Catégorie : <span>2 *** LES AUTEURS ***</span>

Auteur : Lemaître, Jules | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 9 minutes

Pen­dant les huit jours qu’elle pas­sa dans l’é­table de Beth­léem, n’eut pas trop à souf­frir. Les ber­gers appor­taient des fro­mages, des fruits, du pain, et du bois pour faire du feu. Leurs femmes et leurs filles s’oc­cu­paient de l’En­fant et don­naient à Marie les soins que réclament les nou­velles accou­chées. Puis les rois mages lais­sèrent un amon­cel­le­ment de tapis, d’é­toffes pré­cieuses, de joyaux et de vases d’or.

Charles Le Brun - Nativité avec les bergers

Au bout de la semaine, quand elle put mar­cher, elle vou­lut retour­ner à , dans sa mai­son. Quelques ber­gers lui pro­po­sèrent de l’ac­com­pa­gner, mais elle leur dit :

— Je ne veux pas que vous quit­tiez pour nous vos trou­peaux et vos champs. Mon Fils nous conduira.

— Mais, dit Joseph, aban­don­ne­rons-nous ici les pré­sents des Mages ?

— Oui, dit Marie, puisque nous ne pou­vons pas les emporter.

— Mais il y en a pour beau­coup d’argent, dit Joseph.

— Tant mieux, dit Marie. 

Et elle dis­tri­bua aux ber­gers les pré­sents des rois.

— Mais, reprit Joseph, ne pour­rions-nous en gar­der une petite partie ?

— Qu’en ferions-nous ? répon­dit Marie. Nous avons un meilleur trésor.

* * *

Il fai­sait chaud sur la route. Marie tenait l’En­fant dans ses bras, Joseph por­tail un panier rem­pli d’un peu de linge et de modestes pro­vi­sions. Vers midi, ils s’ar­rê­tèrent, très fati­gués, à l’o­rée d’un bois.

Stella - Angelots sortant de derriere les branchesAus­si­tôt, de der­rière les arbres, sor­tirent de petits anges. C’é­taient de jeunes enfants, roses et jouf­flus ; ils avaient sur le dos des aile­rons qui leur per­met­taient de vole­ter quand ils vou­laient, et qui, le reste du temps, ren­daient leur marche facile et légère. Ils étaient adroits et plus vigou­reux que ne le fai­saient sup­po­ser leur âge tendre et leur petite taille.

Ils offrirent aux voya­geurs une cruche d’eau fraîche et des fruits qu’ils avaient cueillis on ne sait où.

Quand la se remit en che­min, les anges la sui­virent. Ils débar­ras­sèrent Joseph de son panier et Joseph les lais­sa faire. Mais Marie ne vou­lut pas leur confier l’Enfant.

Le soir venu, les anges dis­po­sèrent des lits de mousse sous un grand syco­more, et toute la nuit ils veillèrent sur le som­meil de Jésus.

* * *

Marie ren­tra donc dans son logis de Naza­reth. C’é­tait, dans une ruelle popu­leuse, une mai­son blanche à toit plat, avec une petite ter­rasse cou­verte où Joseph avait son établi.

Les anges ne les avaient point quit­tés et conti­nuaient de se rendre utiles en mille façons. Quand l’En­fant criait, l’un d’eux le ber­çait dou­ce­ment ; d’autres lui fai­saient de la musique sur de petites harpes ; ou bien, quand il le fal­lait, ils lui chan­geaient ses langes en un tour de main. Le matin, Marie, en se réveillant, trou­vait sa chambre balayée. Après, chaque repas, ils enle­vaient rapi­de­ment les plats et les écuelles, cou­raient les laver à la fon­taine voi­sine et les repo­saient dans le bahut. Lorsque la Vierge allait au lavoir, ils s’emparaient du paquet de linge, se le dis­tri­buaient, tapaient joyeu­se­ment sur les toiles mouillées, les fai­saient sécher sur des pierres et les repor­taient à la mai­son. Et si Marie, en filant sa que­nouille, s’as­sou­pis­sait par la grosse cha­leur, sans la réveiller ils finis­saient son ouvrage.

