Le vent souffle fort, ce soir, sur la plaine désolée. Si fort que bêtes et gens, transis jusqu’aux os, se sont réfugiés dans leurs abris bien clos, et que, loin, bien loin à l’horizon, on ne voit plus personne sur les chemins déserts.
Personne ? Si… Deux ombres ombres avancent lentement, là-bas, à demi courbées sous le vent et semblant chercher leur route à tâtons dans la nuit. Deux ombres… Un homme jeune encore et qui soutient de son bras puissant une jeune femme, à demi morte de fatigue.
Celle-ci s’arrête, tout à coup :
« Je n’en peux plus, Jean, murmure-t-elle d’une voix faible, il faudrait nous asseoir… »
L’homme sursaute :
« Nous asseoir, là, en plein vent, par ce froid ? Mais c’est impossible ! Allons, essaie encore… un peu… regarde ! Là-bas, il y a une lumière. »
La jeune femme a levé la tête. C’est vrai ! Une faible lumière brille à quelques mètres, dans l’ombre épaisse. Si on allait enfin pouvoir s’arrêter un peu, s’asseoir, se réchauffer ? L’espoir donne des forces… Lentement, Mariette s’est remise en route tandis que l’appui de son jeune époux se fait, tout près d’elle, plus ferme et plus vigilant.
***
Pan ! Pan ! D’une poigne solide, l’homme a ébranlé la porte de la petite maison basse, à demi cachée sous les arbres. Un bruit à l’intérieur… Une voix de femme, chevrotante derrière la porte close :
« Oui est là ?
– Deux passants qui auraient bien besoin de se réchauffer un peu. »
Un instant d’hésitation, puis une protestation :