L’enchantement était terminé ; comme s’il eût voulu faire comprendre à ses adorateurs lointains que le moment était venu de retourner dans leur pays, le divin Enfant ferma les yeux, le nimbe de lumière qui auréolait sa tête s’adoucit et, avec un sourire, la Vierge mère posa un doigt sur ses lèvres. À ce signal, les anges qui chantaient encore le cantique triomphal, se turent subitement ; il se fit un grand silence et les trois Mages, se levant, quittèrent l’étable, graves et recueillis.
À la porte, ils retrouvèrent les bergers qui se racontaient de l’un à l’autre, les merveilles accomplies. Ils arrivèrent au campement où leurs chameaux accroupis pêle-mêle, parmi les serviteurs, se livraient à l’insouciance du repos. Instinctivement, ils levèrent leurs yeux vers le ciel : l’étoile était là, plus brillante que jamais. Cependant un changement s’était opéré : tandis qu’au premier jour, ses rayons descendaient droits sur l’étable, ils s’inclinaient maintenant vers l’Orient. Les Mages comprirent sa muette invitation et bientôt la longue file des chameaux caparaçonnés d’étoffes aux voyantes couleurs, fut prête à prendre le chemin du retour.
Au pas cadencé des montures, elle défila par les rues étroites de Bethléem. Les Mages revirent le caravansérail où ils s’étaient arrêtés, le premier jour, en quête de renseignements ; ils passèrent la synagogue devant laquelle, indifférents aux choses qui venaient de changer la face du monde, des rabbins discutaient gravement ; ils franchirent la porte que gardait une cohorte de soldats romains et bientôt ils retrouvèrent la campagne sillonnée de troupeaux.
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Et voilà qu’au moment de s’engager sur la route qui mène à Jérusalem, l’étoile, par ses rayons obliques, indiqua nettement la direction du désert, invitant les Mages à retourner par un autre chemin.
Sans doute avaient-ils promis au roi Hérode de venir lui apprendre où se trouvait ce roi des Juifs qu’il voulait adorer à son tour : mais puisque l’étoile les guidait vers une autre route, c’est que Dieu le voulait ainsi. Ils suivirent l’étoile.
Pendant les trois jours qu’ils avaient passés au pied de la crèche, ils avaient tout oublié. Perdus dans l’adoration de l’Enfant divin qui leur souriait,