« Marie, êtes-vous prête ?
— Me voici ! »
Et la jeune femme s’assied sur l’âne entre deux ballots. Il fait encore nuit… Marie et Joseph partent pour Bethléem.
L’Empereur Auguste a ordonné de recenser tous les habitants de l’Empire Romain et ce n’est pas petite affaire, car l’Empire est vaste. Pour simplifier la besogne des agents du gouvernement, chacun doit se faire inscrire à son lieu d’origine ; Luc, l’Évangéliste, nous le dit, et des papyrus trouvés récemment le confirment.
Pour les particuliers, quelle complication ! Voyez-vous qu’actuellement, on dirait aux Parisiens d’aller se faire inscrire dans la ville, le village, dont leur famille est originaire ! Paris se viderait presque ; les trains, les cars, les voitures n’y suffiraient pas… Joseph, lui, n’a comme moyen de locomotion qu’un âne gris. Marie est montée sur l’animal, et Joseph marche à côté, tenant la bride d’une main, et de l’autre, son bâton de voyage : trois à quatre jours de marche en perspective, vers le sud… voyage agréable vers Pâques, mais beaucoup moins en plein hiver. Il fait très froid dans les vallées, et Joseph craint pour Marie. Pour se réchauffer, celle-ci descend de temps en temps de sa monture et marche près de Joseph. Ils parlent du Messie promis et attendu ; le plus souvent, ils prient ensemble. Plein de respect et d’attention, Joseph entoure Marie de prévenances ; à la halte, il récolte le baume pour le mêler à l’eau de la boisson ; il installe le campement sous quelque térébinthe, et s’il fait noir, suspend la lanterne à une branche… Voici Jérusalem !… Encore une dizaine de kilomètres, et ils seront rendus… Le voyage est pénible dans les montagnes de Judée, les sabots nerveux de l’âne claquent sur le sentier…
Bethléem!… Joseph est tout heureux à l’idée de trouver un gîte. Plusieurs fois, en cours de route, il a parlé à Marie des parents et connaissances qu’il a là-bas. Ils se feront fête de les recevoir… Plein de confiance, il va frapper à une porte : « Pas de place ! »… Un peu plus loin, même chose… et ainsi de suite, de porte en porte, de rue en rue… C’est que la petite ville regorge de monde… Les membres des Tribus de Benjamin et de Juda sont venus de partout pour se faire inscrire… et sans doute faut-il attendre son tour de passer aux bureaux… il y a des feuilles à remplir, des renseignements à donner… on s’attarde à Bethléem, au lieu de faire place aux nouveaux arrivants. Dans les Khans (hôtelleries), c’est effroyable, bêtes et gens s’entassent dans les cours. Entre les cris des humains et les braiments des ânes, on ne s’entend plus… les chameaux ne sont pas les moins encombrants… Impossible de songer à installer Marie dans ce désordre et ce vacarme… C’est d’ailleurs toujours la même réponse : « Plus de place ! »
Joseph est navré. La nuit est tombée, il fait froid. Patiente, Marie attend sous l’arbre de la place auquel l’âne a été attaché. Joseph revient vers elle et lui conte sa mésaventure : « Écoutez, Marie, je sais, non loin d’ici, une grotte qui pourrait nous servir d’abri ; les bergers l’utilisent parfois pour leurs troupeaux et leurs réserves de fourrage ; ce n’est pas luxueux !… » et, tout confus, il conduit sa jeune femme vers la pauvre étable, grotte naturelle, creusée au flanc de la colline. Il en est plusieurs de cette sorte dans ces parages. Peut-être Joseph les a‑t-il découvertes quand il était enfant. Descendant de David, il est très possible qu’il soit né et qu’il ait passé son enfance dans la ville de ses pères.
Dans l’Ancien Testament, Joseph, fils de Jacob est une figure prophétique du Joseph de l’Évangile. Il en est très souvent ainsi ; l’Ancien et le Nouveau Testament sont pleins de parallèles. Les deux rails du chemin de fer, nous conduisent au but de notre voyage, et les deux parallèles de l’Ancien et du Nouveau Testament, nous conduisent à la vérité.
