N.-D. De la Guadeloupe du Mexique

| Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 18 minutes

Catéchèse pour les enfants : Récit du miracle de ND de Guadeloupe au Mexique

N.-D. De la Gua­de­loupe du [1]

Première

Dix ans s’é­taient écou­lés depuis la prise de Mexi­co par les troupes espa­gnoles. A la faveur de la paix, la reli­gion chré­tienne com­men­çait à se répandre dans le pays.

Un same­di matin, le 1531, un Indien, pauvre d’as­pect et de condi­tion, un des récents conver­tis à notre foi catho­lique, qui avait reçu au bap­tême le nom de Juan-Die­go, marié à une Indienne de même condi­tion, qui s’ap­pe­lait Maria Lucia, sui­vait, pour se rendre à la messe dite en l’hon­neur de la Vierge Marie, le che­min qui conduit de Tol­pe­tiad [2] à l’é­glise frans­cis­caine de Tlal­te­lol­co [3].

Il avait devan­cé le jour, mais le soleil se levait comme il arri­vait au pied de la col­line Tepeyac [4]. Tout à coup, un chant har­mo­nieux et doux frappe son oreille, comme si une mul­ti­tude d’oi­seaux eussent tenu un concert. L’é­cho de la mon­tagne en répé­tait les détails. Sur­pris, l’In­dien leva les yeux du côté qui sem­blait envoyer la mélo­die ; il aper­çut une nuée éblouis­sante d’où se déga­geaient de lumi­neux rayons, reflé­tant tout autour les cou­leurs de l’arc-en-ciel. Le pauvre homme res­ta cloué sur place, comme ravi en extase. Ni trouble ni crainte en son âme, mais un sen­ti­ment d’i­nef­fable douceur.

— Est-ce que je vois bien ? se disait-il. Où suis-je donc ? Serait-ce déjà le paradis… ?

Or sou­dain, le chant cesse et une voix tendre et douce comme une voix de femme, sor­tant de la nuée, l’ap­pelle par son nom et lui dit d’ap­pro­cher. Sans hési­ter, la joie au cœur, Juan gra­vit la colline.

Coloriage image sainte pour le caté : Apparition de ND de Gadeloupe à Juan

Par­ve­nu au som­met, il se trou­va en face d’une dame, mer­veilleuse de beau­té, debout au milieu du nuage lumi­neux [5]. « Ses vête­ments, racon­tait-il ensuite, res­plen­dis­saient autant que les rocs escar­pés de l’ex­trême pointe de la col­line qui sous l’é­clat de ces brillants rayons, pre­naient l’ap­pa­rence de dia­mants. Les cac­tus, les nopals, toutes les plantes qui poussent là parais­saient trans­for­més en gerbes d’é­me­raudes, tan­dis que les troncs d’arbres et les branches sem­blaient faits d’or poli et que l’on eût pris le sol pour du jaspe diver­se­ment nuancé. »

Avec une phy­sio­no­mie calme et sou­riante, la dame, s’adres­sant à l’In­dien, lui dit dans la langue du pays :

— Juan, mon fils, toi que j’aime comme un tendre et petit enfant, dis-moi, où vas-tu ?

— Ma noble Maî­tresse, répon­dit Juan-Die­go, je vais entendre la messe à Mexico.

— Sache bien cher enfant, reprit-elle, que je suis la tou­jours Vierge Marie, Mère du vrai Dieu, auteur de la vie, créa­teur de toutes choses et Sei­gneur du ciel et de la terre. Je veux qu’on me bâtisse une église en ce lieu. De là, Moi, ta pieuse Mère et celle de tes sem­blables, Je mon­tre­rai Mon amou­reuse clé­mence et Ma com­passion pour les Indiens. Je la prou­ve­rai à tous ceux qui M’aiment et Me cherchent, à tous ceux qui vien­dront à Moi et m’in­vo­que­ront dans leurs dif­fi­cul­tés et leurs souf­frances ; ici leurs prières seront écou­tées et Je les conso­le­rai. Va trou­ver l’é­vêque de Mexi­co ; dis-lui que Je t’en­voie pour l’in­for­mer de ma volon­té et raconte-lui les mer­veilles que tu as vues et enten­dues. Je serai très recon­nais­sante de cette com­mis­sion. Va en paix, cher enfant, agis de ton mieux et sou­viens-toi que ton zèle ne sera pas sans récompense.

