Temps de lecture : < 1 minute Jésus prend sa croix. Elle est lourde, très lourde : lourde de toutes les méchancetés des hommes. Mais Jésus la prend avec amour : Il sait que c’est le moyen de réparer tout ce que nous avons fait de mal. Si quelqu’un m’aime, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive … Jésus, chaque fois…
Et maintenant une histoire ! Posts
Temps de lecture : < 1 minute Jésus n’a jamais rien fait de mal, mais Il est condamné à mort par un mauvais juge, comme s’Il était un criminel. Et Jésus se tait, Il ne cherche pas à se défendre. C’est pour MES péchés qu’Il est accusé et condamné à mourir, c’est pour les réparer. Et moi ?…
Mardi-gras
Vous nous ferez goûter de vos crêpes, Madame Michou ?
— Oui, oui, Madame Follenfant… Venez ce soir à 8 heures. »
Madame Michou, depuis huit jours, ne parle plus que de ses crêpes. Il n’y en a pas comme elle pour les faire, paraît-il… blondes, fines, parfumées. La recette n’en est pas extraordinaire, puisque, sur ses instructions, c’est Jacotte, sa petite fille, qui délaye la farine. Mais le tour de main… parlez-moi de ce tour de main-là… Madame Michou vous attrape la queue de la poêle, fait couler la pâte comme du lait, et hop ! avant qu’on ait le temps d’ouvrir la bouche, voilà la crêpe en l’air, puis à nouveau dans la poêle, dorée, onctueuse, légère comme une dentelle…
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Aussi, chaque Mardi-Gras et chaque dimanche de Mi-Carême sont pour Madame Michou ce que, toutes proportions gardées, fut Austerlitz pour le grand empereur Napoléon…
Accroché au rebord des Vosges, dominant de très haut la riche plaine où coule le Rhin, quel est ce couvent dont tous les Alsaciens parlent avec émotion ? Qu’il fasse grand soleil ou qu’il pleuve, que les forêts de sapins soient enveloppées de brume ou qu’une lumière bleutée s’étende aux flancs des monts, le paysage est toujours admirable. Vingt villes, trois cents villages, voilà ce qu’on aperçoit de la merveilleuse terrasse ; au loin, une flèche rose se dresse comme un cierge : celle de la cathédrale de Strasbourg, chef-d’œuvre de l’art gothique. Ce lieu béni, d’où monte vers Dieu, depuis douze cents ans, une prière continuelle, c’est Sainte-Odile, le monastère de la patronne de l’Alsace, illustré par elle et où survit son souvenir.
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C’était au VIIIe siècle de notre ère. Vous rappelez-vous ce qui s’est passé au VIIIe siècle ? Charles, surnommé Martel à cause de son terrible marteau d’armes, venait d’arrêter les Arabes à Poitiers ; son fils Pépin le Bref, — le Bref, c’est-à-dire le courtaud, le petit de taille, — avait obtenu du Pape le titre de roi et, à côté de lui, le jeune prince Charles commençait à faire remarquer la bravoure et le génie qui lui vaudront le surnom de « Charles le Grand », Charlemagne. L’Alsace, alors, était au pouvoir d’un Duc célèbre par sa valeur au combat, mais aussi par sa brutalité : Adalric. Rien, jusqu’alors, ne lui avait résisté ; pas un ennemi qu’il n’eût vaincu, pas un ours poursuivi par ses chiens qu’il n’eût tué. Et pourtant, un grand chagrin ravageait sa vie : sa femme Beresvinde ne lui avait point donné d’enfant. Déjà il voyait, après sa mort, les belles terres d’Alsace livrées à la rapine des voisins, partagées entre leurs mains avides. Et il se désolait…
Ils se désolaient tant, Adalric et Beresvinde, qu’ils décidèrent de se retirer du monde et de s’installer sur un haut sommet des Vosges pour y méditer sur leur chagrin. Ils choisirent la butte la plus escarpée, protégée d’un côté par l’à-pic et de l’autre par une muraille de rochers infranchissables, et ils y firent bâtir leur nouveau château, le « château haut », le Hohenburg. Près de sa demeure, Beresvinde, qui était fort pieuse et instruite dans l’Écriture Sainte, ordonna d’élever un couvent où des religieuses prieraient avec elle pour qu’enfin elle eût un enfant.
