C’est une histoire vraie.
Au temps de la Seigneurerie de Sienne, au 14e siècle, Nicolas le brigand avait tant commis de crimes que le seigneur de la cité le fit arrêter, condamner : Nicolas Tuldo aurait la tête tranchée.
Or, au même temps, vivait à Sienne, Catherine la douce, la pieuse, la sainte. Catherine s’en fut à la prison visiter le condamné. Elle lui parla si bien de Dieu que le malheureux, regrettant ses crimes, s’en confessa humblement à Messire l’Aumônier qui lui en donna pardon de la part de Monseigneur Dieu. Dès lors, Nicolas en sa prison fut en paix : libéré de ses péchés, rentré dans l’amitié de Dieu, il attendait la mort tranquillement : n’était-il pas pardonné, lavé, redevenu fils aimé de Dieu ? La mort, dès lors, n’avait pas de quoi l’épouvanter…
Cependant, les bonnes gens de Sienne disaient :
- Puisqu’il regrette ses crimes, Monseigneur le Duc va peut-être le gracier ?
Nenni !…
Au jour fixé, Nicolas monta à l’échafaud. Catherine était là avec Messire l’Aumônier.
- Repentez-vous de vos fautes, Nicolas, et songez que vous en avez reçu le pardon de Dieu…
Nicolas était en paix.
Sa tête tomba, comme il avait été décidé…
Et les habitants de Sienne de se demander :
- Pourquoi Dieu, si bon, a‑t-il laissé exécuter Nicolas qui regrettait ses crimes si humblement ?
***
Ainsi murmuraient les bonnes gens de Sienne…
Mais Catherine la sainte, souriait doucement : Nicolas, mourant en de si bons sentiments, n’avait-il point gagné le Paradis ? Gracié, qui sait s’il ne fut pas retombé en de nouveaux crimes ?
Ainsi répondait Catherine, car Dieu, en son cœur lui avait dit :
« Tu m’avais prié de pourvoir au cas de Nicolas ; j’y ai pourvu. J’ai rétabli cet homme en son état (de grâce), sans péril de mort (sans qu’il ne soit tenté de commettre un nouveau péché mortel, puisque la mort le fixait dans la grâce) ».
Et lorsque murmuraient encore les braves gens, Catherine hochait la tête et souriait : les saints comprennent mieux que les autres les secrets de Dieu…
Rose Dardennes
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