Étiquette : <span>Bethléem</span>

Auteur : Ségur, Comtesse de | Ouvrage : Évangile d’une grand’mère .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Peu de temps après, on vint dire au Roi , qui régnait à , que des Rois Mages qui arri­vaient de très loin vou­laient le voir et qu’ils deman­daient : « Où est le Roi des Juifs qui vient de naître, car nous avons vu son étoile en Orient et nous venons à Jéru­sa­lem pour l’adorer ? »

Hérode fut très effrayé de ce qu’on lui disait, parce qu’il crai­gnait qu’un Roi plus puis­sant que lui ne vînt lui enle­ver son Royaume. Et toute la ville de Jéru­sa­lem eut peur aus­si. Hérode fit venir les Rois Mages, leur par­la, les ques­tion­na, et il sut que le Roi dont par­laient les Mages était le Christ, le Fils de Dieu que les Juifs atten­daient d’a­près les livres des Pro­phètes. Alors Hérode fit venir les savants, Princes des prêtres et doc­teurs du peuple, et il leur deman­da où le Christ devait naître.

Ils lui répon­dirent : « À , ville de Juda. »

Psautier de Saint Louis - Les rois mages devant Hérode

Hérode emme­na les Mages chez lui, leur fit beau­coup de ques­tions sur l’é­toile qu’ils avaient vue. Ils lui racon­tèrent que des Anges leur étaient appa­rus, qu’ils leur avaient annon­cé la nais­sance du Roi des Juifs, le Christ, le pro­mis, le Fils de Dieu, et leur avait ordon­né d’al­ler l’a­do­rer ; qu’ils allaient se mettre en route sans savoir où ils devaient aller, mais qu’au moment de par­tir, une étoile, plus grosse et plus brillante que toutes les étoiles du ciel, se mon­tra à eux et se mit à avan­cer devant eux ; elle s’ar­rê­tait quand ils s’ar­rê­taient et avan­çait quand ils mar­chaient ; cette étoile avait dis­pa­ru quand ils étaient entrés à Jéru­sa­lem, et c’est pour­quoi ils avaient deman­dé à voir le Roi des Juifs que leur avaient dési­gné les Anges.

Hérode les remer­cia, leur dit d’al­ler à Beth­léem, car c’é­tait là que devait naître le Mes­sie, le Christ, pour sau­ver tous les hommes, en les déli­vrant du démon.

« Allez, leur dit le Roi Hérode, infor­mez-vous à Beth­léem de cet enfant, et quand vous l’au­rez trou­vé, reve­nez me le faire savoir, pour que moi aus­si j’aille l’adorer. »

Les Rois Mages le lui pro­mirent et se remirent en route ; aus­si­tôt, leur étoile repa­rut, ce qui leur cau­sa une grande joie ; et l’é­toile mar­cha devant eux, jus­qu’à ce qu’é­tant arri­vée à la grotte où était l’En­fant et sa mère, elle s’arrêta.

| Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 9 minutes

La cam­pagne était toute de neige autour du bourg de , et les cubes blancs des mai­sons pre­naient des teintes lai­teuses par­mi cette sur­na­tu­relle pureté.

Le ciel bom­bait au-des­sus, comme un grand bocal d’un bleu pâle et trans­lu­cide. Il y avait dans l’air une joie pai­sible comme si des anges venaient d’y passer.

Noel : L'enfant obéissant de BethléemÀ la véri­té, des anges l’a­vaient tra­ver­sé la nuit pré­cé­dente. Jésus étant né, cette nuit-là, dans une grotte des envi­rons, ils avaient chan­té, devant un groupe de ber­gers d’a­bord, au-des­sus de la grotte ensuite, un beau chœur à plu­sieurs voix dont le refrain est demeu­ré célèbre : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix aux hommes de bonne volonté. »

La nou­velle du miracle s’é­tait répan­due dans les mai­sons du bourg, et cir­cu­lait sous le man­teau, accueillie ici avec joie, là par des haus­se­ments d’épaules.

