Catégorie : <span>Les amis des Saints</span>

| Ouvrage : Les amis des Saints .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Au sommet d'une colline se dresse un vieux chateau

Au VIIIe siècle vivait une fille de roi qui s’ap­pe­lait Wal­burge, ce qui signi­fie « Gra­cieuse ». Cette prin­cesse per­dit sa mère de bonne heure, et lorsque le roi déci­da de se joindre à ses deux fils, dans leur péle­ri­nage aux Lieux Saints, Wal­burge qui avait alors onze ans, lui dit : 

— Mon père, que ferai-je à la Cour sans vous et mes deux frères ? Lais­sez-moi vous attendre dans un monastère. 

Et le roi l’ac­com­pa­gna jus­qu’à l’ab­baye béné­dic­tine de Winborn. 

L’an­née sui­vante, ayant appris la de son père, la prin­cesse réso­lut de demeu­rer dans sa retraite, et quand elle eut dix-huit ans, elle se consa­cra défi­ni­ti­ve­ment à Dieu. 

Les années pas­sèrent ; les pre­miers che­veux blancs appa­rurent mais le voile cachait ces témoi­gnages du temps. Wal­burge vivait heu­reuse et s’ap­prê­tait à ter­mi­ner ses jours à Win­born lorsque l’é­vêque Saint Boni­face, qui était son oncle et l’a­pôtre de l’, la fit venir, elle et plu­sieurs de ses com­pagnes, pour fon­der un monas­tère de femmes dans son diocèse. 

C’est ain­si que Wal­burge, fille de roi, devint abbesse de Hein­den­heim. Elle avait près de cin­quante ans. 

Peu après, il se pas­sa un fait extra­or­di­naire… Mais chut !… Écou­tez la cloche du soir au monas­tère de Hein­den­heim… huit… neuf… dix… onze coups ! 

Walburge sort du monastère

Enten­dez-vous comme la cam­pagne reten­tit encore de ce bruit d’ai­rain ? Les reli­gieuses ont l’ha­bi­tude ; elles sont depuis peu endor­mies et le son fami­lier ne les gêne guère. L’ab­besse, age­nouillée dans la cha­pelle, pro­longe, selon sa cou­tume, une prière fervente. 

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Temps de lec­ture : 5 minutesLe 21 jan­vier 1793, Louis XVI mou­rait assas­si­né par les révo­lu­tion­naires, guillo­ti­né sur la place de la Concorde, à Paris.

Martyres de la Revolution - Dans les campagnes les tocsins retentissent

Le Roi ! Hélas ! On s’é­tait atten­du à bien des mal­heurs, mais on avait espé­ré sau­ver le Roi ! Hélas ! Le Roi est  ! Dans les cam­pagnes, les toc­sins reten­tissent comme une seule voix vers le Ciel, et la nou­velle tombe dans les cœurs comme un coup de ton­nerre. Nou­velle épou­van­table de ce crime inouï ! Le monde tout entier reste stu­pé­fait : La France a tué son Roi !

Sei­gneur Jésus, main­te­nant qui aura pitié de la France ? Sei­gneur Jésus, ayez pitié des Fran­çais malheureux !

Dans la petite cha­pelle d’un couvent de cam­pagne, seize reli­gieuses sup­plient Dieu et lui offrent leur vie. Voi­ci quelques mois déjà, Mère Thé­rèse de St Augus­tin, leur prieure, leur avait pro­po­sé de faire cet acte de consé­cra­tion par lequel la com­mu­nau­té s’of­fri­rait en holo­causte pour apai­ser la Colère de Dieu et obte­nir le retour de la paix dans l’É­glise et la Nation. Toutes avaient accep­té, et depuis, elles renou­ve­laient chaque jour cette offrande de leur vie, cet holo­causte de répa­ra­tion et d’ex­pia­tion. Mais aujourd’­hui le Roi est mort. Alors avec quel cœur, plus implo­rant que jamais, les reli­gieuses offrent-elles cette vie ! Mon Dieu, nous vou­lons comme vous mou­rir mar­tyres pour le salut des âmes !

Sou­ve­nez-vous que nous sommes vos épouses et vos coré­demp­trices ! Pour le Salut de l’É­glise et de la France, sou­ve­nez-vous que nous vous aimons.