Le premier Joseph, le fils de Jacob, était l’avant-dernier de douze garçons et nous savons comment ses aînés le persécutèrent jusqu’à le jeter dans un puits et à le vendre à des marchands égyptiens.
Nous pouvons supposer que le second Joseph eut aussi des frères qui ne le rendirent pas plus heureux… garçons taquins, moqueurs, qui le jettent à terre d’un bon coup dans le dos quand ils le surprennent en prière sous la galerie ou dans la chambre haute. Pour trouver la paix, Joseph va se cacher dans les grottes ou chez quelque artisan qui lui apprend à travailler le bois… plus tard même, il quitte le pays et remonte vers le nord. Joseph est dans la force de l’âge, c’est un excellent ouvrier. Il travaille non en amateur, par goût de la menuiserie, mais pour gagner sa vie et celle de Marie, car il faut vivre, et pour servir ses frères les hommes : charpentes, clayonnages, meubles, jougs et charrues… Il a hâte d’en finir avec le recensement et de retourner à son atelier… Mais pour l’instant, il a d’autres soucis : l’étable est encombrée de paille, peut-être de fumier, et des toiles d’araignées pendent au plafond… Il range, nettoie, suspend une lampe à la voûte, fait un peu de feu pour le souper, arrange pour Marie un lit de camp avec quelques bottes de paille et des couvertures… puis, la prière faite en commun, il se retire dans un coin de la grotte et prosterné, continue sa prière… Il est confus vraiment de n’avoir à donner au Messie attendu que ce pauvre gîte. Il songe au ciel resplendissant, au temple de Jérusalem, maison de Dieu sur terre… quelle splendeur ! Quelle richesse à côté d’ici !… Il offre à Dieu sa déconvenue de tout à l’heure… Soudain il est tiré de sa prière par une lumière qui emplit la grotte, par des chants angéliques… Marie serre sur son cœur un tout petit enfant… Joseph, de nouveau se prosterne et adore… puis il s’approche respectueusement, et Marie met l’Enfant dans ses bras.
Joseph sait très bien que ce tout-petit est le Fils du Dieu Tout-Puissant, Éternel ; qu’Il est Dieu lui-même, puisque Fils de Dieu : « Dieu a tellement aimé les hommes qu’il leur a donné son Fils unique » ; et la seconde personne de la Sainte Trinité nous a tellement aimés, qu’Elle a consenti de grand cœur à se faire homme pour nous sauver. Il est vraiment Dieu par son Père ; vraiment homme, par Marie ; Il est l’Homme-Dieu, le Dieu fait-Homme. Il n’y en a qu’un ; il n’y en aura jamais d’autre.
Pourtant, Joseph est père aussi à sa façon. Dieu lui a confié Jésus ; à lui de le garder, de l’élever, de le nourrir, d’en prendre soin. Dieu lui a aussi confié Marie. À Pérouse, en Italie, on vénère l’anneau que Joseph passa au doigt de Marie, lors de leur mariage. Le 3 août, chaque année, un prêtre y fait toucher les bagues des jeunes mariés.
Près de Jésus, Joseph, donc, remplace Dieu, et c’est très grand. Il pourrait bien s’enorgueillir et dire, comme le Pharisien : « Moi, je ne suis pas comme les autres hommes ! Par mon mariage avec Marie, je suis de la famille divine !… »
Tout au contraire, il s’humilie et dit : « Seigneur, je ne suis pas digne ! » S’il n’avait été humble, aurait-il été si patient tout à l’heure, sous les refus de l’héberger ; parfois sous les injures et les moqueries ? C’est parce qu’il est humble que Dieu l’a choisi. Sa foi, son obéissance, sa fidélité au travail et au devoir quotidien, sa pureté, sa bonté, sont grandes comme son humilité.
Autre occasion de s’enorgueillir quand, de si loin, arrivent les Mages en caravane, avec de magnifiques cadeaux.
