Ah ! ma Mère !…
— Quoi donc, ma Sœur ? »
La jeune religieuse est navrée : comment dire la chose à « Notre Mère » ?
« Ah ! ma Mère !… »
A son bureau, la Supérieure des Petites Sœurs des Pauvres s’inquiète :
« Un malheur est-il arrivé, Sœur Catherine ?
— Un grand malheur, oui, ma Mère.
— Mais encore ?
— Bayard, ma Mère…
— Bayard ?… Qu’a-t-il fait ?
— Il est mort. »
Bayard, c’était le vieux cheval noir des Petites Sœurs. On l’attelait chaque jour à la carriole et, « fouette cocher », — Sœur Catherine s’en allait de porte en porte avec son grand sac :
« Bonjour, Madame la fruitière ; avez-vous quelque chose pour nos chers vieux, ce matin ?
— Mais oui, ma Sœur : voici trois choux. »
A côté, c’était une pièce jaune ou un billet, ailleurs des pommes de terre, ou un savon à barbe ; un morceau de viande chez le boucher, des légumes au marché, du boudin à la charcuterie… Et la carriole, chaque midi, rentrait pleine. Et les Petites Sœurs ravies disaient : « Saint Joseph est bon : nos cinq cents vieillards mangeront encore demain ».