La Vierge Marie, de la Croix à l’Assomption

Auteur : Bastin, R., O.M.I | Ouvrage : La simple histoire de la Vierge Marie .

Temps de lec­ture : 19 minutes

A lire en ligne : les noces de Cana

Les mariés de Cana - Histoire à lire au catéchismeA plu­part d’entre vous ont déjà par­ti­ci­pé à un .

Vêtus d’un cos­tume de satin bleu, d’une robe crème, tenant en main un petit bou­quet d’œillets roses, ils ont sui­vi la mariée en por­tant la traîne blanche de sa robe jolie. Puis, après le cor­tège, le dîner des grandes per­sonnes presque ter­mi­né, ils sont entrés dans la salle du fes­tin, timides, un peu rou­gis­sants et, dans les excla­ma­tions de joie, se sont fau­fi­lés à une place réser­vée pour y savou­rer une bonne glace aux fraises et boire un doigt de cham­pagne pétillant et mous­seux, qui leur cha­touillait le bout du nez et le fond de la gorge, délicieusement.

Et vous tous à qui cela est arri­vé, vous avez cer­tai­ne­ment pen­sé durant la messe à cette réjouis­sance qui vous atten­dait, et vous étiez très impa­tients de voir arri­ver le moment de vous pré­sen­ter devant les grandes per­sonnes et de prendre part à leur joie.

Or ima­gi­nez-vous votre décep­tion si, en arri­vant dans la grande salle toute bleue de la fumée des cigares, vous vous trou­viez devant le maître de la mai­son qui vous dirait :

« Mes chers enfants, je suis ravi de vous voir, mais il ne reste plus rien à vous offrir. Nous avons tout man­gé, tout bu… Les plats, les bou­teilles sont vides. Vous arri­vez trop tard. Embras­sez la mariée et retirez-vous ! »

C’est char­mant d’embrasser une mariée, rose, fraîche et jolie, mais cela ne vaut pas un gros bai­ser de cham­pagne et une déli­cieuse glace qui vous fond dans la bouche avec un goût de fraise !

Eh bien ! cette désa­gréable aven­ture allait arri­ver aux enfants qui, le matin, avaient assis­té aux céré­mo­nies reli­gieuses des noces de Cana. Ils s’é­taient tenus sage­ment durant le long office, avaient recon­duit la mariée à la mai­son du ban­quet, en por­tant non sa traîne, car elle n’en avait pas, mais des pla­teaux sur les­quels se trou­vaient du sel, de la farine, du levain, ces sym­boles de la vie ména­gère que la jeune épouse devrait mener. Puis, ils avaient été s’a­mu­ser dans un coin de la cour, en essayant de ne pas trop salir leurs robes de céré­mo­nie. À quoi jouer, quand on ne peut ni se traî­ner par terre, ni se pour­suivre, ni se battre ?

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Ne sachant trop que faire, les enfants s’é­taient appro­chés de la cui­sine et de ses dépen­dances. Ils joui­raient à l’a­vance des excel­lents mets dont ils pour­raient se réga­ler et se dis­trai­raient au spec­tacle ani­mé qui se dérou­lait sous leurs yeux. Sans cesse, l’on voyait pas­ser des ser­vi­teurs, por­tant solen­nel­le­ment de grands plats de terre cuite sur les­quels repo­sait un mou­ton rôti, avec tant de sauce autour qu’elle en dégou­li­nait et que les chiens du voi­si­nage léchaient les longues traî­nées brunes sur le sol pous­sié­reux. Des esclaves affai­rés cou­raient sans arrêt rem­plir à de grandes urnes ven­trues les brocs de , dont les invi­tés sem­blaient faire une énorme consom­ma­tion. Il faut dire qu’ils étaient très nom­breux (plus d’une cen­taine), que la cha­leur était acca­blante, et puis qu’ils étaient tous très émus : et l’é­mo­tion donne soif. Pen­sez donc, à ce mariage, c’é­tait la pre­mière fois que Jésus se mon­trait en public, et tout le monde savait que Jean-Bap­tiste, qui était très célèbre, l’a­vait décla­ré bien plus grand que lui !

