Chapitre V
Quel triste mois de décembre !
Un fin brouillard a tout revêtu d’un manteau humide et sombre. On n’y voit pas à cinquante mètres. A la maison, les murs eux-mêmes sont humides, et Pierrot déclare avec dégoût que la rampe de l’escalier lui « colle aux mains », ce qui lui évite de s’en servir.
Mais que les récréations sont longues ! Il faut une patience à maman, comme à Marianick, pour supporter les questions, les soupirs, les lamentations ou, ce qui est pire, les inventions de Pierre !
Pour le moment, il s’est glissé dans le coffre à bois et se met en devoir d’en rabattre le couvercle, avec des ruses de sauvage, non sans laisser un petit passage d’air frais, quand, si enfoui qu’il soit, il croit entendre à la grille un vague coup de sonnette ; oubliant toute prudence, Pierrot bondit hors du coffre, comme un diable hors d’une boîte, au risque de faire évanouir Marianick, et s’engouffre dans le jardin par la porte de la cuisine.
Avant que la vieille Bretonne ait retrouvé la parole, Pierrot rentre triomphant, une dépêche à la main.
— Qu’est-ce que c’est encore que cette affaire là ? s’exclame la cuisinière. Pourvu que ta pauvre maman n’en ait pas d’ennui ! Donne-moi ça, que je lui porte ; tu lui tourneras les sangs avec tes manières impossibles !
Pierrot sur les talons, car il brûle de savoir le contenu de ce mystérieux papier bleu, Marianick porte la dépêche au bureau, où maman l’ouvre avec une certaine émotion. Mais son visage s’éclaire d’un joyeux sourire, la dépêche contient ceci : « Hourrah ! Collège licencié, arriverons ce soir, affectueusement. Cousin Bernard. »
Ce que peut être cette fin de journée, chacun le devine. Pierrot a essayé tous les matelas,