L’In­dien, s’in­cli­nant répondit :

— Je vais de ce pas, très noble Dame, faire tout ce que vous m’a­vez dit. Je suis Votre ser­vi­teur. Adieu !

Mexi­co est à une lieue envi­ron de la mon­tagne. A l’é­vê­ché rési­dait Mgr Juan de Zumár­ra­ga, pre­mier évêque du Mexique. L’In­dien ne tar­da pas à se pré­sen­ter et deman­da tout de suite une audience ; mais, soit à cause de l’heure mati­nale, soit à cause de la pau­vre­té du visi­teur, les valets ne l’é­cou­tèrent point. Il atten­dit long­temps. Sa patience les sur­prit et les impres­sion­na : ils le lais­sèrent enfin entrer. Juan tom­ba à genoux devant l’é­vêque et lui fit part de son ambas­sade en disant : « la Mère de Dieu, que j’ai vue et qui m’a par­lé ce matin de bonne heure, m’en­voie, à vous ». Il lui racon­ta l’événement.

Mgr Zumár­ra­ga l’é­cou­ta non sans sur­prise. Pour­tant, il ne fit pas grand cas de ce mer­veilleux récit, dans la pen­sée que l’In­dien, récem­ment conver­ti à la foi catho­lique, avait été dupe de son ima­gi­na­tion ou d’une illu­sion du démon. Après lui avoir posé plu­sieurs ques­tions sans pou­voir ame­ner une réponse contra­dictoire, il le congé­dia, avec ordre de reve­nir quelques jours plus tard ; entre temps, lui-même exa­mi­ne­rait l’af­faire à loi­sir : son inten­tion était de com­men­cer par une enquête sur Juan-Die­go en personne.

Celui-ci quit­ta le palais épis­co­pal, tout triste de n’a­voir pas été cru sur parole et de voir que les volon­tés de la Vierge, n’é­taient pas réa­li­sées de suite.

Juan porte à Marie la réponse de l’Évêque

Le soir du même jour, au cou­cher du soleil, il repar­tit de Tol­pet­lac. Près de la col­line, atten­dait la réponse :

— Très haute Reine et très aimée Dame, —dit Juan-Die­go en se pros­ter­nant— Votre com­mis­sion est faite. Il m’a fal­lu attendre long­temps je vous assure, mais j’ai fini par voir l’é­vêque et lui ai com­mu­ni­qué Vos dési­rs. Il m’a atten­ti­ve­ment et aima­ble­ment écou­té, mais, d’a­près l’in­ter­ro­ga­toire que j’ai dû subir, j’ai tout lieu de pen­ser qu’il ne m’a pas cru. Il tient à se ren­sei­gner sur mon compte et à exa­mi­ner la chose avec len­teur : à l’en­tendre, c’est moi qui veux une église et non pas Vous ! Envoyez-lui donc une autre per­sonne qui ait plus de pres­tige que moi et qui soit capable d’ins­pirer confiance, car Vous le voyez, je ne suis qu’un pauvre et mépri­sable pay­san et cette négo­cia­tion dépasse mes moyens. Excu­sez tant d’au­dace, je Vous prie, si j’ai man­qué au res­pect que je dois à Votre Majes­té : pour rien au monde je ne vou­drais encou­rir Votre indi­gna­tion ni Vous avoir été désa­gréable par ma réponse.

Notre-Dame avait lais­sé par­ler l’In­dien avec une grande bonté.

Cher enfant, —lui dit-elle— Je ne manque pas de ser­vi­teurs ; J’en pour­rais choi­sir plu­sieurs qui, à l’ins­tant, se prê­te­raient à ma requête, mais il est par­fai­te­ment conve­nable que tout se fasse par ton entre­mise. Je te prie donc, et même Je t’or­donne, de retour­ner demain auprès de ton évêque. Tu lui repar­le­ras de l’é­glise deman­dée, en lui disant que Je la veux. Affirme-lui que Celle qui t’en­voie est la Vierge Marie, Mère du vrai Dieu.