Lors­qu’on ren­contre pour la pre­mière fois un impor­tant per­son­nage, l’on est tou­jours un peu angois­sé. Pour se don­ner du cou­rage, volon­tiers l’on boit un petit coup de vin. Cela fouette le sang, donne du nerf, de la verve. On se sent plus assu­ré. Puis lors­qu’on l’a vu, ce grand homme, lors­qu’on a com­pris com­bien il est simple, gen­til, accueillant, une grande joie vous enva­hit et l’on se sent si heu­reux qu’on reprend encore un petit verre de vin. Un verre de vin de fête. C’est pour­quoi les invi­tés de la noce témoi­gnaient d’une telle soif.

Le maître de la mai­son se deman­dait par­fois com­ment ses pro­vi­sions suf­fi­raient à tant de monde, mais il n’a­vait pas le temps de son­ger beau­coup à ce sou­ci, car arri­vaient encore de nou­veaux invi­tés, de nou­veaux curieux à ins­tal­ler et à faire servir.

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La sainte Vierge, (elle n’é­tait plus la jeune fille que nous avons connue, mais la maman d’un homme de trente ans), la sainte Vierge avait aus­si remar­qué la grande affluence ris­quant de com­pro­mettre la fin du fes­tin et de pri­ver les enfants de leur des­sert. Comme elle était de la famille et aidait au ser­vice, elle dis­pa­rut un ins­tant à la cui­sine et, au pas­sage, elle aver­tit les enfants de s’ap­prê­ter, car ce serait bien­tôt leur tour d’en­trer dans la salle. Cha­cun se bros­sa, repei­gna ses che­veux et alla se laver les mains près des grandes outres. Elles étaient à l’ombre des vignes, à côté des réci­pients où repo­sait le vin, mais ceux-ci étaient qua­si vides. Une urne conte­nait encore un petit fond qu’un ser­vi­teur pui­sait pour la der­nière fois. Il le fit remar­quer la sainte Vierge. Elle en parut sou­cieuse, puis eut une curieuse réponse :

« Faites tout ce qu’il vous dira », fit-elle en mon­trant Jésus dont on voyait la haute sil­houette appuyée contre la porte de la salle. D’un pas M, elle tra­ver­sa la cour inon­dée de soleil et rejoi­gnit Jésus, puis à mi-voix, elle lui glissa :

« Ils n’ont plus de vin ! Qu’est-ce qu’ils vont faire ? »

Jésus lui répon­dit tout bas :

« Je n’a­vais pas l’in­ten­tion de com­men­cer à faire des miracles dès main­te­nant… mais ne vous inquié­tez pas ».

Marie com­prit que Jésus avait pris en main la détresse de ses hôtes, qu’il s’en occu­pe­rait. Pou­vait-il résis­ter à un désir de sa maman ?

Lorsque le ser­vi­teur qui avait pui­sé dans la der­nière cruche le der­nier fond de vin pas­sa devant lui, Jésus lui dit :

« Dès que vous aurez ser­vi, rem­plis­sez d’eau toutes les outres ».

la bible racontée aux enfants : l'eau transformée en vinLe ser­vi­teur appe­la les enfants, les envoya à la fon­taine avec les usten­siles qu’on put trou­ver : et ils rem­plirent ain­si six urnes de cent vingt litres.

« Pour­quoi les rem­plir d’eau ? » se deman­dait-il ; car le vin seul fai­sait défaut. Mais un bon domes­tique doit obéir sans com­prendre et Marie avait ordon­né : « Faites tout ce qu’il vous dira » ; alors, il obéis­sait. Les enfants auraient pré­fé­ré entrer dans la salle du fes­tin ; mais Marie et Jésus les regar­daient de la porte et ils n’o­sèrent se déro­ber au ser­vice qu’on exi­geait d’eux. Lorsque les cruches furent rem­plies, ils revinrent auprès de Jésus en criant : « C’est fini ! »

Les invi­tés sur­sau­tèrent en enten­dant cette excla­ma­tion. Qu’est-ce qui était fini ? Déjà le ban­quet ? Et le maître de la mai­son se leva de table, fort inquiet.

À ce moment, Jésus disait au serviteur :

« Pui­sez dans les outres ! »

Il obéit une fois encore. Le maître du fes­tin l’ar­rê­ta au pas­sage pour voir ce qu’il por­tait et fut bien éton­né, lors­qu’il goû­ta le conte­nu de la cruche, de décou­vrir un vin frais, moel­leux, léger, si bon que jamais il n’en avait dégus­té de semblable.