* * *

Le 21 juin 1794, le Comi­té révo­lu­tion­naire et de Salut Public de déci­dait de per­qui­si­tion­ner chez les reli­gieuses. On y trou­va des lettres pieuses, une relique de Ste Thé­rèse d’A­vi­la, un por­trait du Roi Louis XVI, une copie de son tes­ta­ment, des images et un can­tique en l’hon­neur du Sacré-Cœur. Alors le diable exci­ta la haine des révo­lu­tion­naires, toutes les reli­gieuses furent arrê­tées, et écrouées dans une mai­son de la ville. Durant trois semaines envi­ron elles y demeu­rèrent enfer­mées, souf­frant des pri­va­tions de tout genre, en butte à la méchan­ce­té de leurs geô­liers. Le 12 juillet, on les trans­fé­ra à Paris, on les enfer­ma à la Concier­ge­rie. Mais on ne les y gar­da que cinq jours. Le , len­de­main de la Fête de Notre-Dame du Mont Car­mel, on les fit com­pa­raître devant le Tri­bu­nal de la .

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Temps de lec­ture : 6 minutesPrier pour les fidèles défunt

La sainte com­mu­nion secourt admi­ra­ble­ment les âmes du . Le véné­rable Louis de Blois rap­porte dans un de ses livres, qu’un dévot ser­vi­teur de Dieu fut visi­té par une âme du pur­ga­toire, qui lui fit voir tout ce qu’elle souf­frait. Elle était punie pour avoir reçu la sainte com­mu­nion avec tié­deur. En puni­tion, Dieu lui avait ména­gé le sup­plice d’un feu dévo­rant, qui la consu­mait. « Je vous conjure donc, dit-elle, vous qui avez été mon ami, de com­mu­nier pour moi avec toute la fer­veur dont vous êtes capable ; j’es­père que cela suf­fi­ra pour ma déli­vrance ». Celui-ci s’empressa de le faire. L’âme lui appa­rut de nou­veau, brillante d’un incom­pa­rable éclat, heu­reuse et pleine de recon­nais­sance. « Enfin, lui dit-elle, grâce à vous, je vois donc face à face mon ado­rable Maître », et elle s’en­vo­la au ciel. Saint Bona­ven­ture dit que la cha­ri­té devrait nous por­ter à com­mu­nier pour les défunts, parce qu’il n’y a rien de plus effi­cace pour leur repos éter­nel. Prions donc sans cesse pour eux et ils nous ren­dront au cen­tuple le bien que nous leur aurons fait.

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Temps de lec­ture : 9 minutes

On le refusa parce qu’il était illettré et ignorant

S’il est un saint dont les esprits forts se soient moqués et se moquent encore, c’est assu­ré­ment .

Un pauvre qui pen­dant qua­rante ans, étonne l’I­ta­lie par ses miracles, s’é­lève chaque jour dans les airs comme la colombe par l’ef­fet de l’A­mour divin, et cela sous Louis XIV, il n’y a donc pas si long­temps ; quel affront pour tous ceux qui au nom de la science refusent de croire au miracle.

Renvoyé du couvent à cause de son incapacité

St Joseph de Cupertino disant son chapeletJoseph-Marie Desa naquit le 17 Juin 1603, à Cuper­ti­no, petite ville du Royaume de Naples, d’une humble famille de menui­siers ; il vint au monde dans une étable comme Notre-Sei­gneur, tous les biens des parents ayant été ven­dus par néces­si­té. Dès son jeune âge, Joseph se plai­sait uni­que­ment dans les églises, et, chez lui, devant un petit autel où il réci­tait sou­vent le rosaire et les lita­nies de la Sainte Vierge. C’est à peine si on par­vint à lui apprendre à lire et à écrire. Il connut cepen­dant l’é­cole de la souf­france : tout jeune, son corps se cou­vrit d’ul­cères répu­gnants et il ne fut gué­ri que par l’in­ter­ven­tion de la Sainte Vierge sous le vocable de Notre Dame des Grâces.

À dix-sept ans, il se pré­sente chez les frères Mineurs Conven­tuels, où on le refuse parce qu’il est illet­tré et igno­rant. Il rentre chez les Capu­cins, mais là tou­jours ravi en Dieu, il se montre com­plè­te­ment impropre à l’ac­com­plis­se­ment de ses nou­veaux devoirs : ses mains natu­rel­le­ment mal­adroites brisent tout ce qu’elles touchent ; en met­tant du bois sur le feu, il fait tom­ber toutes les cas­se­roles, prend du pain bis pour du pain blanc ; bref, il montre une telle inca­pa­ci­té qu’au bout de neuf mois, il est ren­voyé du couvent.

