’on les martyrise. Les enfants, innocents, ont généralement de la sympathie pour les animaux et c’est réciproque. J’ai souvent vu un chien, de l’espèce des chiens-loups, féroce pour les malfaiteurs, protéger avec vigilance et presque tendresse, le berceau d’un nouveau-né, et courir après des enfants de sa taille, affolés, les pauvres, pour leur lécher affectueusement la figure, puis se mêler à leurs jeux, attraper les balles au vol, retrouver des objets, ou même des enfants, cachés dans les bois. Il faut encourager l’affection des enfants pour les animaux, les enfants qui sont bons pour les bêtes ont toutes chances, en grandissant, d’être bons pour les gens. Et le contraire a lieu ; on raconte que Néron, enfant, s’amusait à arracher les ailes des mouches. Il devint plus tard le tyran que l’on sait.
Dieu, dans sa bonté, fait bénéficier les saints d’une partie des privilèges de l’âge d’or du Paradis terrestre qui explique comment les animaux obéissaient à la voix de beaucoup d’entre les saints.
Roch naquit au XIIIe siècle de parents riches. A la mort de ceux-ci il vendit tous ses biens et en donna le prix aux pauvres. Puis il se rendit à Rome. Chemin faisant, la peste régnant dans une ville du Nord de l’Italie, il s’y arrête, se fait admettre comme infirmier à l’hôpital de cette ville et y lave les plaies des pestiférés, les guérissant tous en traçant sur eux un simple signe de croix. Arrivé à Rome où la peste régnait également, il y parcourut la ville et ses environs, y faisant preuve du même dévouement et y opérant les mêmes miracles. Il visite ensuite successivement les contrées d’Italie atteintes par la peste. Mais en se réveillant un matin il est saisi d’une fièvre ardente. Il se sent atteint lui-même par la peste et on le mène à l’hôpital l’intensité de sa douleur lui fait pousser des cris malgré lui. Pour ne point incommoder ses compagnons, il se traîne jusqu’à la porte de l’hôpital. Les passants, craignant de contracter le terrible mal, le pressent de rentrer. Alors, pour n’inquiéter et n’incommoder personne, il se traîne péniblement hors de la ville où une cabane lui sert d’asile. « O Dieu de miséricorde, s’écrie-t-il, je vous remercie de me faire souffrir pour vous, mais ne m’abandonnez pas. »