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Auteur : Dardennes, Rose | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Ah ! ma Mère !…

— Quoi donc, ma  ? »

La jeune reli­gieuse est navrée : com­ment dire la chose à « Notre Mère » ?

« Ah ! ma Mère !… »

Jeanne Jugan, Mère superieur et fondatrice des soeurs des pauvresA son bureau, la Supé­rieure des Petites Sœurs des Pauvres s’inquiète :

« Un mal­heur est-il arri­vé, Sœur Catherine ?

— Un grand mal­heur, oui, ma Mère.

— Mais encore ?

— Bayard, ma Mère…

— Bayard ?… Qu’a-t-il fait ?

— Il est mort. »

Bayard, c’é­tait le vieux noir des Petites Sœurs. On l’at­te­lait chaque jour à la car­riole et, « fouette cocher », — Sœur Cathe­rine s’en allait de porte en porte avec son grand sac :

« Bon­jour, Madame la frui­tière ; avez-vous quelque chose pour nos chers vieux, ce matin ?

— Mais oui, ma Sœur : voi­ci trois choux. »

A côté, c’é­tait une pièce jaune ou un billet, ailleurs des pommes de terre, ou un savon à barbe ; un mor­ceau de viande chez le bou­cher, des légumes au mar­ché, du bou­din à la char­cu­te­rie… Et la car­riole, chaque midi, ren­trait pleine. Et les Petites Sœurs ravies disaient : «  est bon : nos cinq cents vieillards man­ge­ront encore demain ».