Auteur : Aveluy, A. | Ouvrage : 90 Histoires pour les catéchistes II .

Temps de lec­ture : 6 minutes

L’

Le long de la grande allée, bor­dée d’eu­ca­lyp­tus, s’a­vance un gamin aux yeux ronds et vifs, aux che­veux lai­neux et fri­sés… C’est Yosé­fou, un gra­cieux négrillon que sa démarche ner­veuse et sac­ca­dée a fait sur­nom­mer Gui­gué, ce qui veut dire, dans la langue de sa tri­bu : la sauterelle.

L'église d'une mission catholique au GabonÀ l’autre bout de l’al­lée appa­raît une forme blanche, c’est Sœur Claire. Pour se garan­tir contre les ardeurs d’un soleil impla­cable elle porte sur son voile un grand casque dou­blé de vert.

« Où vas-tu, Yosé­fou ? » demande-t-elle à la Sau­te­relle. « Je vais à l’é­glise saluer Mwa­na-Jésus », le Petit Jésus, répond la Sau­te­relle. « Très bien, dit Sœur Claire ; salue-le aus­si de ma part ! »

Arri­vé à l’é­glise le jeune négrillon se pros­terne devant le taber­nacle puis, d’un brusque mou­ve­ment de jar­ret, se redresse comme s’il avait des res­sorts dans les jambes. C’est la génu­flexion habi­tuelle de la Sau­te­relle ! Aus­si­tôt après, il se dirige vers la . Le voi­ci en face de Mwa­na-Jésus ! Ses yeux ronds et blancs brillent de joie et aus­si d’en­vie. Il est si beau ce petit Jésus et si blanc… tan­dis que lui, Yosé­fou, est noir comme l’é­bène Mais Jésus regarde sur­tout la cou­leur des âmes ! Et celle de la Sau­te­relle est blanche comme un beau lys. Et parce que son petit cœur est tout à lui voi­ci que notre négrillon impro­vise une éton­nante lita­nie : « Mon Dieu, notre Père, que votre Fils est beau ! Je vous féli­cite !… Sainte Vierge , que votre enfant est beau ! Je vous féli­cite !… Ber­gers, que vous êtes gen­tils d’être venus visi­ter Jésus… Je vous féli­cite !… Rois-Mages, je vous féli­cite de lui avoir appor­té des cadeaux ! »

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : Petite Histoire de l'Église illustrée .

Temps de lec­ture : 10 minutes

∼∼ VI ∼∼

Joie du revoir, récits inter­mi­nables et fatigue com­bi­nés plongent la jeu­nesse dans un, som­meil invin­cible. Vers 9 heures du matin, Jean, qui couche dans la chambre de Ber­nard, éprouve la sen­sa­tion de secousses extra­or­di­naires, rêve que c’est la tem­pête, que le bateau sombre, et se réveille en sur­saut, pour se trou­ver à moi­tié hors de son lit, en face de son cou­sin qui, les bras croi­sés, le contemple en riant :

— Hé bien, mon vieux Jean ! Voi­là cinq minutes que je te secoue comme un pru­nier, tu geins, tu fais des gestes, mais tu dors toujours.

— Où diable suis-je ? Pas sur mer pourtant !

— Mais non, mon bon. Tu es à , dans ma chambre, ne t’en déplaise, et je vou­drais bien que tu consentes à déjeuner.

La pro­po­si­tion est accueillie d’enthousiasme.

Moins d’un quart d’heure plus tard, un petit coup dis­cret se fait entendre à la porte.

Deux for­mi­dables « Entrez ! » répondent. La porte s’en­tr’ouvre. Un petit bout de nez et des che­veux blonds s’y encadrent et Colette lance à la volée :

— Quand ces mes­sieurs seront tout à fait réveillés, ils vou­dront bien des­cendre. Tout le monde les attend.