Juan-Die­go reprit alors :
 — Ne soyez pas pei­née par les pré­cé­dentes paroles, ma Reine et ma Dame ; j’i­rai de très bonne volon­té et de tout mon cœur por­ter Votre mes­sage ; ce n’é­tait point une excuse ; je ne crains ni la marche, ni le tra­vail. Mais voi­là ! peut-être serai-je mal reçu et l’é­vêque ne me croi­ra pas ! N’im­porte ! je ferai tout mon pos­sible et demain, au soleil cou­chant, je serai ici pour vous don­ner la réponse. Per­mettez, très gra­cieuse Dame, que je Vous laisse. Res­tez en paix et que Dieu Vous garde !

Il salua avec une pro­fonde humi­li­té et se reti­ra chez lui. Le len­de­main, dimanche 10 décembre, Juan va à l’é­glise de San­tiago Tlal­te­lol­co, et après avoir enten­du la messe et assis­té au caté­chisme, il frap­pait à l’é­vê­ché. Il par­vint à entrer, non sans avoir encore atten­du long­temps ; puis, pros­ter­né devant l’é­vêque, les yeux pleins de larmes, il lui dit « que pour la seconde fois il avait vu la Mère de Dieu au même endroit ; qu’Elle atten­dait sa réponse et qu’Elle l’a­vait ren­voyé chez lui pour lui redire de Lui bâtir un temple à la place où il L’a­vait vue et Lui avait par­lé ; et que c’é­tait bien la Mère de Jésus-Christ qui l’en­voyait, la tou­jours Vierge Marie ».

L’é­vêque, plus que la veille, s’in­té­res­sa à l’é­vé­ne­ment et parut davan­tage incli­né à la confiance. Pour­tant le fait valait qu’il se munit de cer­ti­tudes et dans ce but, après l’a­voir dûment aver­ti de réflé­chir à la por­tée de ses réponses, il posa à Juan-Die­go toute une nou­velle série de ques­tions. Bien­tôt, l’é­vi­dence fut acquise : on n’é­tait en pré­sence ni d’une rêve­rie ni d’une illusion.

Un reste d’ap­pré­hen­sion bien légi­time, rete­nait cepen­dant l’é­vêque qui crai­gnait mal­gré tout, les suites d’une trop facile cré­du­li­té. Il décla­ra à l’In­dien « que son rap­port n’of­frait pas les garan­ties suf­fi­santes pour que l’on pût agir ; qu’il fal­lait dire à la Dame de lui don­ner un signe mani­feste de Son iden­ti­té et de Sa volonté ».

Juan-Die­go répar­tit avec assurance :
 — Quel signe vou­lez-vous ? Je le Lui demanderai !

La promp­ti­tude de la riposte ne man­qua pas de frap­per Mgr Zumár­ra­ga, qui remar­qua que l’In­dien n’a­vait pas hési­té dans sa foi. Mais il se conten­ta, fina­le­ment, d’ap­pe­ler deux per­son­nages de sa mai­son, gens de confiance, aux­quels il enjoi­gnit en espa­gnol, langue incon­nue de l’In­dien, de suivre ce der­nier avec grand soin et de sur­veiller, sans être remar­qués de lui, ses allées et venues et tous ses actes. Puis, il congé­dia son monde.

Or, lorsque Juan-Die­go arri­va au pont de la rivière qui coule au pied de la col­line, il dis­pa­rût sou­dain aux yeux de ses obser­vateurs. Leur dili­gence à le cher­cher demeu­ra vaine, si bien qu’ils le prirent pour un impos­teur ou un sor­cier et que, très irri­tés contre lui, ils retour­nèrent à l’é­vê­ché. On conçoit que leur rap­port ne fut guère favo­rable : l’é­vêque devait se méfier de l’In­dien et le punir sévè­re­ment s’il osait reparaître…

Juan-Die­go, cepen­dant, avait conti­nué sa route. A la cime de la col­line la Vierge l’at­ten­dait. Après une pro­fonde incli­na­tion, il fit le récit de sa seconde audience, décla­rant que Mgr Zumár­raga récla­mait avant d’a­gir un signe convain­cant. Marie remer­cia affec­tueu­se­ment Son ser­vi­teur et lui dit de repas­ser le len­demain cher­cher le signe en ques­tion. Il pro­mit d’être fidèle et se reti­ra courtoisement.

