La Confirmation

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : À la découverte de la liturgie avec Bernard et Colette .

Temps de lec­ture : 13 minutes

Chapitre XI

Vacances de Pâques ! Qui dira ce que ces trois mots contiennent de joie ?

L’hi­ver est pas­sé. Les petites pri­me­vères blanches ou roses étalent leurs grosses touffes dans la mousse ; les per­venches courent à tra­vers le lierre, sous les bois. Il y a de gros bour­geons dodus au bout des branches de lilas, et les carillons de la fête de Pâques se répondent, légers, joyeux, aériens, d’un clo­cher à l’autre.

Depuis hier, la petite mai­son fami­liale est de nou­veau rem­plie d’hôtes tapa­geurs, dont les rires fusent par les fenêtres ouvertes. Papa lui-même a huit jours de repos… Vrai­ment c’est « vacances, vacances de Pâques, vacances du prin­temps joli ».

Elles ont été pré­cé­dées de mys­té­rieuses confé­rences entre maman et M. le curé, et l’on a vu réap­pa­raître, sur la place de l’é­glise, la rou­lotte et ses habitants.

Puis, un jour, maman a réuni André et Nono et leur a tenu ce langage :

— Mes enfants, je ne vous apprends pas que Mon­sei­gneur va venir dans trois semaines, ici même, don­ner la . M. le Curé a tou­jours pen­sé, mon petit André, que tu la rece­vrais et il t’a déjà pré­pa­ré en consé­quence ; mais il a déci­dé, puisque les cir­cons­tances font que la céré­mo­nie a lieu dans notre vieille église, que Nono sera bap­ti­sé le lun­di de Pâques et qu’en­suite il sera confir­mé avec toi. Il s’a­git de nous mettre cou­ra­geu­se­ment à l’ou­vrage pour dis­po­ser vos âmes à la venue du Saint-Esprit, et je compte sur toi, André, pour aider ton petit ami.

C’est pour­quoi, ce soir, les deux petits gars sont assis, le dos appuyé à de gros troncs d’arbres, répé­tant inlas­sa­ble­ment ques­tions et réponses de leur leçon spé­ciale sur la Confir­ma­tion. Pier­rot, très inté­res­sé, a deman­dé à se joindre à eux. Il est en veine de grand cou­rage, car la pre­mière Messe d’Y­von approche, et alors !…

Tout à coup, Nono fait un geste décou­ra­gé et laisse tom­ber son livre dans l’herbe :

— Je ne sau­rai jamais tout, dit-il le cœur gros. Je sens bien que je n’au­rais pas tant de peine à rete­nir les mots si je les com­pre­nais mieux. Essaie donc d’ex­pli­quer, toi, André, ce que M. le curé a dit.

Mais André, qui se croyait pour­tant bien sûr de son affaire, s’embrouille com­plè­te­ment, et les trois petits se regardent avec inquié­tude. Ils sont de si bonne volonté !

— Tiens, dit Pier­rot, que nous sommes bêtes ! Il suf­fit d’al­ler cher­cher maman.

— Ins­tan­ta­né­ment les visages se ras­sé­rènent. Pier­rot court à la recherche du « sau­veur » et revient bien­tôt, triom­phant, tenant sa mère par la main.

— Alors, mes pauvres petits, ça ne va pas ?

André répond :

— Non, madame, pas du tout. Quand on veut répé­ter ce qu’a expli­qué M. le curé, on dit tout à l’en­vers, comme si on ne savait plus rien. On se sou­vient bien pour­tant que la Confir­ma­tion nous don­ne­ra le Saint-Esprit, la troi­sième Per­sonne de la Sainte Tri­ni­té, donc le Bon Dieu lui-même, et aus­si que ce sacre­ment nous for­ti­fie­ra, fera de nous des sol­dats du Christ ; mais la céré­mo­nie, tout ce que dira l’é­vêque, je croyais l’a­voir com­pris, et puis, quand il faut le dire… impossible !

— Repre­nons ensemble, bien tran­quille­ment, vou­lez-vous ? Et d’a­bord il est enten­du, comme tu viens de le dire, que c’est l’é­vêque qui donne le sacre­ment de Confir­ma­tion, ensuite que, ce sacre­ment mar­quant notre âme d’un carac­tère inef­fa­çable, on ne peut le rece­voir qu’une fois. Inutile de rap­pe­ler que nous devons être en état de grâce pour par­ti­ci­per à ce grand acte. Ceci dit, voyons un peu com­ment va se dérou­ler la cérémonie.