Il doit retour­ner chez sa mère qui vit dans la misère et qui lui dit en guise d’ac­cueil : « Il ne nous reste qu’à mou­rir de faim. » Cepen­dant, à force de démarches, on par­vient à l’in­tro­duire chez les frères Mineurs Conven­tuels de San­ta-Maria de Gro­tel­la pour soi­gner la mule du couvent.

Invoqué par les étudiants, la veille de leur examen

St Joseph de Cupertino moine maladroitLes nou­veaux supé­rieurs de Joseph ne tar­dèrent pas à remar­quer l’hu­mi­li­té et l’o­béis­sance de leur nou­velle recrue. Ils décident de l’ad­mettre aux saints ordres. Mais pour arri­ver au dia­co­nat, il est indis­pen­sable de subir un exa­men et notre saint à tou­jours du mal à lire et à écrire. Il réus­sit à force de patience et de per­sé­vé­rance à tra­duire un évan­gile, un seul, celui où sont écrites ces paroles en l’hon­neur de Marie « Bien­heu­reux le sein qui t’a por­té ». Arrive le jour de l’exa­men ; Joseph est inter­ro­gé par l’é­vêque de Nar­do. Il est un peu inquiet quoique confiant dans la Sainte Vierge car il a fait tout ce qu’il a pu pour réus­sir et elle ne l’a­ban­don­ne­ra pas. En effet, voi­ci que le sort tombe sur le seul Évan­gile que Joseph connaisse, il est reçu et le 4 Mars 1628, ordon­né . Depuis ce jour, St Joseph de Cuper­ti­no est invo­qué par les étu­diants qui sont à la veille de subir leur exa­men afin que Dieu leur donne le suc­cès méri­té par leur travail.

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Temps de lec­ture : 11 minutesSaint Jean-Marie Vianney patron des curés, rien que prêtre, pour offrir à Dieu le Saint Sacri­fice de la Messe, admi­nis­trer les sacre­ments et prê­cher la parole de Dieu : ce fut toute la vie du saint d’Ars. Il exer­ce­ra si par­fai­te­ment son minis­tère que le XIXe siècle ver­ra les foules accou­rir vers ce petit vil­lage des Dombes, pour « voir un saint ». Éle­vé à la gloire des autels, il sera don­né comme patron aux prêtres. Pen­dant qua­rante-quatre ans il fut curé du vil­lage d’Ars, mais très vite, dix ans après son ins­tal­la­tion, déjà son minis­tère de conver­tis­seur d’âmes com­men­ça. Il ren­dra ain­si la paix aux consciences tour­men­tées, conso­le­ra les affli­gés, diri­ge­ra vers la per­fec­tion de nom­breuses âmes.

Com­ment cet humble prêtre de cam­pagne, peu doué intel­lec­tuel­le­ment, mais pos­sé­dant la sagesse natu­relle, y est-il arrivé ?

La trame de toute sa vie était l’Eu­cha­ris­tie : il en avait la pas­sion. Il célé­brait la Sainte Messe avec une telle fer­veur, que l’o­pi­nion de ceux qui le voyaient à l’au­tel était qu’ils recon­nais­saient Notre Sei­gneur « à la frac­tion du pain ». Une nuit de Noël, en célé­brant la Messe, comme il atten­dait la fin des chants pour enta­mer le Pater, ceux qui étaient près de l’au­tel le virent, regar­dant la Sainte Hos­tie qu’il tenait entre ses doigts au-des­sus du Calice, en pleu­rant et sou­riant en même temps. Son vicaire lui deman­dait, de retour à la sacris­tie : À quoi pen­siez-vous à ce moment, Mon­sieur le Curé ? Mon ami, répon­dit-il, je disais à Notre Sei­gneur : Mon Dieu, si je savais devoir être dam­né main­te­nant que je vous tiens, je ne vous lâche­rais plus.

