Un poste frontière.
Je ne sais plus où, mais qu’importe ? Bien que ce ne soit pas la guerre, tous les policiers ont été alertés : des espions sont signalés dans la région. Ils peuvent se présenter d’un moment à l’autre.
A quoi les reconnaîtrait-on ? C’est le propre de tous les espions d’arriver vêtus comme le commun des mortels et de ressembler aux plus innocentes gens. Les policiers vont donc avoir à ouvrir l’œil… le bon… et nul ne passera sans montrer patte blanche.
Voici, dans la longue file des candidats au passage, une frêle jeune fille : 17 ans à peine, de grands yeux noirs, l’air d’une enfant encore. Pourtant, une grande volonté se révèle dans son regard.
Sa valise est lourde. Complaisamment, un homme s’est offert à la lui porter ; elle a accepté – ce sont des services qu’on ne refuse pas quand ils sont offerts de bon cœur, et Michèle a les bras fatigués.
Deux officiers de police scrutent à la loupe le passeport de son complaisant porteur. C’est un passeport très en règle.
Pourtant, comme s’ils flairaient là un gibier d’importance, ils invitent discrètement le voyageur à les suivre. Son compte est bon. Et Michèle qui n’a rien compris à toute l’affaire crie innocemment ? « Ma valise ! Ma valise !!! »
Pauvre Michèle… son compte à elle aussi est bon. Puisque cet homme portait son bagage, il la connaît, c’est évident ; elle fait partie de la bande dangereuse qu’il s’agit d’arrêter. Toute la nuit, dans le bureau du Commissaire spécial, on l’interroge :
« Mademoiselle, vous feriez mieux d’avouer. Ces papiers que vous nous présentez sont des faux papiers d’identité.
Nous venons d’examiner tout ce qui se trouve dans votre valise. Nous savons maintenant que vous vivez sous un nom d’emprunt. Vous ne vous, appelez pas Michèle Durand, car vous êtes noble. »
Michèle proteste énergiquement.
« Noble, mais jamais de la vie !
- Ne niez pas, nous en avons sous les yeux l’aveu écrit de votre main.
- De ma main ! Que voulez-vous dire ? Je ne comprends pas ! » Un fin sourire plisse la lèvre de l’officier de police. Triomphant, il présente à la jeune fille une image, une jolie image qui se trouvait dans son livre de messe et sur laquelle, de sa main en effet, elle a, un jour, tracé ces mots : « je suis par mon baptême la fille de Dieu… Noblesse oblige ».
Et c’est au tour de Michèle, non pas de sourire, mais de rire franchement, très fort, comme une grande enfant qu’elle est restée.
« Ah ! Si vous voulez parler de cette noblesse, je dois reconnaître en effet que je suis noble – tout comme vous Monsieur, si vous êtes chrétien… Je pourrais bien signer, non pas Michèle Durand, mais Michèle de Dieu. »
Et voilà comment une petite jeune fille a été prise pour une fille noble, simplement parce qu’elle avait compris qu’il n’y a pas de plus grande noblesse que celle que nous confère le titre de notre baptême.
Cette histoire, je ne l’ai pas inventée, et je vous demande, petites sœurs, de réfléchir à la devise de Michèle : « Noblesse oblige ».
Marie-France.
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