André sent, comme par enchan­te­ment, la mémoire qui lui revient.

— Oh ! madame, d’a­bord M. le curé ira au-devant de Mon­sei­gneur, jus­qu’à la porte de l’é­glise, pour le rece­voir ; on chan­te­ra un can­tique en latin qui veut dire : « Béni soit celui qui vient au nom du Sei­gneur. » On a répé­té ça cent fois à l’har­mo­nium, cette semaine. Et puis, Mon­sei­gneur se met­tra à genoux, sur un beau prie-Dieu de velours rouge, dans le milieu du chœur, et il enton­ne­ra le Veni Crea­tor, qu’on chan­te­ra tous. On le sait très, très bien.

Nono est ahu­ri de la science subite de son cama­rade, et maman sou­rit devant une pareille volu­bi­li­té. Elle demande finement :

— Est-ce que ceci fait par­tie des rites néces­saires à la Confirmation ?

Cette fois, André reste bouche bée, et maman reprend :

— Non, ces rites ne com­mencent qu’a­près le chant du Veni Crea­tor, qui est une pré­pa­ra­tion à la céré­mo­nie qui va suivre.

Explication du sacrement de Confirmation pour les enfants du catéchisme
C’est l’é­vêque qui donne le sacre­ment de Confirmation.

— Oh ! madame, sup­plie Nono, Veni Crea­tor, c’est quoi ?

— Une très belle prière au Saint-Esprit, qu’on chante le jour de la et dans les cir­cons­tances impor­tantes. C’est comme un appel au divin Esprit. On lui demande son secours, comme au meilleur des conso­la­teurs, comme à la Source vive de l’A­mour de Dieu.

Une source, tu sais bien ce que c’est, Nono : quand on a soif et que la source est bien pure, on y puise l’eau avec joie. Et quand notre âme a soif d’ai­mer le Bon Dieu, la source de l’A­mour, c’est le Saint-Esprit.

Après le chant du Veni Crea­tor, Mon­sei­gneur vous pose­ra ou vous fera poser quelques ques­tions, pour voir si vous êtes bien pré­pa­rés, puis il vous adres­se­ra un petit sermon.

C’est alors que les rites de la Confir­ma­tion com­mencent par « l’im­po­si­tion des mains ». L’é­vêque dit d’a­bord : « Que l’Es­prit-Saint des­cende sur vous et que la ver­tu du Très-Haut vous garde de tout péché. » Puis, après de courts ver­sets, qui reviennent sans cesse dans les offices, Mon­sei­gneur éten­dra les mains au-des­sus de vos têtes. Vous vous incli­ne­rez res­pec­tueu­se­ment, étant à genoux, car, en cet ins­tant solen­nel, l’é­vêque appel­le­ra sur vos âmes la venue du Saint-Esprit et de ses dons.

Il dira : « Dieu tout-puis­sant et éter­nel, qui avez dai­gné régé­né­rer par l’eau et le Saint-Esprit vos ser­vi­teurs ici pré­sents, et qui leur avez accor­dé la rémis­sion de leurs péchés, envoyez-leur du haut du Ciel l’Au­teur des sept dons, votre Esprit-Saint Conso­la­teur. » Et l’é­vêque nom­me­ra deux à deux les dons divins : Esprit de Sagesse et d’Intel­li­gence, — Esprit de Conseil et de Force, — Esprit de Science et de Pié­té. À cha­cun de ces appels, le cler­gé répond : Amen. (Ain­si soit-il.)

Mon­sei­gneur ter­mi­ne­ra l’in­vo­ca­tion par cette prière : « Rem­plis­sez-les de l’Es­prit de votre Crainte, et mar­quez-les du signe de la Croix du Christ, pour la vie éter­nelle. Par le même Jésus-Christ, votre fils, Notre-Seigneur. »

Nono et Pier­rot ont les yeux rivés sur ceux de maman. Ce doit être bien beau ce qu’elle dit là, mais ça les dépasse com­plè­te­ment. Les , qu’est-ce que cela peut bien vou­loir dire ?