La fin de la classe du matin venait de lâcher les enfants dans les rues. Sur la pla­cette, autour de la fon­taine, beau­coup s’at­tar­daient à bavar­der, en petits groupes mys­té­rieux et ani­més. La glis­soire en pente lui­sait comme un marbre sombre, délaissée.

— Bien sûr que c’est vrai ! dit un gamin dont les yeux noirs étin­ce­laient d’en­thou­siasme. Le père de Lévi doit le savoir, je sup­pose, puis­qu’il y était !

— Mon père ne veut pas y croire, répli­qua sans convic­tion un enfant mieux vêtu que les autres. Mon père est savant. Il doit avoir ses rai­sons. Mais j’ai­me­rais mieux que ce soit vrai.

— Tiens ! inter­vint un troi­sième, pour­quoi ne serait-ce pas vrai ? Ils étaient huit à aller à la grotte cette nuit, et tous racontent la même chose. Ils ont vu un ange, je vous dis, ils ont enten­du le chant, ils ont vu l’En­fant et sa Mère.

— Mon père pré­tend que le sera un Roi, objec­ta un autre. Alors, cet enfant pauvre ?…

— Oui, mais ces anges ? Est-ce qu’ils viennent chan­ter autour de notre mai­son, quand nous rece­vons un petit frère ou une petite sœur ?

| Ouvrage : D'un pas alerte .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Un matin d’hi­ver, le crieur public par­court les ruelles du vil­lage, en son­nant dans sa corne. Au nom d’, il pro­mulgue, en ara­méen, l’é­dit d’Au­guste[1] ordon­nant le recen­se­ment. Ici comme en Égypte, l’ins­crip­tion se fera dans la ville d’o­ri­gine. C’est là qu’a­vec grand soin sont conser­vées les généa­lo­gies[2]. Le char­pen­tier et devront donc gagner , patrie de David leur ancêtre. Joseph, comme chef de famille, Marie comme fille unique et héri­tière de Joa­chim. Long et pénible dépla­ce­ment (quatre à cinq jours de marche) pour de pauvres arti­sans ! Mais tous deux savent que Dieu se sert des hommes, de leurs folies et de leurs crimes pour réa­li­ser ses des­seins. Or le pro­phète Michée (v. 2) n’a-t-il pas annon­cé que le naî­trait à Bethléem ?

La sainte famille se rend à Bethléem

L’âme meur­trie mais calme, Joseph pré­pare tout. Dans la double besace de l’âne — le petit âne gris, sobre et vaillant, de tous les foyers popu­laires — il range d’un côté ses outils, de l’autre les langes, les pro­vi­sions. Marie pren­dra place en arrière du bât. Et ils partent, par la plaine d’Es­dre­lon, l’in­hos­pi­ta­lière Sama­rie. Routes noires de chars, de cha­meaux, encom­bre­ments. Au nord du Jour­dain, les che­mins noyés de pluie res­semblent à des affluents du fleuve. Ciel bru­meux et bas. Joseph, la bride de l’âne dans sa main, suit, ses vête­ments macu­lés de boue, le bord du che­min, se garant des bruyants attelages.

  1. [1] Auguste était l’empereur romain qui avait, par un édit (une loi), ordon­né le recen­se­ment ; Hérode était gou­ver­neur de la pro­vince de Judée.
  2. [2] La généa­lo­gie concerne l’o­ri­gine et la filia­tion des familles.
Auteur : Mainé, Marie-Colette | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 8 minutes

Allons ! Vite, Meriem, Sal­lah, Suzanne !… A vos four­neaux, lam­bines !… Qu’a­vez-vous à faire sur le seuil ?… Les clients sont pres­sés… Eh bien, Joreb ?… Je parle aus­si pour toi, mon gar­çon… Qu’at­tends-tu ?… Les bêtes de Si Ham­men ont besoin de nour­ri­ture, hâte-toi, sinon… »

Devant le geste de menace, le jeune gar­çon s’empresse d’o­béir, tan­dis que les trois ser­vantes regagnent pré­ci­pi­tam­ment leur cuisine.

