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Temps de lecture : 7 minutesToute frissonnante, malgré sa cape de laine noire dans laquelle elle s’enveloppe étroitement, mère Yvonne se hâte de rentrer, sur la falaise, à l’abri dans sa maison. Elle a tenu à se rendre à l’office du matin, en ce jour de la fête des cierges, bien qu’à son lever elle ne se soit pas sentie très entrain. Grâce à Dieu, voici le toit familial, bien abrité du vent par la haie d’épines et de genêts. Avant de refermer la porte derrière elle, mère Yvonne jette un regard angoissé vers la mer qui moutonne à l’infini, sous le vent aigre et violent.
Pourquoi a‑t-il voulu partir cette nuit, son Yann, alors qu’aucun pêcheur ne risquerait sa voile par ce temps ? Aussi n’est-ce pas pour le poisson qu’il s’est embarqué avec ses mauvais amis qui gagnent tant d’argent à des besognes louches qu’elle ne peut que soupçonner…
« Lui, fils de pêcheur, murmure-t-elle, un contrebandier, est-ce possible ? »
Et cela ne le rend pas heureux ; il n’aime plus la maison où il paraît si peu, ni sa mère qu’il ne regarde plus en face…
Avec un grand soupir de peine et de lassitude, mère Yvonne est rentrée dans sa demeure, a retiré sa cape. Soigneusement, elle a placé dans le beau chandelier de cuivre qui orne la cheminée le cierge qu’elle a rapporté de la bénédiction, puis s’est accroupie devant le foyer pour ranimer le feu, car elle a froid, très froid…
Non, vraiment, elle ne se sent pas très bien… Elle ne s’occupera même pas de préparer quoi que ce soit pour son déjeuner ; elle ira se coucher tout simplement et, fermant les yeux, dira son chapelet pour ce fils qui est peut-être en perdition, par amour du gain, sur la mer déchaînée. Elle s’assoupit, bercée par le ressac des vagues sur les rochers, au pied de la falaise.
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Toc ! Toc ! Qui frappe ? C’est Rosine, une brave petite qui habite non loin de chez elle.
« Eh bien ! quoi, mère Yvonne ? Pas de lumière et la nuit vient ! Je suis accourue quand j’ai vu tout noir chez vous. Et déjà