Maman devine leur embarras :

— Si je te donne quelque chose, Pier­rot, je te fais un don, un cadeau. Seule­ment, moi, je ne peux te don­ner que ce que j’ai : les choses de la terre ; ça n’a pas grande valeur. Tan­dis que Dieu, le Saint-Esprit, nous donne ses tré­sors à Lui, des tré­sors sur­na­tu­rels, qui nous enri­chissent pour l’é­ter­ni­té. Le tré­sor de la Sagesse, pour por­ter nos cœurs à aimer Dieu et à tout faire pour son amour ; de l’Intel­li­gence, pour nous aider à bien com­prendre les véri­tés qu’Il nous a révé­lées ; de Conseil, pour nous per­mettre de choi­sir avec pru­dence ce que nous devons faire ; de Force, pour nous don­ner le cou­rage de ser­vir Dieu sans flé­chir, même devant la mort ; de Science, pour nous faire dis­cer­ner ce qui est vrai et ce qui est faux ; de Pié­té, pour nous ins­pi­rer des sen­ti­ments d’en­fants de Dieu, sur­tout dans la prière ; de Crainte, pour que nous n’ayons plus peur de rien, que du péché qui déplait à Dieu et de l’en­fer qui sépare de Lui. Voi­là les cadeaux du Saint-Esprit.

— Il nous les don­ne­ra vrai­ment ? demande Nono, qui a peur que ce soit trop beau pour être vrai.

— Abso­lu­ment, mon petit. Dès ton bap­tême, tu rece­vras la visite du Saint-Esprit ; mais, à la Confir­ma­tion, il t’ap­por­te­ra ses dons d’une manière plus com­plète encore. Cepen­dant, écoute bien, la céré­mo­nie de la Confir­ma­tion ne se ter­mine pas là.

André inter­rompt :

— Oh ! non, non, madame, je sais. Nous aurons, comme au bap­tême, un par­rain et une mar­raine. On nous fera mettre à genoux devant Mon­sei­gneur, le par­rain pose­ra sa main sur l’é­paule des gar­çons, à tour de rôle, et la mar­raine sur l’é­paule des filles, comme pour nous ser­vir de témoins ; et puis, l’é­vêque nous appel­le­ra d’un nom nou­veau, que nous aurons choi­si, et il nous fera une onc­tion sur le front, en forme de croix, avec le .

— Pas si vite, grogne Pier­rot, tu parles main­te­nant comme un mou­lin à vent ; d’a­bord, attends qu’on sache pour­quoi on aura un nou­veau nom. Est-ce que tu crois, par hasard, que je m’en doute ?

Maman s’a­muse au milieu de ses petits hommes. Elle précise :

— Hé bien ! voi­là ! La Confir­ma­tion fai­sant de vous des chré­tiens par­faits, for­ti­fiés, « confir­més » dans la Foi, c’est comme une vie nou­velle que vous com­men­cez, et c’est pour­quoi l’on vous donne un nom nouveau.

— Et puis, une onc­tion, dit Nono, c’est quoi ?

— Un signe visible que vous ver­rez, que vous sen­ti­rez. L’é­vêque fera, sur votre front, le signe de la Croix avec le saint Chrême. Le saint Chrême, André le sait par cœur, est un mélange d’huile d’o­live et de baume consa­cré par l’é­vêque le Jeu­di saint.

— Maman, réclame Pier­rot, redites-nous encore pour qu’on sache mieux. Pour­quoi est-ce qu’on a choi­si de l’huile pour le saint Chrême ?

— Parce que l’huile a toutes les pro­prié­tés sym­bo­liques, c’est-à-dire qui repré­sentent la grâce que l’É­glise a atta­chée à sa consécration.

Com­prends bien : l’huile pénètre, adou­cit, for­ti­fie les corps. L’onc­tion du saint Chrême agit de même dans l’âme. Le Saint-Esprit qui sur­vient dans cette âme la pénètre, l’envahit.

Coloriage de confirmation - l'évêque confirme des enfants
Il nous fera une onc­tion sur le front, en forme de croix.

La grâce de la Confir­ma­tion rend aus­si notre âme plus douce, plus souple, plus docile à la volon­té de Dieu, plus forte, plus cou­ra­geuse et plus fière dans la pra­tique de notre Foi.

Enfin, l’huile, en brû­lant, pro­duit la lumière ; de même, encore, la grâce appor­tée par la Confir­ma­tion nous éclaire, nous guide, illu­mine notre vie.