C’est que maî­tresse Sarah n’est point com­mode ; cha­cun sait qu’elle a la main leste. Il est inutile de lui résis­ter. Son époux lui-même, le pauvre Nathan, n’ose guère éle­ver la voix devant elle. Certes, il faut à Sarah force éner­gie pour faire mar­cher droit le per­son­nel et les clients de l’ ; mais elle s’y entend. Louanges soient ren­dues à l’É­ter­nel ! Jus­qu’à pré­sent, tout marche bien. Poings sur les hanches, Sarah pro­mène sur la cour du klan un œil satisfait.

Scoutisme - Récit de NoëlLa scène est pit­to­resque : sous le regard de dame Sarah, une foule bruyante et bigar­rée s’a­gite dans le vaste enclos. Ici, ce sont les riches mar­chands nomades venant d’A­sie ou d’É­gypte…, avec leurs bal­lots de mar­chan­dises. Plus loin, les cha­meaux étirent leurs longs cous pelés… tan­dis qu’à côté les petits ânes rési­gnés se reposent d’un long et pénible voyage. Mais aujourd’­hui, en plus des habi­tuels clients, l’au­berge est pleine de Juifs venus, selon l’ordre de César, se faire ins­crire dans leur ville d’o­ri­gine ; il en arrive de toutes les régions et de toutes les condi­tions : Pha­ri­siens hau­tains, Rab­bis véné­rés, ou simples petits arti­sans des bourgs et des cam­pagnes. Ces der­niers s’en­tassent dans la cour tan­dis que les autres se par­tagent les chambres exi­guës que l’as­tu­cieuse Sarah ne cède qu’à prix d’or.

Mais les sour­cils de dame Sarah se froncent de colère. Eh quoi ! Joreb, ce pares­seux, vient de s’as­seoir, alors que le tra­vail presse !… Pas de ça !… Pres­te­ment, la maî­tresse se charge de le rap­pe­ler à l’ordre.

Le petit n’en peut plus : ses minces bras de treize ans sont rom­pus d’a­voir sou­le­vé tant de lourds colis ; mais cela, la patronne ne l’ad­met pas !… C’est dur d’être seul et orphe­lin !… Dans toute cette foule, Joreb se sent encore plus iso­lé que d’ha­bi­tude. Répri­mant un sou­pir, il se sai­sit d’une outre et se dirige vers les ani­maux assoiffés.

Auteur : Nette, Jean | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Le cré­pus­cule tom­bait sur … Était-ce la froi­dure par­ti­cu­lière qui inci­tait les habi­tants à gar­der leur porte close ou bien le cœur de ces gens était-il par­ti­cu­liè­re­ment froid et fermé ?

Conte de Noel : Il n'y avait pas de place pour eux à l'hôtellerie
Il n’y avait pas de place pour eux à l’
Beth­léem, tapis­se­rie à l’hô­tel­le­rie du patriar­cat latin

De fait, nul ne répon­dait aux appels timides et angois­sés de l’homme aux pauvres habits, au visage noble et maigre, qui condui­sait un petit âne, lequel sem­blait por­ter avec peine une petite femme à l’a­do­rable visage fait de dou­ceur et de lumière. L’homme deman­dait un gîte… même pas un abri pour la nuit… Nul ne répon­dait, si ce n’est avec des paroles dures et mena­çantes… Et le petit groupe, triste et exté­nué, voyait les der­nières mai­sons de Beth­léem se pré­sen­ter à ses yeux…

Conte pour les enfants à Noël : santon La fillette du potierSur le seuil d’une porte se tenait une petite forme blanche, assise immo­bile sur une jatte ren­ver­sée. Aucune vie ne sem­blait l’a­gi­ter, mais les lèvres fré­mis­saient sous l’ar­dente prière qui chaque soir mon­tait du cœur d’Is­maï­la, la fille du  ; et ce petit cœur disait

« Quand vien­dra-t-Il ? Sei­gneur tout-puis­sant, quand vien­dra-t-Il ? Celui que Vous nous avez pro­mis, le , quand vien­dra-t-Il ? Si peu de chose que je sois, mon Dieu, je serai la pre­mière à L’a­do­rer… et à Le servir. »

Depuis quelques minutes, l’homme et la femme étaient arrê­tés devant Ismaï­la qui n’a­vait pas levé la tête.

Ils avaient entendu