Alors il se dit : « C’est fini, le mau­vais vin. Voi­ci main­te­nant un vin déli­cieux, mais quelle idée de le ser­vir le dîner presque achevé ! »

« Qu’à cela ne tienne, repar­tit la sainte Vierge. Jésus est arri­vé un peu tard : et voi­ci le cadeau qu’il vous apporte ! »

Fai­sant ouvrir bien grandes les portes, elle invi­ta les enfants à entrer. À cha­cun, elle dis­tri­bua un grand gobe­let de ce vin bien meilleur que le cham­pagne, aus­si amu­sant et sau­tillant que lui, qui, comme des abeilles autour d’une fleur, chan­tait dans les réci­pients une petite chan­son joyeuse qu’on ne com­pre­nait que dans le cœur et qui disait : « C’est le vin de Jésus ! Vive Jésus ! »

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La vie de Jésus racontée aux enfants : Le Christ mort sur la CroixROIS ans durant, la sainte Vierge sui­vit de loin Jésus.

Sa pen­sée était tou­jours occu­pée de lui. Elle enten­dait rap­por­ter les éton­nants miracles, les conver­sions, les gué­ri­sons, les résur­rec­tions qu’il accom­plis­sait. Et la haine aus­si qui le pour­sui­vait, car Jésus avait, hélas ! une foule d’en­ne­mis, jaloux de son influence, de sa bon­té, de son suc­cès. Ils ne son­geaient qu’à le faire mou­rir. Plu­sieurs fois, ils lui avaient dres­sé des embus­cades qu’­heu­reu­se­ment Jésus avait pu déjouer. C’é­tait une bien grande souf­france pour Marie que d’ap­prendre les dan­gers qui guet­taient Jésus. Volon­tiers, elle se serait offerte à sa place ; mais elle savait que lui seul pou­vait sau­ver les hommes et devait le faire au prix d’un immense sacri­fice. Lequel ? Elle l’i­gno­rait ; mais plus gran­dis­saient les rumeurs méchantes, plus son pauvre cœur se serrait.

Tout der­niè­re­ment, elle venait de connaître la rage qu’a­vait exci­tée auprès des enne­mis de Jésus sa triom­phale récep­tion à Jéru­sa­lem ; mor­due d’in­quié­tude, Marie avait quit­té son humble bour­gade et était mon­tée, elle aus­si, à Jéru­sa­lem pour voir ce qu’il allait adve­nir de son Jésus.

Le long du tra­jet, les gens s’en­tre­te­naient déjà du pro­cès. Son arres­ta­tion dans le jar­din des Olives pen­dant qu’il était en prière avec ses dis­ciples était cer­taine, mais d’autres bruits ter­ri­fiants cou­raient encore sur son compte : qu’il aurait été bat­tu, mar­ty­ri­sé, qu’on l’au­rait tiré en déri­sion, moqué, flagellé !

La pauvre sainte Vierge aurait vou­lu ne pas entendre toutes ces hor­reurs et accé­lé­rait sa marche sur la grand’­route sablée et chaude. Un homme, mon­té sur un petit âne beige, eut pitié de cette femme âgée dont l’ombre trot­ti­nait, hâtive, en ce midi acca­blant. Il des­cen­dit et lui offrit sa place. La sainte Vierge accep­ta avec grand plai­sir. Elle remer­cia l’homme d’un triste sou­rire et se lais­sa conduire par lui.

Jéru­sa­lem fut bien­tôt proche. Sur le pas des mai­sons, des hommes, des femmes et des enfants papo­taient à qui mieux mieux. Marie devi­nait trop bien ce qui éveillait leur curio­si­té et elle avait d’au­tant plus hâte de péné­trer plus avant. La cohue deve­nant trop grande, la foule trop dense, elle dut mettre pied à terre et essaya de se frayer un pas­sage à tra­vers les groupes sta­tion­nants. À un tour­nant de rue, elle demeu­ra coin­cée dans la foule déjà refou­lée le long des bor­dures des mai­sons par des sol­dats en armes. Mal­gré le tumulte, on per­ce­vait les jurons brefs des légion­naires, les ordres des offi­ciers, le pié­ti­ne­ment des chevaux.

chemin de croix adapté aux enfants : Jésus rencontre sa mèreMarie connut une atroce angoisse lorsque, der­rière les sol­dats, elle décou­vrit son Jésus, péni­ble­ment cour­bé sous le far­deau de sa croix, avec une pauvre mine tirée, des yeux las, la sueur au front et des gouttes de sang dans les cheveux.