Dès sa plus tendre enfance, cet amour de l’Eu­cha­ris­tie va se mani­fes­ter ; il disait que c’é­tait de sa mère qu’il en avait reçu l’exemple. J’ai appris à prier à la Messe rien qu’en la contem­plant si recueillie et comme transfigurée.

Il fera sa Pre­mière Com­mu­nion à douze ans. Sa joie était si grande après avoir reçu le Bon Dieu qu’il ne vou­lait plus quit­ter la chambre où il avait com­mu­nié pour la pre­mière fois. À par­tir de ce moment, Dieu prit pos­ses­sion de son cœur et nul autre amour n’y péné­tra. Éle­vé dans une famille pro­fon­dé­ment chré­tienne, il pas­sa sa jeu­nesse à l’a­bri du monde et dans l’i­gno­rance du mal. Il recon­nut qu’il n’en apprit l’exis­tence qu’au confes­sion­nal par la bouche des pécheurs.

L’é­clo­sion de sa voca­tion au sacer­doce a cer­tai­ne­ment été influen­cée par les cir­cons­tances de son enfance. Né en 1786, il a quatre ans lorsque la per­sé­cu­tion san­glante contre les prêtres fidèles com­mence. Ses parents vont très vite refu­ser d’as­sis­ter à la Messe des prêtres jureurs et, au péril de leur vie, ils auront recours au minis­tère des prêtres pros­crits pour rece­voir les sacrements.

Com­bien l’âme si pieuse du jeune enfant sera impres­sion­née par ces Messes des Cata­combes célé­brées la nuit, dans des lieux secrets, par des prêtres pour­chas­sés qui s’ex­po­saient à la , à la dépor­ta­tion, par amour des âmes. Quand Jean-Marie confie­ra à sa mère son secret, il lui dira que c’est par amour des âmes qu’il veut se faire prêtre. L’é­poque était peu pro­pice pour son­ger à la prê­trise et il fal­lut la téna­ci­té du jeune homme aidé par sa mère très ani­mée pour qu’il arrive à faire ses études en vue du sacerdoce.

C’est auprès de M. Bal­ley, curé d’E­cul­ly, qu’il sera envoyé ; en effet ce saint prêtre avait réuni autour de lui quelques jeunes gens pour les pré­pa­rer à deve­nir prêtres. Il s’at­ta­che­ra très vite au jeune Vian­ney, car il s’é­tait ren­du compte de sa ver­tu peu com­mune. M. Bal­ley sut ins­pi­rer à Jean-Marie une très grande véné­ra­tion et Jean-Marie appren­dra de ce curé aus­tère et pieux ce que devait être le prêtre.

Jean-Marie ne sera ordon­né qu’à vingt-neuf ans. Ces longues années d’é­tudes inter­rom­pues par des cir­cons­tances pénibles, ne feront qu’en­ra­ci­ner dans son âme le désir de mon­ter un jour à l’autel.

Si cer­tains de ses maîtres prê­tèrent peu d’at­ten­tion à sa ver­tu, d’autres ne se lais­sèrent pas trom­per par sa rus­ti­ci­té appa­rente et com­prirent qu’ils avaient affaire à un sémi­na­riste d’une pié­té exem­plaire. M. Cour­bon, qui lui déli­vra ses lettres tes­ti­mo­niales à l’ar­che­vê­ché de Lyon, disait : L’É­glise n’a pas besoin seule­ment de prêtres savants, mais encore et sur­tout de prêtres pieux.

Il fut ordon­né par Mgr Simon, évêque de Gre­noble, le 13 août 1815. Il était seul et on fit la remarque à Mon­sei­gneur qu’on le déran­geait pour peu. Le vieil évêque contem­pla ce diacre au visage ascé­tique et dit : Ce n’est pas trop de peine pour ordon­ner un bon prêtre.

À par­tir du moment où Jean-Marie-Bap­tiste Vian­ney aura reçu le sacer­doce, on peut dire que l’homme va dis­pa­raître pour ne plus lais­ser paraître que le prêtre, cet autre Christ. Sans s’en rendre compte, tant son humi­li­té était grande, le s’est dépeint lui-même quand il par­le­ra de l’é­mi­nente digni­té du prêtre : Le prêtre ne se com­pren­dra bien que dans le Ciel… Si on avait la foi, on ver­rait Dieu caché dans le prêtre comme une lumière der­rière un verre comme du vin mêlé avec de l’eau.