C’est à Florence, dans une riche famille bourgeoise que naquit en 1515 saint Philippe Néri. Dès son plus jeune âge, il pratiqua les vertus chrétiennes. Sa ferveur, son humilité, sa douceur et son affabilité le firent aimer de tous et on l’appelait communément « Le bon Philippe ».
Un des plus savants hommes de son siècle
Il reçut une éducation soignée, et à dix-huit ans, après de sérieuses études, on l’envoya chez un de ses oncles, un très riche marchand qui voulait le faire hériter de tous ses biens, qui étaient considérables. Mais, au bout de deux ans, il quitta son oncle se sentant appelé par une vie de perfection toute dirigée vers Jésus-Christ. Il alla à Rome sans argent et sans but bien précis. Un gentilhomme florentin le prit chez lui pour élever ses deux fils, car il avait discerné ses bonnes manières et ses précieuses vertus. Il n’accepta qu’une modeste chambre dans laquelle il vécut très pauvrement. Le jeune homme consacra ses loisirs à l’étude de la philosophie et de la théologie. C’était un esprit très cultivé, aussi ses compagnons d’étude recherchaient son amitié avec empressement, mais il restait toujours réservé, craignant de perdre un temps précieux qu’il voulait employer à la prière et à la méditation, aussi ne leur accordait-il que ce que la charité et son devoir lui commandaient. Il compléta ses connaissances par l’approfondissement des Saintes Écritures, des Pères de l’Église et du droit canon. L’étendue de son érudition était telle que ses contemporains le prenaient pour l’un des plus savants hommes de son siècle.
Il s’élevait dans le chemin de la sainteté, mais ce ne fut pas sans combat car le démon l’assaillait par de violentes tentations d’impureté, parfois même il lui apparaissait menaçant sous des formes horribles ce qui loin d’abattre son courage ne fit qu’augmenter son ardeur. La mortification des sens qu’il pratiquait était absolue et s’étendait jusqu’aux plus petites choses, il répétait souvent : Il est nécessaire de se mortifier dans les choses mêmes qui ne paraissent que bagatelles, car par là on s’accoutume à vaincre dans les grands combats.
Soyez gais…
A l’âge de vingt-trois ans, il vendit ses livres, en donna le prix aux pauvres, désirant s’unir par la prière plus parfaitement à Jésus-Christ. Dans l’oraison, il recevait des grâces extraordinaires. On l’entendait dire, dans un excès de joie : O mon Dieu, puisque vous êtes si aimable, pourquoi ne m’avoir donné qu’un cœur pour vous aimer ? Pourquoi du moins ce cœur est-il si petit et si étroit ?
Dévoré par le zèle apostolique, Philippe Néri se mit à fréquenter les places publiques, et à chercher toutes les occasions de gagner des âmes à Jésus. Il avait une connaissance de la jeunesse qui lui permettait d’avoir beaucoup d’ascendant sur les jeunes gens. Grâce à ses bonnes manières, à son enjouement, à sa familiarité, on le voyait dans les rues de Rome entouré par un bon nombre d’adolescents, il avait le mot juste pour tous. Souvent il les conduisait à la campagne environnante pour les y faire jouer. Soyez gais, disait-il aux enfants, et n’ayez là-dessus aucun scrupule. Il opéra un grand nombre de conversions.
Renversé par un carrosse…
Il visita les hôpitaux, soigna les malades. Les larmes lui venaient aux yeux lorsqu’il considérait le refroidissement de la charité par rapport aux pauvres malades. Il assistait aussi les malheureux dans les différents quartiers de la ville. Il voulait faire l’aumône secrètement. Une nuit selon sa coutume, il portait quelques provisions de vivres. Il rencontra un carrosse sur son chemin et, voulant lui faire place, il tomba dans une fosse assez profonde, mais son ange veillait sur lui, Dieu ne permit pas qu’il fût blessé dans sa chute.
