Fêtes des mères
Un beau jour, cela cassa… Simplement, la maîtresse du logis ne se leva pas ce matin-là. Les enfants, encore dans un demi-sommeil, n’entendirent pas, comme d’habitude, les volets de la salle commune claquer contre la muraille, le feu ne ronfla pas dans l’âtre, la corde du puits ne grinça pas. Personne n’ouvrit la porte du poulailler où la volaille piaillait et caquetait. Et la petite Élise resta à pleurer interminablement dans ses langes humides.
Ce fut le père qui donna l’alarme ; il vint frapper à la porte des enfants en criant rudement : « La mère est malade. Levez-vous. » Et un grand malaise, une grande angoisse, une grande désorganisation tombèrent sur la maison.
* * *
Le médecin vint ; il en vint même deux. Matin et soir, on alla au bourg pour faire faire des ordonnances, acheter des remèdes. Personne ne pouvait dire le mal qui minait la maîtresse. Pourtant, quelqu’un le savait : c’était l’innocent.
Thomas, l’innocent, avait été recueilli tout petit par la maîtresse. Elle l’avait recueilli parce que personne n’en voulait. Elle lui avait donné une place au foyer, en défendant qu’on lui fit des misères car, disait-elle, les souffrants portent Dieu. Et elle prétendait que s’il n’en savait pas tant que les autres, il avait cependant le secret des choses mystérieuses que les autres ne connaîtraient jamais.
Peut-être que c’était vrai. En tout cas, pendant que les médecins discutaient, écrivaient, cherchaient et prescrivaient, il branlait tristement la tête et répétait :
« Je sais ben, moué, je sais ben qui c’est qui l’a rendue malade… »
Gaspard, l’aîné des enfants, et José, la seconde, et Lucas, et Mathieu et même Mariette qui n’avait que six ans, le prirent à parti :
« Eh ! bien, dis-le, Thomas, si tu le sais ; dis-le nous qui lui a fait son mal à