Or, le len­de­main, de toute la jour­née, l’In­dien ne parût point. Voi­ci pourquoi :

De retour chez lui, la veille au soir, dimanche, il avait trou­vé gra­ve­ment malade d’une fièvre maligne, son oncle Juan Ber­nar­di­no qu’il aimait à l’é­gal de son père. Dans sa détresse, il employa la plus grande par­tie du lun­di à la recherche d’un méde­cin et demeu­ra, le reste du temps au che­vet du malade. Le mal s’ac­cen­tuait ; la nuit fut mau­vaise et Juan Ber­nar­di­no, cons­cient de sa fai­blesse, per­sua­dé que la mort appro­chait, pria son neveu d’al­ler, avant le jour, cher­cher un prêtre à Tlal­te­lol­co. Juan-Die­go par­tit au plus vite, et c’est alors seule­ment, le mar­di matin au moment où il lon­geait la col­line Tepeyac, que lui revint à la mémoire le ren­dez-vous oublié.

Que faire ? Crai­gnant, s’il pas­sait par le lieu de l’ap­pa­ri­tion, que Marie ne lui adres­sât des reproches, il crut naï­ve­ment les évi­ter en pre­nant un autre sentier.

— Là, se dit-il, la Madone ne m’a­per­ce­vra pas et ne me dira rien. Quand j’au­rai pré­ve­nu le prêtre, je revien­drai La voir.

Marie vient au-devant de Juan

Aus­si mar­chait-il tran­quille­ment, lorsque tout à coup à l’en­droit où jaillit main­te­nant une source d’eaux miné­rales, la sainte Vierge se pré­sen­ta venant à sa rencontre.

Elle des­cen­dait de la col­line, enve­lop­pée d’une nuée blanche, avec la splen­deur de la pre­mière fois. Elle par­la ainsi :
 — Où vas-tu, cher fils ? Quel che­min as-tu pris ? L’In­dien demeu­rait inti­mi­dé, confus, presque effrayé. Puis, tom­bant à genoux, il répondit :
 — Ma Vierge et ma Dame très chère, que Dieu Vous pro­tège ! Dai­gnez m’é­cou­ter sans Vous offen­ser. Mon oncle, un de Vos ser­viteurs, est très malade, je me hâte vers la paroisse pour cher­cher le prêtre… Ne sommes-nous pas tous, hélas ! sujets à la mort ? Quand ce devoir sera rem­pli, je mon­te­rai vite me mettre à Vos ordres. Excu­sez-moi, je Vous prie et pre­nez patience quelque peu ; il n’y a pas de refus de ma part, ce n’est pas un pré­texte que j’in­voque, mais une rai­son grave. Demain, sans faute, je serai là.

La Vierge, avec bon­té, lais­sa l’In­dien se défendre. Quand il eût ter­mi­né, elle dit :
 — Ecoute-moi bien, enfant. Ne te laisse trou­bler ni affli­ger par quoi que ce soit ; ni par la mala­die, ni par quelque autre épreuve. Ne suis-Je pas ici, Moi, Ta Mère ? N’es-tu pas sous Mon ombre et Ma pro­tec­tion ? Ne suis-Je pas la vie et le salut ? Ne te porte-Je pas sur Mon sein pour prendre soin de toi ? Que veux-tu de plus ? Ne sois pas en peine de la mala­die de ton oncle ; il ne mour­ra pas cette fois. Même, à cet ins­tant, il est déjà guéri.

Ces paroles ver­sèrent dans le cœur de l’In­dien tant de quié­tude et d’as­su­rance, qu’il s’écria :
 — Alors, ma Dame, envoyez-moi vers Mon­sei­gneur avec le signe que vous m’a­vez promis.

Le des Roses

— Monte, mon enfant, au faîte de la col­line où tu M’as vue l’autre, jour ; coupe les fleurs que tu trou­ve­ras, mets-les dans ton man­teau et apporte-les Moi ; Je te dirai ce que tu devras en faire.

Or, ce som­met était uni­que­ment de roc. Juan-Die­go savait per­ti­nem­ment qu’au­cune fleur ne pou­vait y croître. Il obéit pour­tant en silence, et vit en attei­gnant l’en­droit indi­qué, s’é­pa­nouir un magni­fique par­terre de roses fraîches que la rosée cou­vrait encore. Com­ment décrire sa sur­prise ! Il déploya son man­teau, y pla­ça des roses tant qu’il en pût conte­nir et plein de joie, des­cendit en cou­rant les pré­sen­ter à Notre-Dame. Elle prit les fleurs dans Sa main, les ren­dit à Juan-Die­go, et dit :

— Voi­là le signe deman­dé… Que l’é­vêque fasse en ver­tu de ce témoi­gnage, ce que Je lui ordonne. Ne découvre ton far­deau que devant lui et prends garde que per­sonne ne voie ce que tu portes.