Au secours des pèlerins
A cette époque on venait de toute l’Europe chrétienne à Rome pour prier sur les tombeaux des premiers papes et des martyrs. C’était une très rude épreuve pour les pèlerins qui parcouraient à pieds de longues étapes par tous les temps, ne trouvant pas toujours sur leur chemin des vivres et des gîtes. Certains mouraient en cours de route, ceux qui arrivaient étaient toujours épuisés et avaient besoin de refaire leurs forces. C’est à leur intention et à celle de tous les autres malheureux qu’il fonda la confrérie de la Sainte Trinité : œuvre charitable qui se développa très rapidement dans des locaux de plus en plus grands. On ne se borna pas à donner l’hospitalité aux pauvres étrangers, mais on accueillit les convalescents, qui, sortant des hôpitaux, n’avaient pas la nourriture convenable pour se rétablir tout à fait. Il pourvut à tout avec une sagesse admirable. Quel lieu privilégié pour faire de l’apostolat ! Tout en soignant et servant les corps il s’occupait des âmes. Il faisait des discours de piété. Chaque jour il tenait des conférences spirituelles qui produisirent des fruits merveilleux, un grand nombre de pécheurs se convertirent, d’autres furent affermis dans la foi. Il fit construire plus tard un hôpital très important où des cardinaux et des princes ainsi que de nombreux chrétiens lavaient les pieds des pèlerins et les servaient ensuite avec affection. Des dames riches et nobles venaient également apporter des soins aux malades. Quelques années après sa mort, durant le jubilé de 1600, l’œuvre a pu accueillir et nourrir pendant trois jours plus de quatre cent mille pèlerins.
Une messe qui dure deux heures…
Son humilité le portait à passer toute sa vie à l’état laïque mais son confesseur, Persian Rosa, lui dit un jour : Philippe, il faut maintenant que vous pensiez à la prêtrise.
— Mais je n’en suis pas digne !
— Qui en est digne ? Prêtre vous servirez encore plus utilement l’Église de Jésus-Christ.
C’était un ordre. Par obéissance il reçut la prêtrise à l’âge de trente-six ans. Après son ordination, il se retira dans la communauté des prêtres de Saint-Jérôme. Pendant sa première messe son âme reçut des consolations extraordinaires, son émotion était telle, surtout à l’élévation et à la communion, que ses mains et tout son corps tremblaient. Pour ne pas défaillir, il dut s’appuyer sur l’autel. Souvent il avait des extases, sa messe alors durait deux heures, pour cette raison, à la fin de sa vie il se détermina à célébrer dans une chapelle privée.
Il crée les prêtres de l’Oratoire
Il rêva de partir dans les lointaines missions d’Extrême-Orient. Ayant pour cela consulté un saint religieux, il reçut de lui cette réponse : « Philippe ne doit chercher les Indes qu’à Rome, et c’est là que Dieu le destine, lui et ses fils, à sauver les âmes. » Il fut chargé par ses supérieurs du soin d’entendre les confessions des fidèles. Il passait des journées entières au confessionnal ; très doux pour les incroyants, très indulgent pour les hérétiques, il en ramena un grand nombre à Dieu. Souvent, il lui arrivait de pénétrer miraculeusement dans le fond des cœurs. Il disait à ceux qui manquaient de sincérité : « Hâtez-vous de vous délivrer de ce poison par un humble aveu. » Il disait, pour montrer l’importance de la confession : « Quand je serais aux portes du paradis, si j’apprenais qu’un seul pécheur eût besoin de mon ministère, je laisserais là la cour céleste, et je redescendrais sur terre pour l’entendre. »
C’est pour la conversion des pécheurs qu’il entreprit les « conférences spirituelles ». Elles connurent un tel succès, qu’il fonda les « Prêtres de l’Oratoire » pour montrer l’importance de l’oraison. Le pape Grégoire XIII érigea cette société en congrégation en 1575. Ses disciples, qu’on appela les oratoriens, devaient travailler de toutes leurs forces à prêcher, à instruire les ignorants, leur enseignant les principes de la doctrine chrétienne, tout en continuant de desservir l’hôpital des pèlerins de la Sainte Trinité. Saint Philippe fut supérieur de cette communauté jusqu’à la fin de sa vie, mais il s’associa quelques-uns de ses fils spirituels pour l’aider dans ses conférences. Bientôt, la congrégation de l’Oratoire établit des maisons dans les principales villes d’Italie. Il entretenait parmi ses disciples l’esprit d’obéissance et de renoncement à la volonté propre disant : C’est là le plus court et le plus sûr moyen d’arriver à la perfection.