Histoire de l'Église raconté aux jeunes
Deux for­mi­dables « Entrez ! » répondent.

La tête dis­pa­raît, la porte se referme, on entend de petits pas cou­rir dans le corridor…

— La mâtine ! dit Ber­nard. C’est pire qu’un feu fol­let. Allez donc attra­per ça ! Des­cen­dons, mais, pour sau­ver ma répu­ta­tion, tu avoue­ras à la famille que, sans mon éner­gie, tu dor­mi­rais encore.

Au salon, les gais bon­jours échan­gés, la jeu­nesse aper­çoit une table cou­verte de livres, cartes, plans, etc. Ber­nard questionne :

— Qu’est-ce que c’est que tout ça ?

Yvon, pen­ché sur la table, répond :

— Tout ça, c’est ce que nous avons pré­pa­ré ce matin, mon oncle et moi, pour faci­li­ter votre séjour ici. Expli­quez, mon oncle.

— Eh bien, voilà.

Il faut d’a­bord bien réa­li­ser, mes enfants, que Rome est le centre de la Chré­tien­té. Il s’a­git de pro­fi­ter de notre séjour ici pour regar­der se dérou­ler devant nous, comme dans un beau film, toutes les époques de l’His­toire de l’É­glise. Ce n’est pas en quelques jours évi­dem­ment que nous pour­rons tout étu­dier. Il y fau­drait des mois. Réflé­chis­sez. Une tra­ver­sée de dix jours vous a per­mis de revivre, en quelque sorte sur place, les Actes des Apôtres et donc l’his­toire de la fon­da­tion de l’É­glise. Il nous reste, pour ter­mi­ner cette pre­mière époque, à étu­dier les mar­tyres de et de et les per­sé­cu­tions. Ce sera le pro­gramme d’aujourd’hui.

Allez cher­cher vos cha­peaux, et en route !

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : Petite Histoire de l'Église illustrée .

Temps de lec­ture : 11 minutes

∼∼ V ∼∼

Le temps demeure splen­dide. Ces huit jours en mer sont un enchan­te­ment. Pen­dant la tra­ver­sée des Dar­da­nelles, Jean ne quitte pas les scouts et leur aumô­nier. Moins peut-être pour entendre évo­quer les sou­ve­nirs du pas­sé que ceux de la der­nière guerre, en regar­dant se dérou­ler la côte aride et nue, où débar­quèrent tant de Fran­çais héroïques, échap­pés aux sous-marins allemands.

Puis c’est la mer de Mar­ma­ra et enfin les côtes d’Eu­rope et d’A­sie se rap­prochent, au point de se tou­cher presque, à peine divi­sées par le Bosphore.

Colette réclame une carte, elle ne peut pas se croire si loin et veut voir exac­te­ment où l’on est.

Le capi­taine, ses ordres don­nés, explique aima­ble­ment que l’on arri­ve­ra dans quelques ins­tants à Constan­ti­nople, dont déjà les mina­rets se dressent éblouis­sants dans la lumière.

Les enfants n’ou­blie­ront jamais la visite de cette ville immense, mer­veilleuse, qui leur appa­raît comme quelque chose de fée­rique. Colette a entre­pris d’é­crire ce qu’on lui a expli­qué en face de tant de monu­ments dont elle se sent inca­pable de rete­nir les noms, et le soir, elle « met au propre » sur un petit car­net le résul­tat de son savant travail.

Histoire de l'Eglise pour les scouts
Déjà les mina­rets se dressent éblouis­sants dans la lumière.

