Catégorie : <span>Quelques fêtes de saints</span>

Auteur : Jourdan, Juliette | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Alors ? Votre voi­sin, l’pé Joseph, com­ment va-t-il, Madame Grincette ?

lecture en ligne - saint Joseph statue— Il baisse… il baisse… A mon avis, il baisse de plus en plus, ma pauvre amie… Je ne crois pas qu’il reprenne jamais son rabot, à moins que ce ne soit pour faire son propre cercueil !

— Le failli homme… Il ne lais­se­ra point de regrets… un mécréant… un mal commode…

— Jamais les pieds à l’église…

— Ah ! si… par­don, le jour de la … il allait mettre un bou­quet de fleurs à la statue.

— Et vous croyez que le bon Dieu en était flat­té ?… Qu’il ne Le priait seule­ment pas ! »

Tan­dis que, sur la place, les deux com­mères fai­saient son pro­cès, le père Joseph, seul, dans son fau­teuil, sou­pi­rait. Une seule pièce lui ser­vait à la fois de chambre, de cui­sine et d’a­te­lier… Le bois brut et les outils voi­si­naient avec les meubles, et cela fai­sait un bizarre décor.

Mais en vain le chêne et le sapin déga­geaient-ils leur âcre par­fum, le vieux menui­sier n’a­vait plus la force de sai­sir son rabot pour les travailler.

Der­rière la porte, invi­sible, le diable mon­tait la garde. Pen­dant soixante ans, il avait réus­si à tenir le bon­homme éloi­gné de l’É­glise ; il eût été cruel pour l’es­prit malin que le père Joseph lui échap­pât à l’heure dernière.

***

Sou­dain, on frap­pa : toc… toc…

« Qui est la ? ›› s’in­quié­ta Satan.

Auteur : Mainé, Marie-Colette | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 4 minutes

Invitation à lire la vie des saints - sainte Catherine d'Alexandrie - Raffaello SantiDans , sur les bords de la Médi­ter­ra­née orien­tale, gran­dit la Cathe­rine, douée d’une vive intel­li­gence et d’une mer­veilleuse beau­té, mais dont le cœur est rem­pli d’orgueil.

À la mort du roi, la reine Sabi­nelle, sa mère, l’emmène en Armé­nie où Cathe­rine devient une ado­les­cente tou­jours plus belle, tou­jours plus savante, tou­jours plus orgueilleuse aus­si. Bien­tôt, les demandes en se suc­cèdent, mais tou­jours elles sont sui­vies d’in­va­riables refus. L’é­poux que l’on pro­pose à la jeune fille n’est jamais assez beau, jamais assez savant.

*

Or, un jour, la reine Sabi­nelle emmène Cathe­rine vers un vieil ermite nom­mé Ananias.
« Eh bien ! déclare celui-ci, à mon tour, j’ai un brillant par­ti à te proposer. »
Très intri­guée, la jeune fille écoute, puis lève vers le vieillard des yeux rem­plis de hardiesse :
« Avant de m’en­ga­ger envers ce jeune homme, je veux le voir.
– Mon enfant, sache seule­ment que la plus belle créa­ture est vile devant lui.
– Qu’im­porte, je veux le voir absolument.
– Soit, répond Ana­nias. Cette nuit donc, reste dans ta chambre et invoque la Vierge Marie, Mère de Dieu. »

*

Cathe­rine, bou­le­ver­sée, rentre chez elle. Bien­tôt, le soir tombe, jetant sur toute chose le silence, le recueillement.

D’une main trem­blante, la jeune fille allume les flam­beaux et les lampes.
« Je veux que mon visi­teur ait un accueil vrai­ment digne ; je veux que tout rayonne et brille ; je veux être moi-même magni­fique… d’ailleurs, ne le suis-je pas déjà ? »

Puis elle se met à genoux. Son cœur bat très fort, car elle essaie de croire en Dieu, de croire à ce qu’en réa­li­té elle n’a jamais cru vraiment.