Marie essaya de se pré­ci­pi­ter vers lui pour l’embrasser. Pri­son­nière de la foule, elle ne put s’en déga­ger. Jésus, devi­nant la pré­sence de sa mère, rele­va la tête, pen­cha sa croix un peu en avant et regar­da Marie. Dans ce regard, la sainte Vierge lut une immense ten­dresse, une volon­té ferme de souf­frir jus­qu’au bout, et une invi­ta­tion à accep­ter, elle aus­si, sa souf­france. L’en­tre­vue ne dura qu’un ins­tant ; le cor­tège ne s’é­tait pas arrê­té, car un nègre énorme fouaillait Jésus de son fouet et l’empêchait de traî­ner. Comme tout le monde se pré­ci­pi­tait der­rière les der­niers gardes, Marie sui­vit le triste cor­tège. Elle mon­ta avec lui au haut du cal­vaire, vit Jésus cloué à la croix. Elle eut mal comme si on la frap­pait elle-même.

Lorsque les curieux se furent enfin écar­tés, elle s’a­van­ça le plus près pos­sible de la croix et contem­pla Jésus.

Son cher Jésus, voi­là ce qu’en avaient fait les péchés des hommes ! Elle avait bien com­pris à l’An­non­cia­tion que ce serait une chose très dif­fi­cile que d’être la maman de Jésus, mais elle n’a­vait jamais son­gé qu’elle devrait, un jour, assis­ter à cet hor­rible spec­tacle. Ne vou­lant pas se mon­trer moins cou­ra­geuse que son fils, elle deman­da à Jésus de l’u­nir à sa souf­france autant qu’il le pou­vait. Comme s’il vou­lait immé­dia­te­ment l’exau­cer, Jésus ouvrit les yeux et, se pen­chant vers sa mère, dit en dési­gnant saint Jean du regard :

« Voi­là ton fils ! »

Puis regar­dant saint Jean, il déclara :

« Je te confie ma mère, car elle sera la tienne désormais ! »

Voici ta mère, Jésus nous confie à Marie

Saint Jean fut ravi. La sainte Vierge, qui ne s’at­ten­dait pas du tout à cette sub­sti­tu­tion — elle aimait certes Jean, mais qu’é­tait-ce en com­pa­rai­son de Jésus ? — res­sen­tit d’a­bord une ter­rible peine. Lors­qu’elle vit, der­rière le visage de saint Jean, se lever les minois de tous les enfants de la terre, les figures de toutes les grandes per­sonnes que lui seul repré­sen­tait au pied de la croix, Marie com­prit ce qu’a­vait vou­lu dire Jésus.

Son cœur se fit plus grand encore. Oubliant sa dou­leur immense, il se pen­cha vers cette foule qui atten­dait de lui la ten­dresse mater­nelle et pour tou­jours se don­na au monde.

Ain­si, la sainte Vierge, auprès de son Jésus mou­rant, devint ce qu’elle allait être pour cha­cun de nous : la maman de notre âme, notre maman du ciel.

Marie racontée aux petits. Marie monte au Ciel

La Vierge Marie après la PentecôteORSQUE mou­rut la sainte Vierge, les apôtres étaient dis­per­sés dans le vaste monde, pour­sui­vant les âmes aux­quelles ils appor­taient la nou­velle de la vie de Jésus, l’en­sei­gne­ment de sa doc­trine et l’é­ton­nant récon­fort de sa grâce. La des­cente du Saint-Esprit les avait for­ti­fiés ; cha­cun d’eux s’é­tait trou­vé plein de cou­rage, d’in­tré­pi­di­té même, pour gagner des âmes à Jésus. Comme ils étaient trop nom­breux pour tra­vailler uti­le­ment, sans se gêner les uns les autres, saint Pierre, le chef, avait déci­dé que cha­cun s’en irait de son côté. Saint Jean gar­da avec lui la sainte Vierge, puisque Jésus la lui avait confiée au moment de sa mort.

