Par extraordinaire, Jacques Trimard ne rentrait pas ivre ce soir-là. L’inquiétude de savoir sa femme malade, la peur de faire empirer la fièvre lui avaient imposé la sobriété au sortir de l’atelier.
Tristement il avait suivi son chemin à travers les rues… plus tristement encore, il gravissait ses étages en se disant :
– Que vais-je trouver là-haut ? Ma femme mourante… abandonnée… la maison en désordre comme je l’ai laissée ce matin… pas de dîner… Ah ! misère de misère !…
Et, blasphémant, il pousse la porte.
Il s’arrête, jetant un cri, non d’effroi… mais d’étonnement…
Tout dans la chambrette est rangé… le plancher balayé… le lit de la malade propre et blanc… sur la table une nappe et une soupière fumante…
– Hein ?… fit l’homme.
– Tu es bien chez toi, entre donc, Jacques, répond la femme en souriant de ses lèvres pâlottes.
Trimard croit rêver.
– On n’est pourtant plus au temps des fées ! s’écrie-t-il.
– Si donc… j’en ai vu une aujourd’hui… et bienfaisante.
– Et quelle est-elle ? demande l’homme intrigué.