Et voici que Dieu entendit ses prières. La duchesse put annoncer à son mari que bientôt il aurait une grande joie. Hélas ! courte joie… car la petite fille qui vint au monde, si jolie, si rose et blonde qu’elle fût, avait une infirmité bien pénible : ses yeux restaient fermés. Elle serait aveugle toute sa vie… Quand il apprit cela, le Duc Aldaric entra dans une colère terrible. Ainsi Dieu n’avait exaucé son souhait que pour le décevoir de façon pire encore ! Mieux valait n’avoir pas d’enfant du tout que cette misérable petite aveugle ! Le pays entier n’allait-il pas murmurer qu’une malédiction pesait sur son seigneur ? Aussi quand Beresvinde demanda quel nom porterait sa fille au baptême : « Aucun ! répondit le soudard. Aucun ! J’interdis qu’on baptise cet avorton aveugle qui me fait honte ! Qu’on la tue aussitôt et qu’on abandonne son corps aux cochons ! »
La malheureuse mère eut beau se jeter à genoux, supplier son mari de laisser vivre la fillette… En vain ! En vain, elle proposa de l’emporter, très loin, de la faire élever en cachette, sans jamais révéler à quiconque qui étaient les parents de cette malheureuse enfant. Aldaric demeura implacable ! Cette fille était sa honte ; qu’elle disparût ! Alors, de nuit, Beresvinde prit le bébé, l’enveloppa chaudement, l’installa dans une caissette, et, sortant en secret du château, lança le fragile esquif sur la rivière de l’Ehn, dont les eaux limpides font tourner le moulin d’Obernai. Puis, rentrant dans sa chambre, elle se mit en prière. Dieu, le Dieu Tout-Puissant, qui sauva le petit Moïse abandonné au fil du Nil, comme il est rapporté dans la Sainte Écriture, n’aurait-il pas pitié de cette innocente créature ?…
Mariage.
Suzy regarda le cadran lumineux de son réveil. Elle distinguait mal l’emplacement exact des aiguilles proches l’une de l’autre.
Quelle heure pouvait-il bien être ?… Une heure dix ou deux heures cinq ? De toutes façons, minuit était largement passé ; la maison désormais bien endormie, la rue silencieuse.
Suzy se leva, se glissa jusqu’à l’interrupteur de la lampe électrique ; le cœur battant — parce que tout commençait pour elle en cet instant de la grande aventure dans laquelle elle avait choisi de se lancer — elle alluma.
La lumière bien camouflée par un carré de tissu épais, se répandit discrètement.
Suzy n’eut pas à s’habiller. Elle s’était couchée toute vêtue, sachant que cette précaution lui gagnerait du temps et lui éviterait des pas dangereux.
Elle n’enfila pas ses souliers dont les hauts talons fins frappaient comme deux marteaux bavards sur le bois du plancher.
« Si seulement j’avais pu préparer mes bagages, songea-t-elle : mais maman n’a fait qu’aller et venir par toute la maison durant la soirée… comme si elle redoutait quelque chose. »
La jeune fille, à contre-cœur, avait décidé de renoncer à prendre sa valise. L’objet était entreposé dans un placard penderie où chacun avait accès. Elle se contenterait de son sac de montagne plus discrètement accessible et d’un vaste carton qui, depuis longtemps déjà, dormait plus ou moins inutile sur la plus haute étagère de son armoire.
« J’aurais dû le descendre avant la nuit, regretta Suzy, il me faut monter sur une chaise pour l’atteindre. Pourvu que je ne fasse rien tomber ».
Elle décida de découvrir un instant la lampe afin d’assurer une meilleure visibilité durant cette démarche acrobatique. Mais à peine le camouflage retiré, elle le remit en place avec précipitation, un bruit suspect lui étant parvenu du couloir proche.
Un peu de honte gagnait maintenant la jeune fille en même temps qu’une peur irraisonnée. C’était bien la première fois de sa vie qu’elle agissait chez ses parents — chez elle, somme toute — avec des gestes de voleur.
Ce serait la dernière fois aussi puisqu’elle partait à jamais ; cette pensée pourtant la rassura mal.
— Papa ! Maman Quelque chose s’attendrissait en son cœur parce que chacun ici l’avait toujours très tendrement aimée.
Elle repoussa avec une énergie presque désespérée cette « tentation » de fidélité aux siens. Le bruit suspect s’était précisé dans le couloir : Suzy avait reconnu le grignotement familier des souris.
Elle découvrit de nouveau la lampe. Un pâle rayon rose tomba sur la photographie de Daniel, de Daniel qu’elle aimait, de Daniel qu’elle allait rejoindre.