Dans le saint Chrême, à l’huile se joint le baume, sorte d’onguent par­fu­mé, qui indique que nous devons por­ter en nous une bon­té, une dou­ceur, un charme chré­tiens, qui soient comme le par­fum de notre Foi.

Je vous répète, en y insis­tant, mes petits, que l’onc­tion du saint Chrême se fait en forme de croix. Tu sais pour­quoi, Pierrot ?

Très fier, petit Pierre se redresse pour répondre, car depuis qu’il s’ap­plique, il a appris tant de choses !

— Parce que la Croix, c’est le signe du chré­tien ; et quand on sera confir­mé, on aura le cou­rage pour défendre la Croix, même si, pour ça, il faut mourir.

— Par­fait, mon ché­ri ! Mais, sans aller jus­qu’au mar­tyre, la vie vous four­ni­ra l’oc­ca­sion de sup­por­ter pour le Bon Dieu bien des souf­frances, bien des humi­lia­tions ; c’est ce que l’é­vêque indi­que­ra à la fin en vous don­nant sur la joue un léger soufflet.

Vous sou­ve­nez-vous que, pour être armés che­va­liers, les croi­sés du moyen âge rece­vaient sur l’é­paule un coup de plat de sabre ? C’é­tait aus­si un sym­bole, un appel à tout souf­frir pour de belles causes. Or il n’en est pas de plus belle que la cause de Dieu.

Et l’é­vêque en fai­sant l’onc­tion pro­non­ce­ra les paroles consti­tuant la forme du sacre­ment : Il vous dira : « (Un tel), je vous marque du signe de la Croix, et je vous confirme par le Chrême du salut. Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »

— Ça sera fini alors ? demande petit Pierre.

— Pas tout à fait. Un prêtre essuie­ra cha­cun de vos fronts, là où a été dépo­sé le saint Chrême. Mon­sei­gneur, lui-même, s’es­suie­ra le pouce avec de la mie de pain et se lave­ra les mains. Il réci­te­ra encore des ver­sets et une orai­son, don­ne­ra une béné­dic­tion, puis, comme au bap­tême, on deman­de­ra aux nou­veaux confir­més d’af­fir­mer leur Foi publi­que­ment, et vous réci­te­rez tout haut, de toute votre âme, le Cre­do, le Pater et l’Ave.

— Alors, dit Nono, qui n’a ces­sé de réflé­chir et dont on suit constam­ment l’ef­fort, alors, puisque la Confir­ma­tion ne se reçoit qu’une fois, le Saint-Esprit qu’elle nous donne, on le garde toujours ?

— Tou­jours, dans notre âme, tant qu’une faute grave ne l’en chasse pas ; mais, même si, par mal­heur, le péché mor­tel éloi­gnait de nous le Saint-Esprit, le carac­tère de notre Confir­ma­tion, comme le carac­tère de notre Bap­tême, res­te­rait mar­qué dans notre âme. Ils res­tent jus­qu’en enfer, où ces signes font le déses­poir des damnés.

— Pour­quoi leur déses­poir ? demande Pier­rot tout effrayé.

— Parce que ces marques inef­fa­çables demeurent la preuve des grâces immenses, divines, faites au chré­tien, et donc, de la res­pon­sa­bi­li­té ter­rible qu’il a encou­rue en péchant. Des carac­tères gra­vés dans la cire, le marbre, le gra­nit, peuvent à la longue s’ef­fa­cer, tan­dis que celui que le Saint-Esprit a gra­vé dans notre âme y demeu­re­ra éter­nel­le­ment, pour notre bon­heur ou pour notre mal­heur. Le dam­né ne pour­ra jamais se dire « J’ai péché parce que j’é­tais sans force, sans secours. » Il sera obli­gé d’a­vouer : « J’ai péché mal­gré les grâces, la force, le secours appor­tés par mon Bap­tême et ma Confirmation. »

— Il n’y a qu’à ne pas pécher, déclare petit Pierre vic­to­rieu­se­ment. On ne va pas en enfer si on ne veut pas.

— À la bonne heure, mon ché­ri. Et celui qui for­ti­fie­ra notre volon­té, pour nous aider à évi­ter le péché, sera jus­te­ment le Saint-Esprit.


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