C’était en mai 1869, un samedi soir. Une jeune fille, les yeux couverts d’un épais bandeau noir et guidée par deux dames, entra dans le sanctuaire de N.-D. Auxiliatrice à Turin. Elle venait du village de Vinovo et se nommait Marie Stardero.
Atteinte depuis deux ans d’un mal d’yeux particulièrement violent, elle avait fini par perdre complètement la vue. Incapable de se conduire elle faisait un pèlerinage au Valdocco, accompagnée par sa tante et une charitable voisine.
Après une fervente prière faite devant l’autel de la Vierge, l’infirme demanda à parler à Don Bosco. Celui-ci la reçut à la sacristie.
« Depuis combien de temps avez-vous mal aux yeux ? lui demanda-t-il.
— Il y a très longtemps, mon Père, répondit la jeune fille. Mais il n’y a qu’un an que je n’y vois plus du tout.
— Avez-vous consulté quelque spécialiste et suivi un traitement ?
— Nous avons essayé toutes sortes de remèdes, répondit la tante. Aucun ne lui a procuré la moindre amélioration. Quant aux médecins, ils disent que les yeux sont perdus et qu’il n’y a rien à faire. »
À ces mots, la jeune infirme se mit à pleurer…
« Distinguez-vous les gros objets des petits ? reprit Don Bosco.
— Je ne distingue absolument rien.
— Otez votre bandeau », ordonna le Saint.
Et plaçant la malade face à une fenêtre bien éclairée il lui demanda :
« Voyez-vous la lumière de cette fenêtre ?
— Je ne vois absolument rien !
— Voudriez-vous voir ?
— De tout mon cœur ! Je ne suis qu’une fille du peuple et la perte de mes yeux va me rendre malheureuse pour le reste de mes jours.