Yvonne… c’est ma filleule, une adorable enfant de huit ans, quelque chose de délicat, de fluet, de doux, de gracieux comme une fleur… Et avec ça, de grands yeux profonds et bleus comme un ciel d’été, et une chevelure d’or soyeuse et souple… Tout le portrait de sa mère, sa pauvre mère qui dort de son dernier sommeil depuis deux ans, là-bas, clans le grand tombeau de famille. C’est pour cela que souvent, très souvent, le regard de la famille se mouille et s’attriste, au souvenir de celle qui n’est plus. Elle a bien un autre sujet de tristesse, ma filleule, c’est que son papa, qui est un médecin très riche et très expérimenté, ne fait jamais sa prière et jamais ne va à la messe…
La chambre d’Yvonne, une veille de Noël : un vrai nid blanc et rose, œuvre dernière de « pauvre maman. »
Ma filleule est en train de se déshabiller, avec l’aide de Miette, sa nourrice.
— Alors, dis, Nounou ? tu crois qu’il pourra lire mon écriture, le petit Jésus ?
— Certainement, mon ange. Le petit Jésus est très savant.
— Plus savant que sœur Brigitte ? dis, Nounou ?
— Oui, ma petite, plus savant que sœur Brigitte : le petit Jésus sait tout … tout.
— Il sait donc que papa ne fait pas sa prière… ne va pas à la messe ?
— Hélas ! oui, mignonne, et cela lui fait beaucoup de la peine.
— Et tu crois qu’il m’accordera ce que je lui demande ?