Cinquante-quatre degrés à l’ombre ! Une vraie fournaise.
Pourtant le Père continue la leçon. Quel mal, pour faire entrer quelque chose dans ces petites caboches toujours si dures et qui, ce soir, sont dodelinantes sur les maigres épaules qui les portent.
Le missionnaire module sa voix savamment : de grands éclats succèdent à des paroles à peine murmurées… Il marche, gesticule, s’arrête, repart.
En vain. Les petits yeux des enfants se ferment malgré eux, et de temps à autre une petite tête roule sur le dossier du banc où elle s’immobilise, vaincue par la chaleur et le sommeil.
Allons, ce n’est pas encore aujourd’hui que le catéchisme entrera sérieusement dans les jeunes et rebelles mémoires. Que faire pour soutenir l’attention de ces fils de la brousse ? Ah ! une histoire. Mais puisque c’est l’heure des choses sérieuses, ce sera une histoire vraie… Ne sont-elles pas les meilleures ?
Et le Père de conter celle de la Création : Dieu appelant au bonheur, avec Adam et Ève, tous les hommes… mettant à ce don une seule condition : que chacun se préoccupe du bonheur des autres avant de se préoccuper du sien propre.
Le missionnaire a trouvé, pour dépeindre ce grand bonheur très pur du Paradis terrestre, des mots qui font image, des mots bien adaptés à son jeune auditoire qui peu à peu s’éveille et s’intéresse…
« Ah ! ce Paradis terrestre, comme on devait y être bien. Oui. Seulement il y a eu le serpent. »
Le serpent.
A ce mot, Jébu qui dormait comme un bienheureux a sursauté. « Ejo », le serpent, c’est