Puis Marie prit congé de l’In­dien qui demeu­ra tout heu­reux, pré­voyant que son ambas­sade allait réus­sir. Alors, ser­rant les rosés avec sol­li­ci­tude de peur qu’une seule ne vînt à tom­ber, il alla son che­min, leur don­nant par­fois un coup d’œil, douce­ment réjoui par leur fraî­cheur et leur beauté.

Coloriage image catéchisme - miracle des roses - Guadeloupe - Mexique

En arri­vant au palais épis­co­pal il pria qu’on vou­lût bien l’in­tro­duire, mais comme pré­cé­dem­ment, on ne tint d’a­bord aucun compte de lui.

A la fin, impor­tu­nés par ses ins­tances, les valets, remar­quant qu’il avait quelque chose dans ses bras vou­lurent savoir quel objet c’é­tait. L’In­dien résis­ta autant que le lui per­mit sa timi­dité, mais on le for­ça à sou­le­ver un petit coin du man­teau. Devant de si belles roses qu’ils trou­vaient à leur goût, l’i­dée vint à ces hommes d’en gar­der quelques-unes : trois fois ils y por­tèrent la main, mais trois fois leurs doigts ne sai­sirent que le vide, les fleurs sem­blaient peintes ou bro­dées artis­ti­que­ment sur la toile. Eton­nés, ils cou­rurent tout racon­ter à Mgr Zumár­ra­ga, et Juan-Die­go fut intro­duit. En annon­çant le signe exi­gé, il ouvrit son man­teau : les roses tom­bèrent à ses pieds et le por­trait de la Vierge appa­rut fixé sur la toile, tel qu’on le voit encore aujour­d’hui. Double pro­dige qui jeta l’é­vêque dans la stu­pé­fac­tion. Il prit avec res­pect l’i­mage mira­cu­leuse et après l’a­voir véné­rée en pré­sence de toute sa mai­son, la trans­por­ta dans sa cha­pelle pri­vée, ren­dant grâces à Dieu et à Sa glo­rieuse Mère.

Toute la jour­née Mgr Zumár­ra­ga conser­va Juan-Die­go près de lui et lui pro­di­gua les marques d’une affec­tueuse estime. Le len­de­main, il l’emmena sur la col­line, où l’In­dien lui indi­qua les dif­fé­rents lieux des appa­ri­tions ain­si que l’en­droit dési­gné par Marie pour l’é­rec­tion d’une église. Enfin, dési­reux de retour­ner près de son oncle qu’il avait lais­sé si malade, le pauvre homme en deman­da l’au­to­ri­sa­tion à l’é­vêque. Celui-ci, mis au cou­rant de la gué­ri­son pré­dite, fit accom­pa­gner Juan-Die­go de plu­sieurs per­sonnes de sa suite qui devaient rame­ner Juan Ber­nar­di­no à l’é­vê­ché, s’il était rétabli.

Guérison miraculeuse

La sur­prise de Juan Ber­nar­di­no fut grande, lors­qu’il aper­çut son neveu entou­ré d’Es­pa­gnols, qui lui témoi­gnaient tant d’é­gards et il le ques­tion­na, plein d’étonnement.

Juan-Die­go racon­ta son his­toire mira­cu­leuse. Or, il se trou­va qu’au même moment où l’In­dien avait appris de Marie le réta­blissement de son oncle Juan Ber­nar­di­no, celui-ci avait vu Notre-Dame sous la forme décrite plus haut. Elle avait chas­sé le mal, confir­mé sa volon­té de se voir dédier une église et déci­dé que son image por­te­rait le nom de « Sainte Marie de la Guadeloupe ».

Les deux pri­vi­lé­giés de Marie furent conduits au palais épis-copal et Mgr Zumár­ra­ga, après enquête sur les faits qui concer­naient Juan Ber­nar­di­no, convain­cu de la véri­té, retint chez lui oncle et neveu.

