Catégorie : <span>Quelques fêtes de saints</span>

| Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 5 minutes

La dis­cus­sion avait l’air sérieuse entre Pierre et Solange, ce soir-là. Que com­plo­taient-ils donc en ren­trant de l’école ?

Chapeau de la sainte Catherine, Catherinette« Demain, c’est la «  », disait Solange. Suzy m’a mon­tré le qu’elle a fait pour Jeanne. Il est très beau. C’est une cas­se­role en soie rose, avec des ciseaux fen­dus aux extré­mi­tés de la queue et un mètre de ruban pour nouer sous le menton.

— Crois-tu que Jeanne sera contente de la fête de demain ? Depuis quelque temps elle est si triste. Je me demande pourquoi ?

— Eh bien ! moi, je crois avoir com­pris. Te sou­viens-tu du jour où Madame Dubuis est venue à la maison ?

— Il y a un mois. Oui, eh bien ?

— Quand je suis ren­trée à l’é­cole, Jeanne avait les yeux rouges. Elle venait de pleu­rer. Depuis ce jour-là, elle est triste.

— Com­ment Madame Dubuis, si bonne, a‑t-elle pu lui faire de la peine ?

— Je vais te dire quelque chose ; mais tu ne le répé­te­ras pas. Tu le promets ?

— Comme si les gar­çons étaient des bavards ! Enfin, puisque tu le veux, je promets. »

Solange s’ap­pro­cha plus près, comme si elle crai­gnait d’être entendue.

« Tu connais Georges ?

— Le fils de Madame Dubuis ? Bien sûr, il n’y en a pas deux comme lui pour fabri­quer des sif­flets de châtaignier.

— Eh bien ! je crois que Madame Dubuis venait chez nous pour deman­der à Jeanne si elle vou­lait être la femme de Georges.

— Oh ! ce serait chic ! Et tu crois que Jeanne a dit non ?

Auteur : Dardennes, Rose | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Ah ! ma Mère !…

— Quoi donc, ma  ? »

La jeune reli­gieuse est navrée : com­ment dire la chose à « Notre Mère » ?

« Ah ! ma Mère !… »

Jeanne Jugan, Mère superieur et fondatrice des soeurs des pauvresA son bureau, la Supé­rieure des Petites Sœurs des Pauvres s’inquiète :

« Un mal­heur est-il arri­vé, Sœur Catherine ?

— Un grand mal­heur, oui, ma Mère.

— Mais encore ?

— Bayard, ma Mère…

— Bayard ?… Qu’a-t-il fait ?

— Il est mort. »

Bayard, c’é­tait le vieux noir des Petites Sœurs. On l’at­te­lait chaque jour à la car­riole et, « fouette cocher », — Sœur Cathe­rine s’en allait de porte en porte avec son grand sac :

« Bon­jour, Madame la frui­tière ; avez-vous quelque chose pour nos chers vieux, ce matin ?

— Mais oui, ma Sœur : voi­ci trois choux. »

A côté, c’é­tait une pièce jaune ou un billet, ailleurs des pommes de terre, ou un savon à barbe ; un mor­ceau de viande chez le bou­cher, des légumes au mar­ché, du bou­din à la char­cu­te­rie… Et la car­riole, chaque midi, ren­trait pleine. Et les Petites Sœurs ravies disaient : «  est bon : nos cinq cents vieillards man­ge­ront encore demain ».

Auteur : Des Brosses, Jean | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Catéchisme : récit de menuiserie pour la fête de Saint JosephIl pleu­vait depuis bien­tôt trois jours, mais cela n’empêchait point Tho­mas, Jacques et Mathieu, les trois appren­tis du sieur Bille, maître ébé­niste en la com­mune d’Au­teuil-en-Pari­sis, d’a­voir la joie au cœur. La fête de l’illustre cor­po­ra­tion des Arti­sans Char­pen­tiers-Menui­siers-Ebé­nistes était proche. On la célé­bre­rait le len­de­main avec tout l’é­clat accou­tu­mé. Pour les trois jeunes gar­çons qui, depuis trois ans, œuvraient en appren­tis­sage sous la direc­tion de Maître Bille, cette jour­née était d’im­por­tance. Ils allaient pré­sen­ter à Mes­sieurs les Syn­dics de la Cor­po­ra­tion leurs « chefs-d’œuvre ». Une accep­ta­tion ou un refus, et nos trois appren­tis se voyaient accé­der à la digni­té de « com­pa­gnons », ou bien ils demeu­raient encore, au moins pour une année, d’humbles appren­tis sans gages ni renom.

Pour l’heure, Tho­mas, Jac­quot et Mathieu s’ap­pli­quaient avec entrain, sous l’œil de Maître Bille, à orner la bou­tique de toutes sortes de guir­landes fleu­ries et de jolies verdures.