A cette époque l’hérésie de Luther faisait des ravages dans une grande partie de l’Europe. Pour arrêter le fléau et répondre à la campagne contre le dogme, il demanda à Baronius de faire une œuvre considérable, en reprenant toute l’histoire de l’Église depuis Jésus-Christ, résumant les actes des martyrs, les vies des Saints, les écrits des Pères. Le modeste Oratorien reculait devant l’immensité de la tâche : On ne manque pas d’hommes plus savants et plus capables que moi ! Le saint lui répliqua : Faites ce qui vous est ordonné, laissez le reste. L’ouvrage vous paraît-il difficile ? Espérez en Dieu, et lui-même le fera.
C’est ainsi qu’ont été écrites les célèbres Annales ecclésiastiques.
Moqueries et railleries
La vie des grands saints est toujours semée d’épreuves, celles-ci ne lui ont pas été ménagées. L’envie ne put supporter longtemps l’éclat de ses vertus. On se moquait de son visage rayonnant de lumière pendant l’oraison, on tournait en ridicule la manière dont il disait la messe. Il trouvait la porte de la sacristie fermée, le Missel ou les ornements disparus ; des personnages oisifs le couvraient de plaisanteries grossières. La calomnie, l’équivoque, les propos tendancieux tentèrent de noircir sa personne et ternir sa réputation. Le saint était l’objet de la raillerie et du mépris des autres. Loin de se plaindre et de se justifier, il souffrait avec douceur et sérénité. On l’accusa aussi d’orgueil et d’ambition et l’on débitait partout que c’était un hypocrite. Le cardinal-vicaire de Rome lui-même, circonvenu par des accusateurs lui interdit d’entendre des confessions pendant quinze jours et de prêcher jusqu’à nouvel ordre. C’est pour la gloire de Dieu que j’ai commencé ces exercices, répond humblement le serviteur de Dieu ; pour la gloire de Dieu, je les cesserai. Le cardinal étant mort subitement, le pape Paul IV, appelé à juger la cause, donna au saint prêtre l’ordre de reprendre ses exercices. La persécution s’éteignit d’elle-même, elle ne servit qu’à fortifier son œuvre.
Sa mort
Philippe opéra des miracles. Il ressuscita le jeune prince Massimo juste le temps nécessaire pour se confesser.
De nombreux témoins virent le saint fréquemment en extase, les genoux élevés au-dessus du sol. Et pourtant, le fondateur de l’Oratoire recommandait aux confesseurs de ne pas croire trop légèrement aux révélations ou extases que prétendent avoir leurs pénitents. Il faisait allusion à ses extases qu’il appelait « ses folies ». Quiconque, s’écrit-il, cherche les extases et les visions, ne sait pas ce qu’il cherche ! Il disait encore : J’ai eu une pénitente qui fut favorisée longtemps d’extases. Quand croyez-vous qu’elle me parut la plus admirable ? C’est lorsque je l’ai vue rentrer dans la voie commune.
Malgré sa faible constitution, le saint arriva à un âge avancé, il fut l’objet de la vénération de tous ceux qui l’entouraient. Ayant appris par une révélation qu’il allait bientôt mourir, il donna sa démission de prieur et fit élire Baronius à sa place. Le jour de la Fête-Dieu, le 25 mai 1595, il passa sa matinée à confesser ses enfants, recommanda aux uns la fréquentation des sacrements, aux autres la dévotion envers la Très Sainte Vierge, comme moyen certain de salut. Il fut pris de vomissements de sang. Sachant sa mort proche, il fit venir tous ses compagnons.
Baronius, le prieur général de l’Oratoire s’approcha du lit en disant : Père, vous nous quittez sans une parole, du moins bénissez-nous ! A ces mots, Philippe Néri ouvrit les yeux, les tourna vers le ciel, puis, sans autre mouvement, les abaissa sur tous ses fils agenouillés. Il expira dans la nuit du 25 au 26 mai, à l’âge de quatre-vingts ans. Il reçut la récompense d’une vie extrêmement bien remplie. Son corps fut exposé quelques jours dans une église, il y eut de nombreux miracles, notamment la guérison instantanée d’un ulcère qui rongeait le cou d’un malade jugé incurable par les médecins.
Le culte de Saint Philippe Néri est très populaire à Rome. Son tombeau est vénéré par de très nombreux fidèles.
Pourquoi la particule « de » Neri ?
Je n’en sais rien ; dans les textes récents, on voit effectivement Saint Philippe Neri et dans d’autres textes qui semblent plus anciens, saint Philippe de Neri ; moi, j’ai toujours entendu de Neri !
vu en film sur la 8, je decouvre un saint extraordinaire…Merci