Joseph, descendant de David, pourrait se faire leur égal ; décliner sa généalogie qui compte tant de rois ; il se tait, il les sert, et, quand ils sont partis, d’accord avec Marie, il distribue les présents aux bergers, ses amis, et aux pauvres… Les Rois Mages n’étaient que de bien petits rois à côté de David et de Salomon, et Joseph est plus que David, il est plus que Salomon et que Joseph fils de Jacob. Joseph était chargé par le Pharaon des greniers de l’Égypte ; il était en quelque sorte, le ministre du ravitaillement ; Joseph garde Jésus, le froment divin qui se fera notre pain Eucharistique, et notre nourriture jusqu’à la fin des siècles. Voyez comme tout cela est grand ! Joseph n’a pas besoin comme nous d’aller s’agenouiller devant le tabernacle ou l’ostensoir ; il se prosterne devant l’Enfant qui dort ou lui sourit dans sa petite crèche. A Nazareth, Il aurait eu un joli berceau travaillé par Joseph, mais puisque ce grand Dieu préfère la pauvreté, la simplicité ! Près de Lui, le charpentier se fait plus pauvre, plus simple, plus petit que jamais.
Et voici la circoncision, l’Enfant reçoit le nom de Jésus que Dieu lui a donné — c’était alors au Père à choisir le nom. Et puis, c’est la Présentation au Temple de Jérusalem : Jésus est officiellement présenté et offert à son Père céleste.
Le prophète Siméon et la prophétesse Anne annoncent des terribles choses : « Jésus sera aimé et suivi par les uns, contredit par les autres ; un glaive de douleur transpercera le Cœur de Marie. »
Pendant que celle-ci contemple avec amour les mains potelées et les petits pieds roses de son divin Enfant, le cœur de Joseph se serre. Jésus serait-il destiné à la croix ? Pourquoi ce glaive de douleur dans le cœur de sa mère ?… Jésus, Marie… les deux que Dieu le Père lui a confiés… il en a la responsabilité ; c’est très grave… Il garde confiance… Pourtant, des bruits courent, terrifiants : Hérode qui a eu vent des paroles prophétiques d’Anne et de Siméon les rapproche des dires des bergers et des Mages : Quel est donc ce petit enfant ? S’il devient un grand roi comme David son grand-père, n’imaginera-t-il pas de le détrôner ?… Hérode médite un mauvais coup ; c’est sûr… un beau jour, il décrète de faire massacrer tous les petits garçons de Bethléem et environs… Par bonheur, un ange a prévenu Joseph qui a fui aussitôt avec le Petit et sa mère. S’il avait été moins prompt dans son obéissance, que serait-il arrivé ? Nous devons beaucoup à Joseph. Pauvre Joseph ! Quelle épreuve que ce départ en Égypte, alors qu’il aurait fait si bon reprendre à trois la calme vie de Nazareth !… L’Égypte ! Un pays lointain, inconnu… A dos de chameau, le voyage sera plus facile et plus court, l’affaire de quelques jours, alors qu’à âne il faut compter un mois ou peu s’en faut. Un Père Blanc nous disant cela, s’effrayait pour la Sainte Famille de ce voyage à bourricot… Danger des scorpions qui pullulent et dont la morsure est mortelle… danger des serpents, danger de la soif, danger des bandits… Joseph sent peser sur ses épaules le poids d’une responsabilité peu ordinaire. Sa foi le soutient ; il est avec Jésus, avec Marie, il ne craint rien.
En Égypte, c’est la misère ; pas de clientèle, peu d’outils… Il retrouve une colonie Juive ; Juifs perdus au milieu des païens, demi-païens eux-mêmes et sans doute se fait-il apôtre. En Égypte, plusieurs agglomérations, dont la grande ville du Caire, se glorifient d’avoir reçu la Sainte Famille et montrent l’endroit ou les vestige de son habitation. Certes, le second Joseph n’était pas là dans la gloire du premier, et pourtant, il était comme lui en Egypte et sa gloire était bien plus grande, mais elle était cachée. Joseph, ami du Pharaon, avait sous ses ordres de nombreux serviteurs ; ici ce sont les anges qui se font les messagers du charpentier. Un ange lui a dit que Jésus est le Fils de Dieu et de fuir en Égypte. Un ange, encore, lui annonce la mort d’Hérode et lui ordonne de rentrer en Terre Sainte. Il pourrait objecter : « Je suis habitué au pays, je me suis fait une clientèle… le voyage est difficile ; attendons que Jésus soit plus grand… » Non, pas un mot ; il part aussi promptement qu’il est venu. C’est un obéissant, un énergique. Les pieds dans les sables brûlants, il reprend la route du désert. De son bâton, il écarte scorpions et autres bêtes nuisibles… et, tout en marchant, il chante avec Marie la louange de Dieu. Marie et Jésus n’ont rien à craindre près d’un gardien si vigilant.