Quand il ren­trait à la mai­son, sa longue et dure jour­née de pré­di­ca­tion ache­vée, il écou­tait Marie lui racon­ter sa vie, sa vie par­fu­mée du sou­ve­nir de Jésus. Dans le soir très calme, elle lui disait, dou­ce­ment, les menus faits d’une exis­tence dont elle n’a­vait oublié aucun détail. Sa voix, quoi­qu’elle fût bien vieille, était encore légère et douce comme une voix de jeune fille, si chan­tante que les oiseaux aimaient se grou­per sur les branches du vieux magno­lia rose qui ombra­geait la porte, et demeu­rer de longues heures pen­dant qu’elle racontait.

La nuit, len­te­ment, recou­vrait la terre de son man­teau si usé, tant il avait déjà ser­vi, que les étoiles, minus­cules et apeu­rées, se fau­fi­laient par les trous. De grandes lucioles phos­pho­res­centes accro­chaient à chaque fleur un petit lam­pion vivant, et le vent, qui cou­rait dans les feuilles pour les débar­ras­ser de la pous­sière de la jour­née avant le som­meil noc­turne, s’ar­rê­tait, lui aus­si, dans son tra­vail. Res­pec­tueu­se­ment, il se chan­geait en brise légère et embau­mée pour cares­ser, de loin, les blancs che­veux et le front pur de Marie.

Un soir, elle se trou­va plus lasse que d’ha­bi­tude et une étrange joie l’en­va­hit. Lorsque Jean vint la retrou­ver pour leur col­loque habi­tuel, elle lui confia que, cette fois, elle ne par­le­rait plus de Jésus, car elle allait le rejoindre, et son visage était trans­fi­gu­ré par cet espoir. Jean fut triste de savoir Marie si proche de le quit­ter. Il n’es­saya pas de la rete­nir, car il l’ai­mait assez pour sou­hai­ter, avant tout, ce qui lui ferait plai­sir. Il n’é­tait pas égoïste et com­pre­nait que ce serait pour la sainte Vierge une mer­veilleuse fête que sa mort. Il lui recom­man­da, une fois encore, toutes ses inten­tions, l’ai­da à s’é­tendre sur sa couche et la recou­vrit de son man­teau. Marie le remer­cia, lui pro­mit de ne rien oublier et lui sou­hai­ta une bonne nuit.

Demeu­rée seule, elle se sen­tit heu­reuse comme jamais elle ne l’a­vait été au cours de sa longue vie. Elle fer­ma les yeux pour savou­rer son bon­heur et, quand elle les rou­vrit, elle vit devant elle, beau comme au jour où il l’a­vait quit­tée pour com­men­cer son minis­tère, son Jésus qui lui ten­dait les bras.

« Viens, lui dit-il, ô ma maman de la terre ! Bénie entre toutes les femmes, je veux qu’a­vec moi tu connaisses la gloire et la joie de mon ciel ».

Se pen­chant sur elle, il la prit dans ses bras. Marie enten­dit contre son oreille battre le cœur de Jésus, ce cœur qu’elle avait tant aimé. Elle devi­na qu’il l’emportait, elle n’eut pas peur. Que craindre avec Jésus ?

Marie Reine du Ciel : l'Assomption

Entr’ou­vrant les yeux, elle vit filer, sous elle, de petits nuages roses, pres­sés de ren­trer au logis pour racon­ter aux gros nuages noirs l’é­ton­nante nou­velle, qu’ils redi­raient à la terre par les mille voix de la pluie.

Son cœur vou­lait s’en­vo­ler de sa poi­trine comme un oiseau hors de sa cage.

Elle pen­sa : « Vole, mon cœur ! Vole près de Dieu ! »

À cet ins­tant, son cœur l’a­ban­don­na ; son âme quit­ta ce corps qu’emportait Jésus, le devan­çant dans le ciel. Bien­tôt l’âme et le corps se rejoi­gnirent. Jésus dépo­sa sa Mère auprès du trône de Dieu le Père, si éblouis­sant que Marie ne put Le regar­der. Pour voi­ler cette majes­té insou­te­nable, Jésus se pla­ça entre Marie et Dieu le Père, et c’est par Jésus qu’elle ren­con­tra, en ce matin tout neuf de son , le Bon Dieu que nous ne trou­vons, nous aus­si, qu’en pas­sant par Jésus.

