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| Ouvrage : La semaine de Suzette .

Temps de lec­ture : 5 minutes
Le 16 mars 2020, c'est l'exact centenaire de la canonisation de . Voici un petit hommage à notre grande sainte nationale !

Lorsque Jeanne d’Arc[1] était encore à Dom­ré­my, elle avait pour voi­sins de pauvres gens dont le fils unique était infirme. Petit Pierre avait sept ou huit ans de moins que Jeanne.

Le pauvre enfant était bos­su et ne mar­chait qu’a­vec des béquilles ; ne pou­vant se mêler aux jeux des autres gar­çons, il était rebu­té et sou­vent raillé par eux.

Sa vie eût donc été fort triste sans Jeanne qui l’a­vait pris en affec­tion ; elle le cares­sait, le conso­lait, l’emmenait gar­der les bêtes avec elle dans les champs ; et lui contait des histoires.

Petit Pierre ado­rait Jeanne. Quand celle-ci lui apprit qu’elle avait une à rem­plir, qu’elle allait par­tir pour la bataille contre les Anglais, il pen­sa mou­rir de chagrin.

Jeanne le conso­la de son mieux. « Quand le roi sera sacré à , dit-elle, je revien­drai ! — Oh ! s’é­cria Petit Pierre, les yeux brillants, j’i­rai à Reims te chercher ! »

  1. [1] Cette bande des­si­née est parue dans la Semaine de Suzette en 1915 ; aus­si Jeanne d’Arc n’é­tait pas encore cano­ni­sée. C’est pour­quoi le scé­na­riste ne la nomme pas « sainte Jeanne d’Arc », mais seule­ment « Jeanne d’Arc ».
Auteur : Rougemont, Pierre | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Jour de l’An

« M’dame Michu !

— Quoi ?

— Je vous la sou­haite bonne et heureuse ! »

Bonne et sainte année 2013 ! histoire d'un jeune garçon

La concierge se retourne, bour­rue comme tou­jours, et se trouve en face de Jean Lar­cher, douze ans, la taille bien prise dans son swea­ter de laine blanche, l’œil légè­re­ment coquin sous la che­ve­lure embrous­saillée, et qui la regarde en souriant.

« Bonne et heu­reuse… bonne et heu­reuse… C’est vite dit.

— Dame, vous savez, M’dame Michu, c’est tout ce que je peux vous offrir comme étrennes moi… J’ai pas d’sous.

— Je ne t’en demande pas non plus… Seule­ment, tu me dis que tu me sou­haites une bonne et heu­reuse année… alors, ça me fait pitié, quoi ! »

Auteur : Dulac, O. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 11 minutes

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Dans l’a­te­lier de maître Guillot, le tailleur d’i­mages, règne une grande animation.

Echoppe du Moyen-Age à RouenC’est que ce jour-là, le pre­mier mai de l’an de grâce mil six cent trente, va avoir lieu, dans la demeure du brave ima­gier, l’é­lec­tion du maître de la ville de Rouen.

Une véri­table fièvre anime les concur­rents qui se hâtent, dans le secret de leur chambre, d’ap­por­ter à leur tra­vail le der­nier coup de ciseau ou de gouge.

A pré­sent, les sta­tues sont trans­por­tées dans la grande salle où, tout à l’heure, les notables vont s’assembler.

Maître Guillot compte les sta­tues dépo­sées sur les socles de bois blanc ran­gés autour de la chambre.

« Dix-neuf, vingt, vingt et un, vingt-deux, vingt-trois… Il en manque deux. Que font les retar­da­taires ? Il est vrai qu’ils ont jus­qu’à midi pour ter­mi­ner, mais ils devraient avoir fini. »

Cepen­dant, les deux jeunes artistes atten­dus ne perdent pas le temps qui leur reste. Cha­cun dans sa cel­lule se dépêche. Dans la pre­mière, à droite de l’es­ca­lier, se trouve un gar­çon d’une quin­zaine d’an­nées : Nico­las. Grand, bien décou­plé, gai com­pa­gnon, il a beau­coup de suc­cès dans les assem­blées où l’on rit et où l’on danse. Mais sa bonne humeur ne l’empêche pas d’être un franc paresseux.

Trop sou­vent, il délaisse l’é­choppe et le burin pour les courses au soleil et les assem­blées joyeuses. Le concours pour le titre de « Maître » l’a rame­né à l’a­te­lier. Au reste, son père lui a décla­ré tout net :

« Tu gagne­ras le titre ou je te ferai bûcheron. »

Et son père tient tou­jours parole.

Nico­las s’est donc mis bra­ve­ment à la tâche. Mais, hélas ! le dic­ton est bien vrai. Rien ne sert de cou­rir… Pen­dant ses longues périodes de paresse et d’i­nac­tion, il a per­du le tour de main ; le ciseau n’o­béit pas à sa volon­té et il en pleure de dépit.

Il avait rêvé d’exé­cu­ter (selon le sujet impo­sé) une Madone tenant dans ses bras l’En­fant nouvelet.