Elle empor­te­ra le petit car­net à pour Annie et Ber­nard, qu’on aura la joie de retrou­ver dans la ville des papes, et puis ensuite, en France, pour son cher vieux mon­sieur le Curé…

Pen­dant ce temps, le navire a repris la mer en sens inverse. Jean reste un peu sur le pont avec son père. A mesure que l’ombre vient, la ville et les côtes reflètent leurs mil­liers de lumières dans l’eau pai­sible. C’est un spec­tacle de rêve. Petit à petit tout s’é­loigne, s’es­tompe et dis­pa­raît dans l’at­mo­sphère pro­fonde lumi­neuse et fraîche de cette nuit d’été.

Jean res­te­rait bien là jus­qu’au matin, mais il faut des­cendre et sage­ment se repo­ser. La jour­née sui­vante pas­sée au large semble un peu longue ; le sur­len­de­main, de très bonne heure, papa réveille les enfants :

— Levez-vous, mes petits, nous tou­chons le Pirée, c’est-à-dire le port d’.

En effet le navire vient de ralen­tir son allure. Pen­dant près d’une demi-heure il glisse len­te­ment sur la mer d’un bleu intense, laquelle repose, comme endor­mie, au pied d’un grand amphi­théâtre blanc, que domine l’O­lympe. C’est admi­rable d’har­mo­nieuse beauté.

A regret, l’on des­cend, pour prendre le petit train élec­trique qui attend pai­si­ble­ment les voyageurs.

La troupe des Rou­tiers ajuste la bre­telle à l’é­paule et s’é­branle. Jean a encore obte­nu de la suivre.

Mais Colette n’a aucun désir d’en faire autant. Elle a pas­sé son bras sous celui de sa mère qu’elle sait fatiguée.

— Si nous nous asseyions là, maman, sur ce banc à l’ombre ? La vue est si jolie, nous serions bien tran­quilles avec Pier­rot, pen­dant que Ber­na­dette irait à la décou­verte avec papa.

— Mais je ne veux pas te pri­ver de les suivre.

— Non, j’aime mieux res­ter avec vous, et puis nous cau­se­rons, nous deux.

Auteur : Mellis-Ferriol, Jeanine | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 9 minutes

est né le 316 à Sta­ba­ria Pan­no­mie, la Hon­grie de nos jours, qui était alors une pro­vince romaine. Son père com­man­dait une légion de la gar­ni­son de Pavie en Ita­lie du Nord. C’est dans cette gar­ni­son que Mar­tin pas­sa son enfance. Ses parents étaient païens et pra­ti­quaient le culte des idoles mais Mar­tin écou­tait avec beau­coup d’at­ten­tion les prêtres chré­tiens par­ler du Christ et très jeune il déci­da de consa­crer sa vie à ce Dieu d’a­mour. Il a seule­ment 10 ans quand il désire se faire bap­ti­ser mais ses parents s’y opposent.

Une loi alors en vigueur oblige les fils d’of­fi­cier à entrer dans l’ar­mée. À 15 ans Mar­tin fut enrô­lé dans une légion romaine et dut renon­cer momen­ta­né­ment à son désir de deve­nir moine et de se reti­rer dans le désert. À 18 ans il fut nom­mé offi­cier et il par­tit avec sa légion en Gaulle à Amiens. Il sur­prend tout son entou­rage car il traite ses hommes avec une grande bon­té et une grande com­pré­hen­sion ce qui n’é­tait guère la cou­tume chez les offi­ciers romains.

Un jour d’hi­ver par­ti­cu­liè­re­ment froid, Mar­tin, que la bise gla­cée trans­perce mal­gré son chaud man­teau dou­blé de four­rure, se hâte pour ren­trer à la caserne après une ins­pec­tion. Sou­dain il aper­çoit un homme à peine cou­vert de quelques haillons, recro­que­villé de froid, qui se traîne péni­ble­ment le long des rues. Autour de lui les gens passent sans même le regar­der. Mar­tin s’ar­rête et sans hési­ter, sort son épée, coupe en deux son man­teau et dans un élan d’a­mour fra­ter­nel en donne la moi­tié au mendiant.