Les anges s’é­taient pré­ci­pi­tés en foule à sa ren­contre. Autour d’elle, ils éta­laient leurs plumes blanches, soyeuses et légères comme de la neige. Les Trônes lui pous­sèrent un siège juste devant Jésus.

Marie ne savait com­ment mon­trer sa joie. Son cœur chan­tait un can­tique de recon­nais­sance et d’al­lé­gresse, et les anges se turent à cette mélo­die bien plus suave que la leur. Ce que Marie disait, c’é­tait sa vie, sa vie d’humble ser­vante du Bon Dieu. Toute sa vie de femme, de créa­ture mon­tait à ses lèvres en ce chant d’ex­tase appor­tant dans le ciel cette unique mélo­die : la voix humaine, ombrée de peines, de luttes et de san­glots, de ces peines et de ces dou­leurs que les anges ne connaissent pas. D’en­tendre, dans le chant de Marie, vibrer le sou­ve­nir des heures tristes et dou­lou­reuses, chan­gées par la grâce en heures de lumière et de joie, leur fit com­prendre qu’être un homme, rache­té par le Christ et tout don­né à Lui, c’est encore bien plus beau que d’être un ange, car c’est plus difficile.

Alors, les anges déci­dèrent qu’à l’a­ve­nir, ils tâche­raient d’ai­der davan­tage les hommes, d’en être les plus fidèles gar­diens dans les che­mins dan­ge­reux de la vie, de leur souf­fler les bonnes pen­sées, celles qui font rele­ver vers la lumière les yeux noyés de larmes.

Ce fut la pre­mière grâce de Marie.

Depuis lors, tout près de Dieu, elle en répand bien d’autres, car elle nous regarde et nous aime.

Nos peines et nos joies, elle les cueille entre ses blanches mains et les pré­sente à Jésus. N’est-elle pas toute-puis­sante sur son cœur ? N’est-elle pas sa maman et la nôtre ?

Et lorsque sur le ciel lourd de nuées sombres, un peu de fir­ma­ment se découvre, c’est elle encore qui, dérou­lant un pan de sa cein­ture bleue, nous montre qu’elle est et sera tou­jours là : « main­te­nant et à l’heure de notre mort ».

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4 Commentaires

  1. Pincemaille a dit :

    Mes­sieurs,
    Comme je vous l’ai dit, je pos­sède ce livre.
    Par­ve­nue au cré­pus­cule de ma vie (j’ai 70 ans), je ne me sou­ve­nais, dans ce joli petit livre lu il y a tant et tant d’an­nées, que d’une des der­nières phrases : « Être un homme rache­té par le Christ et tout don­né à Lui, c’est encore bien plus beau que d’être un ange, car c’est plus difficile » !
    Mer­ci pour ce rap­pel si émou­vant – et pas seule­ment parce qu’il me rap­pelle mon enfance – émou­vant parce que, comme l’in­dique le titre, cette His­toire est si Simple, si Simple ! qu’elle aurait pu n’être jamais contée si le Fils de Marie n’a­vait pas été le SAUVEUR DU MONDE !
    Encore MERCI à vous tous. Amitiés.

    17 août 2015
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    • Le Raconteur a dit :

      Mer­ci à vous pour ces mots pleins de fraîcheur.

      20 août 2015
      Répondre
  2. Aripott a dit :

    Quel dom­mage que la résur­rec­tion ne fasse pas par­tie de votre très jolie his­toire. . C’est quand même la base de notre foi. Et puis l’ap­pa­ri­tion de Jésus res­sus­ci­té à sa mere est aus­si un joli moment de ten­dresse et d’in­ti­mi­té qui, bien que pas rela­té dans les Evan­giles, fait par­tie de notre tradition.
    Mer­ci pour cette super his­toire à racon­ter aux enfants et bien illustrée

    12 novembre 2015
    Répondre
    • Le Raconteur a dit :

      Oui, j’a­vais noté cette absence… Mais je modi­fie très rare­ment les textes que je publie. 

      On pour­rait aus­si cri­ti­quer le long déve­lop­pe­ment sur l’en­fance de Marie issu des textes apo­cryphes ; alors que toutes les évo­ca­tions de Marie de l’É­van­gile ne sont pas pré­sentes dans cet ouvrage.

      17 novembre 2015
      Répondre

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