La merveilleuse visite à la Salette

Auteur : Filloux, H. | Ouvrage : Au Cœur des Grandes Alpes. Dauphiné et Savoie .

Temps de lec­ture : 4 minutes

Au bord du lac

Qu’elle est belle, cette route Napo­léon ! Elle longe le beau lac de Laf­frey, aux reflets d’a­zur… Voi­ci main­te­nant le lac de Péti­chet moi­ré d’argent, plus loin, le lac de Pierre-Châ­tel plein de mys­tère, par­mi le chu­cho­te­ment des roseaux. N’est-ce pas une bonne grand mère, qui rentre, char­gée de bois mort, dans le soir tombant ?

— Grand’­mère, il doit en pas­ser des autos sur la route !

GRAND-MÈRE. — L’é­té, ça ne cesse pas. Si vous aviez été ici, l’autre année, en sep­tembre, vous en auriez comp­té des mille. C’é­tait le Cen­te­naire de .

FRANÇOISE. — Qu’est-ce que la Salette ?

Grand-mère racontant l'histoire de la Salette aux enfantsGRAND-MÈRE. — Une haute mon­tagne, à près de deux mille mètres et bien sau­vage. Quelques prai­ries avec beau­coup de pierres et de rochers. Pas un arbre, pas un buis­son. Et tout là-haut, une magni­fique église où l’on vient de par­tout prier . Ah ! j’y suis allée tant de fois quand j’é­tais jeune. On se met­tait en route, avant le soleil, à pied, par les sen­tiers de la mon­tagne, en chan­tant des can­tiques. Ces veillées en plein air, ces pro­ces­sions aux flam­beaux, c’é­tait très beau !

ANNE-MARIE. — Pour­quoi a‑t-on bâti une église si haut ?

GRAND-MÈRE. — C’est une mer­veilleuse his­toire. Ren­trez donc. Mon four­neau est « éclai­ré ». Nous serons mieux au chaud. Et je m’en vais « puis » vous faire une – « pogne »[1]. Vous goû­te­rez ça !

La merveilleuse visite

Histoire de la Salette pour le catéchisme 1846. — Une claire jour­née de soleil. Près du ruis­seau, deux petits ber­gers gardent leurs trou­peaux : Maxi­min et Méla­nie. Ils des­cendent la pente en courant.

Tout à coup, Méla­nie s’ar­rête, appelle Maximin.

— Viens vite ! viens voir ! une grande clar­té, là !

Dans la grande lumière, plus écla­tante que le soleil, une Dame vient d’ap­pa­raître. Elle est assise, vêtue comme une pay­sanne, mais elle porte un dia­dème de Reine. La tête dans ses mains, elle pleure…

Les enfants ont peur, mais voi­ci que la Dame se lève et croise les bras. Elle est tout enve­lop­pée de lumière et son visage rayonne. Elle regarde les petits avec tant de bon­té, sa voie est si douce qu’ils se sentent rassurés.

Récit des apparitions de La Salette pour les petits« Avan­cez, mes enfants, n’ayez pas peur. Je suis ici pour vous conter une Grande Nou­velle. »

Maxi­min et Méla­nie s’ap­prochent. La Dame parle et les enfants écoutent ses paroles, de bien graves paroles.

« Si mon peuple ne veut pas sou­mettre, je suis for­cée de lais­ser aller le bras de mon Fils… Et mon peuple va pleurer.

Des yeux de la Belle Dame, des larmes coulent…

« Je vous ai don­né six jours pour tra­vailler. Je me suis réser­vé le sep­tième et on ne veut pas me l’ac­cor­der… Et aus­si ceux qui mènent les char­rettes ne savent pas jurer sans mettre le nom de mon Fils au milieu… Ce sont les deux choses qui appe­san­tissent tant le bras de mon Fils… Il vien­dra une grande famine.

S’ils se conver­tissent, les pierres et les rochers devien­dront des mon­ceaux de blé…

— Dites-moi, mes enfants, faites-vous bien votre prière ?

— Pas bien, Madame.

— Il faut bien la faire, mes enfants, soir et matin… Allons, mes enfants, faites pas­ser mon mes­sage à tout mon peuple… »

Enve­lop­pée d lumière, la Dame remonte le ravin, effleu­rant l’herbe à peine.

Les enfants la suivent, ravis de sa beauté…

Elle s’é­lève dou­ce­ment et, bien­tôt dis­pa­raît lais­sant les enfants dans l’émerveillement.

La Sainte Vierge apparait aux enfants à La Salette

  1. [1] Pogne, sorte de brioche.

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