Quelle joie de rentrer dans la patrie ! Joseph aimerait à se fixer à Bethléem. Là sont les souvenirs de la Nativité. Et puis, ce serait plus près de la frontière en cas de nouvelle fuite.
Il apprend qu’Archélaüs, fils d’Hérode, a remplacé son père et ne vaut pas mieux. On le dit terriblement cruel. Il sera plus sage de retourner en Galilée… Et Joseph ouvre de nouveau son atelier — que l’on montre encore — et Marie retrouve sa petite maison blanche de Nazareth, sur la colline fleurie. A ses pieds, au printemps, la plaine se couvre de narcisses blancs… mais elle ne peut voir les anémones violettes ni les bougainvilliers couleur de sang, sans penser à l’avenir. Joseph y pense aussi dans le fond de son cœur, il en souffre, lui, si bon… car il est bon d’une bonté ferme, mais si profonde, si délicate, si tendre. Les journées passent calmes et saintes dans ce foyer uni. La prière, le travail se les partagent. Les clients abusent un peu souvent de la grande bonté de Joseph, soit qu’ils négligent de régler leurs factures, soit qu’ils demandent des services bénévoles, et, pour cette raison, bien que Joseph soit un ouvrier actif et capable, il ne fait pas fortune. C’est tout juste s’il évite la gêne. Avec cela, si charitable ! N’a-t-il pas la plus grande des richesses : Jésus et Marie ? Il sait qu’eux aussi sont venus se donner… et tous trois se livrent à plein cœur au Père céleste et déjà aux âmes. Ils offrent prières, pensées, paroles, actions, travaux, pauvreté, joies et peines, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Sans doute, Joseph aime-t-il à redire souvent : « Père, je vous offre tout par le Cœur de Jésus ; Jésus, je vous offre tout par le cœur de Marie. »
On a dit que saint Joseph était le premier associé de l’Apostolat de la prière ; on pourrait dire aussi qu’il fut le premier croisé du chapelet. Combien de fois dut-il saluer respectueusement, affectueusement, Marie, combien de fois dut-il lui redire dans son cœur les paroles de l’Ange Gabriel et celle de sa cousine Élisabeth : Je vous salue Marie, pleine de grâces !…
Chaque année, Joseph descend à Jérusalem pour la fête de la Pâque, et sans doute pour celles des Tabernacles et de la Pentecôte. La Pâque est obligatoire à partir de l’âge de douze ans. Dès qu’il les atteint, Jésus accompagne ses parents à la capitale ; puis c’est le retour. Selon la coutume, les pèlerins de chaque ville ou village reviennent ensemble, comme ensemble les pèlerins reviennent de Lourdes. Joseph marche dans le groupe des hommes, Marie, dans celui des femmes ; les enfants vont d’un groupe à l’autre ou sont ensemble. Joseph et Marie ne s’inquiètent pas de Jésus ; Il est si bon enfant, si raisonnable !
A la halte ; surprise ! Il n’est pas là : « Je le croyais avec vous, Joseph. Je le croyais avec vous, Marie. » Ils pourraient se jeter la pierre, tout au moins échanger quelques reproches. Rien. Mais quelle douleur pour Joseph dans les reproches qu’il s’adresse à lui-même ! Lui, le gardien, le responsable, comment a‑t-il été si négligent ? Il s’accuse, il demande pardon à Dieu, à Marie, tout en retournant à Jérusalem. Ils cherchent, ils s’informent dans les maisons amies : Personne ne l’a-t-il vu ? Aurait-il été emmené par quelque bédouin ? A mesure que le temps passe, la torture s’accroît au cœur de Joseph. Habitués à cette histoire, nous ne mesurons plus la douleur des parents, et pourtant !… Enfin ils le retrouvent au Temple, instruisant les Docteurs de la Loi. Ceux-ci aiment à se promener sous les portiques, en discourant, et les enfants eux-mêmes, ont droit de les interroger, mais gare si, à leur tour on les questionne ! Il leur faudra répondre et bien répondre, à ces savants professeurs… Une sorte d’examen public ! S’ils répondent mal, quelle honte ! Jésus a répondu parfaitement ; il a fait preuve d’une science plus qu’ordinaire et les Docteurs de la Loi se sont amusés, intéressés, à lui poser d’autres questions, mais leur admiration tourne à la jalousie. Quoi ! ce petit en sait plus qu’eux ! Ils lui en garderont rancune et, quand il sera grand et prêchera en Galilée et en Judée, ils ne perdront pas une occasion de le tracasser, de le contredire.