Quel beau sujet ! Il la voit, cette Madone. Mais com­bien est déce­vante la 

Auteur : Herbé | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 13 minutesHistoire missionnaire - Saint Françoic-Xavier baptisant des indigènes

La grande salle des fêtes du col­lège de N… tenu aux Indes par les Pères jésuites, était ce soir-là pleine à cra­quer. On y pas­sait un film pas­sion­nant et, si la salle elle-même se trou­vait plon­gée dans l’obs­cu­ri­té, il éma­nait assez de clar­té de l’é­cran pour qu’on puisse à la longue dis­cer­ner les visages, tous ten­dus vers le même point, et y lire le reflet des sen­ti­ments qui fai­saient battre le cœur des col­lé­giens. Il y avait là tous les élèves catho­liques du col­lège et eux seuls, car, dans ce pays mys­té­rieux aux castes farouches, les grandes familles hin­doues ne confiaient leurs enfants aux Pères qu’à la condi­tion expresse qu’il ne leur serait jamais par­lé de reli­gion… Et le film pro­je­té aujourd’­hui au col­lège met­tait magni­fi­que­ment en scène la Jésus-Christ.

Quand on fut arri­vé aux san­glants épi­sodes de la Pas­sion, le silence se fit plus grave encore dans la salle ; accro­ché à la colonne de la fla­gel­la­tion, le Christ, dépouillé de ses vête­ments et poings liés, se tor­dait de dou­leur sous les coups de fouet des bour­reaux, et cette atroce vision fas­ci­nait les jeunes gens, dont on eût dit que le souffle même s’arrêtait…
C’est alors qu’au fond de la salle, brus­que­ment, jaillit un éclat de rire qui fit sur­sau­ter tout le monde.

« Que se passe-t-il ? » inter­ro­gea rapi­de­ment à voix basse le Père André en se pen­chant vers l’un des sur­veillants, pla­cé à sa gauche.

« Je ne sais pas encore, Père, répon­dit celui-ci… Il me semble recon­naître là, près de la cabine du ciné­ma, le jeune Gopal qui paraît pris de fou-rire… Je vais voir…

- Non, lais­sez-moi faire… je vais m’oc­cu­per de Gopal. Il est dans ma classe. »

Un ins­tant plus tard, le Père André se pen­chait sur un jeune gar­çon de 11 à 12 ans qui s’ef­for­çait de maî­tri­ser un violent fou-rire.

« Gopal ! »

L’en­fant tressaillit :

« Père ?

- Que fais-tu ici ? Ce n’est pas ta place !

- C’est vrai, Père, recon­nut le petit que le ton du mis­sion­naire impres­sion­nait et rame­nait au calme, je ne suis pas de ta reli­gion ; mais j’ai vou­lu voir ce film dont mes cama­rades par­laient tant et je me suis glis­sé là tout à l’heure, sans être vu…

- Et tout cela pour te moquer d’eux, sans doute ? Pour­quoi ce rire ? »

L’en­fant leva vers le Père ses yeux noirs brillants et limpides :

« Mais, Père, est-il pos­sible qu’un homme juste puisse jamais être bat­tu comme cela ? Tu sais bien que c’est fou et c’est pour cela que j’ai ri…

- En tout cas, ton rire était bien mal pla­cé et, pour la pre­mière fois, je suis mécon­tent de toi… Viens avec moi hors de la salle. »

Conster­né de l’ef­fet pro­duit par son atti­tude et un peu penaud, Gopal sui­vit sans bruit le Père André qu’il rat­tra­pa dans la cour :

« Père, deman­da-t-il d’un ton hési­tant, es-tu tou­jours fâché contre moi ? »

Le Père André plon­gea son regard dans celui de l’en­fant hindou :

« Non, Gopal, parce que tu n’as pas com­pris la por­tée de ton atti­tude. Voyons, écoute-moi. Tu as un ami au collège ?

- Oui, Père, tu le connais bien, c’est Kittou.

Evangélisation des enfants - Flagellation par Michael Pacher

- Bien, sup­pose, Gopal, qu’un jour on soit en train de te battre ; que dirais-tu si ton ami Kit­tou se met­tait à rire devant ce spectacle ? »

Gopal fré­mit et se redres­sa avec fierté :

« Mais Père, il est impos­sible que je sois jamais bat­tu. Tu sais bien que je suis un Brahme, et per­sonne n’o­se­rait por­ter la main sur moi…

- J’ai dit, Gopal, sup­pose que cela se pro­duise. Eh bien ! sache donc que ce Jésus que tu voyais tout à l’heure bat­tu si dure­ment est mon Ami, à moi, mon plus cher et plus grand Ami, que j’aime beau­coup. A cause de cela, tu ne dois pas rire de ses souffrances…

- Alors, Père, je te demande par­don, je ne savais pas qu’il était ton Ami… »

Le Père André fit quelques pas en silence, puis mur­mu­ra, comme se par­lant à lui-même :

« Et Lui aus­si pour­tant était un juste ; mais Il n’a pas recu­lé devant la souf­france et le déshonneur…

- Père, inter­ro­gea timi­de­ment Gopal, pour­quoi donc ne m’as-tu jamais par­lé de Lui ?