Il était une fois un homme et une femme qui venaient d’être chassés une fois de plus du seuil d’une hôtellerie. « Il n’y a pas de place pour vous ! » avait dit, hargneux, l’aubergiste, avant de claquer la porte. Avec la rapidité propre à cet animal, un chat s’était glissé hors de l’auberge juste avant que la porte ne se referme. Pour être exact, c’était une chatte de petite taille, avec des reflets roux et un jabot crème. Elle était mal nourrie, mal traitée par l’aubergiste qui ne semblait l’avoir recueillie que pour en faire usage de souffre-douleur.
La petite chatte noire au jabot crème suivit le couple. Il paraissait exténué. L’homme dit : « Arrêtons-nous sous cet auvent. Il n’a pas l’air si mal. » Au bout de trois minutes la femme dit : « Il y a des courants d’air terribles. Ça n’ira pas. » Par ma moustache et mes reflets roux, se dit la petite chatte, si on me l’avait demandé, je vous l’aurais dit, moi, qu’à cet endroit le vent souffle froid.
L’homme, la femme – et la petite chatte que, préoccupés, ils n’avaient pas remarquée – repartirent dans les rues. La femme dit : « Arrêtons-nous dans ce cabanon. Nous y serons à l’abri du vent. » Au bout de deux minutes l’homme dit : « Quelle humidité ! J’ai l’impression que mes os sont glacés. Ça n’ira pas non plus. » Par ma moustache et mon jabot, se dit la petite chatte, si vous me l’aviez demandé, je vous aurai renseigné : ce cabanon est l’endroit le plus humide du quartier.