Et tout à coup, Jésus se tait et s’incline, respectueux ; il vient d’apercevoir son père et sa mère. Pour eux, quelle surprise et quelle joie de le retrouver. Pas de reproches, de récriminations ; ils savent que Jésus est Dieu ; s’il a agi d’une manière qui leur semble étonnante, ils pensent qu’il en a des raisons et s’inclinent : toujours la foi, l’humilité et la patience. Marie dit simplement : « Mon Fils, voici que votre père et moi nous vous cherchions depuis trois fours fort affligés. Pourquoi avez-vous agi de la sorte avec nous ?
— Ne fallait-il pas, leur répond Jésus, que je sois aux affaires de mon Père ? »
Au seuil de son adolescence, de sa majorité (car la majorité des jeunes Palestiniens précédait de beaucoup la nôtre), Jésus a voulu affirmer publiquement qu’Il est le Fils de Dieu, venu travailler en ce monde à la gloire de son Père céleste. Moins humble, Joseph aurait pu en être froissé. Il se dévouait depuis douze ans à cet enfant, et ce petit lui dit en public qu’il ne passe qu’en second… Joseph est de cet avis ; il trouve cela tout simple et il adore et s’humilie une fois de plus. Il est très juste que Jésus soit tout aux affaires de son Père ; pourtant, il ne saisit pas très bien le sens de cette parole ; comme Marie il la garde pour la méditer dans son cœur et tous trois rentrent à Nazareth, et Jésus leur était soumis. Ne trouvez-vous pas magnifique, cette soumission du Fils de Dieu, à un ouvrier ? à un homme ?
Les années passent. Joseph, qui avait trente-cinq ans, lors de son mariage, perd ses forces ; Jésus le seconde activement ; il possède parfaitement le métier de son père et quand celui-ci doit s’arrêter, Jésus gagne seul le pain de la maison et celui que l’on donne. Comme le meilleur des fils, il entoure Joseph, le soigne, et avec Marie, l’assiste en ses derniers moments. C’est pourquoi saint Joseph, qui fit une mort si belle et paisible, est le patron de la bonne mort.
Maintenant, il s’en va aux limbes attendre les beaux jours de Pâques et de l’Ascension : Jésus rachètera le monde et, en montant au ciel, emmènera avec lui les élus. Quelle joie nouvelle pour ce grand saint quand, le jour de l’Assomption, Marie viendra le rejoindre.
Pendant longtemps, Joseph est resté caché après sa mort comme pendant la vie. Sainte Thérèse d’Avila, la grande carmélite, s’est fait un devoir et une joie de le faire connaître et aimer. Elle assurait qu’on ne l’invoque jamais en vain. La petite Thérèse de Lisieux s’imaginait Joseph rabotant le bois, fatigant au travail, mais en cachette, par délicatesse, pour ne pas peiner la Sainte Vierge : « Il ne recevait pas toujours le prix de son labeur, même sans doute, il reçut des reproches. » C’est ainsi que Thérèse aurait aimé que les prêtres parlent de la Sainte Famille. Elle imitait saint Joseph à sa façon, en pratiquant la simplicité, la patience… et l’amour en tout.
Saint Joseph, vous si bon, si paternel, si simple, nous vous prions pour nos familles, qu’elles soient de saintes familles, et pour l’Église universelle dont le Pape vous a proclamé le glorieux patron !
Agnès Goldie.
Permis d'imprimer : Verdun, le 21 novembre 1952 Max. HUARD, Vic. qén.
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