Le bruit du pro­dige se répan­dit promp­te­ment ; toute la ville accou­rait pour hono­rer le tableau mira­cu­leux. Une telle affluence obli­gea l’é­vêque à le trans­por­ter dans la plus grande église de la ville, où il demeu­ra, jus­qu’au jour où un petit ermi­tage fut bâti tout près de la col­line Tepeyac. Une pro­ces­sion y condui­sit l’i­mage sainte avec la plus grande solennité.

Depuis lors une vaste basi­lique fut construite un peu plus loin et c’est là qu’est actuel­le­ment conser­vée la pré­cieuse peinture.

Conversion rapide du Mexique

Image sainte de ND de Guadalupe Mexique

La mira­cu­leuse image de N.-D. de la Gua­de­loupe repré­sente le mys­tère de son Imma­cu­lée Concep­tion : « Gua­de­loupe, Fleuve de Lumière ». Nom merveil­leusement choi­si, car c’est bien la Lumière que Marie appor­tait à la nation mexicaine.

Les splen­deurs de la foi dis­si­pèrent bien­tôt les ténèbres de l’i­do­lâ­trie et en quelques années le Mexique deve­nait chrétien.

Les Indiens qui avaient obs­ti­né­ment refu­sé le bap­tême, venaient volontai­rement par mil­liers le deman­der après l’ap­pa­ri­tion. La Sainte Vierge a donc été la plus effi­cace mis­sion­naire du Mexique. La dévo­tion du peuple mexi­cain est ardente, enthousiaste.

En 1753, le pape Benoît XIV décla­ra cano­ni­que­ment la Vierge de la Gua­de­loupe, pre­mière Patronne de la nation mexi­caine. Le pape saint Pie X la décla­ra Patronne de toute l’A­mé­rique latine.

La tra­duc­tion, repro­duc­tion, adap­ta­tion de cette bro­chure sont plei­ne­ment auto­ri­sées ; sa dif­fu­sion dans tous les pays nous sera très agréable.

L’Ar­che­vêque de Gua­da­la­ja­ra (Mexique).

Impri­ma­tur

Verdun, le 8 sept. 1961                † M.-P.-georges petit
                                        Évêque de Verdun

Origine du Pèlerinage à N.-D. de la Guadeloupe Impératrice de toutes les Amériques et Reine du Monde

La pié­té du peuple mexi­cain envers la Vierge Marie a plus de quatre siècles d’exis­tence. Envi­ron 200 églises sont consa­crées à Marie. Mais une image et un nom sont hono­rés entre tous dans la nation entière : ce sont ceux de Notre-Dame de la Gua­de­loupe, à Mexico.

Ce sanc­tuaire est pour le Mexique ce que Lourdes est pour la France ; ses ori­gines sont aus­si tou­chantes que celles de notre basi­lique pyré­néenne : puisse le récit sui­vant don­ner au lec­teur un nou­veau zèle pour le culte si doux de la Très Sainte Vierge.

Ce récit, qui repro­duit fidè­le­ment la rela­tion mexi­caine publiée par le Doc­teur Becer­ra Pan­co, avec l’ap­pro­ba­tion de l’Ar­che­vêque de Gua­da­la­ja­ra (Mexique 1938), contient la tra­di­tion contem­po­raine telle que l’a rap­por­tée M. Valériano.

Des monu­ments, d’an­ciens manus­crits, d’autres témoi­gnages encore en garan­tissent l’exactitude.

  1. [1] Ce sanc­tuaire est dif­fé­rent de celui de l’Ile de la Gua­de­loupe (Antilles) ; mais l’o­ri­gine du nom Gua­de­loupe, qui signi­fie « Fleuve de Lumière », est la même, il vient d’un sanc­tuaire célèbre en Espagne dans la pro­vince de l’Es­tra­ma­duve.
  2. [2] Vil­lage à quatre lieues de Mexi­co où habi­tait Juan Die­go.
  3. [3] Une des paroisses de l’é­poque, à Mexi­co.
  4. [4] Tepey­ca, nom qui signi­fie : « extré­mi­té ou cime aiguë de rochers ».
  5. [5] Telle la repré­sen­ta plus tard l’i­mage mira­cu­leuse dont nous par­le­rons tout à l’heure, d’a­près laquelle on peut juger de l’exacte des­crip­tion faite par l’In­dien de sa vision.

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