* * *

coiffeuse louis xv poudreuse Enfin, sur le coup de cinq heures, tout fut bien asti­qué, ser­ré et ordon­né. Au dehors, la pluie tom­bait tou­jours. On était à la mi-mars, et le prin­temps, en cette année 1784, sem­blait déci­dé­ment vou­loir se faire désirer.

C’é­tait alors la tra­di­tion que chaque appren­ti avant de deve­nir com­pa­gnon, puis plus tard chaque com­pa­gnon avant de deve­nir patron, pré­sente à la cor­po­ra­tion à laquelle il appar­te­nait un modèle de tra­vail exé­cu­té exclu­si­ve­ment par lui et qu’on appe­lait « le chef-d’œuvre »

« Eh bien ! vite, s’ex­cla­ma Maître Bille, mon­trez-moi main­te­nant les mer­veilles que vous avez conçues, mes petits, et qui, je n’en veux point dou­ter, feront l’hon­neur de ma devanture. »
Fort ému, cha­cun des appren­tis dépo­sa devant son patron la boîte ver­nis­sée conte­nant son chef-d’œuvre. Tho­mas, le pre­mier, ouvrit la sienne. Il en sor­tit une ravis­sante petite table coif­feuse à deux corps de mar­que­te­rie à la rose, pou­vant conte­nir en ses innom­brables petites cases tant de par­fums et de coli­fi­chets… de quoi faire pâmer d’aise la plus enra­gée coquette,

« Voi­là qui est fort joli et bien condi­tion­né, approu­va sin­cè­re­ment Maître Bille. Ajou­te­rais-je que tu as grandement

Auteur : Lauriot-Prévost, Suzanne | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Sainte Catherine

La à Jager­nault, le , avait tou­jours, de mémoire d’homme, été bel­le­ment fêtée. Toutes les demoi­selles du pays qui avaient eu leurs vingt-cinq ans dans l’an­née étaient seules admises à venir coif­fer et fleu­rir la sainte.

Elles étaient sept, cette année-là, sept belles jeunes filles qui sem­blaient aus­si déci­dées qu’elles étaient fraîches et accortes : c’é­taient Lise et Made­leine, Ber­nine et Javotte, la grande Lino­lette, et Pacaude et Ginette.

Histoire pour la catéchèse des adolescents - Chapeau de la Sainte Catherine
Sta­tuette en bois sculp­té et poly­chrome, époque XVIII° : Ste Cathe­rine d’.

Made­moi­selle Emé­ren­tienne, La gou­ver­nante de Mon­sieur le Curé de Jager­nault, les avait réunies ce dimanche-là après les vêpres, pour s’as­su­rer de leur concours et les exhor­ter à faire bien les choses. Mais, à son grand scan­dale, elle se heur­ta à un refus.

« Or, ça, dit Lise d’un ton net, je n’en ferai rien cette année.

– Moi de même », dit Madeleine.

« Ne comp­tez pas sur nous non plus », s’é­crièrent à la fois Ber­nine et Javotte.

« Il me sera impos­sible de venir », dit Linolette.

Et Pacaude et Ginette par­lèrent de même.

« Qu’est-ce que cela signi­fie ? Per­dez-vous la tête ? » s’é­cria Made­moi­selle Emé­ren­tienne, confondue.

Les sept filles bais­sèrent le nez en pre­nant un air buté.

« C’est peut-être la crainte de res­ter filles qui vous fait hési­ter ? » deman­da Made­moi­selle Emérentienne.

« Que non, dirent les filles, nous savons bien que, coif­fant ou non sainte Cathe­rine, nous sommes assez ave­nantes et jolies pour 

Auteur : Bernard, Jean | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 9 minutes

Sur le rem­part qui s’a­van­çait en bor­dure de la Loire jus­qu’aux avant-postes enne­mis, Loïs, tapi der­rière un cré­neau, regar­dait son­geur l’é­norme pont défen­du par le fort des Tou­relles, la plus redou­table bas­tille des Anglais.

Était-ce là que, demain, s’af­fron­te­raient hommes d’armes et archers pour libé­rer la ville d’ dont les Anglais occu­paient les forts extérieurs ?

Histoire des saints pour les enfants - Sainte Jeanne d'ArcSou­dain, Loïs tres­saillit. Toute menue sous son armure de guerre, une ombre se dres­sait non loin de lui sur les cré­neaux, insou­cieuse des flèches anglaises.

La jeune fille était seule, et Loïs, qui l’au­rait recon­nue entre mille, la regar­dait s’ap­pro­cher en rete­nant son souffle. Tout à coup, il l’en­ten­dit sou­pi­rer tout haut tan­dis que ses yeux se rem­plis­saient de larmes :

« Las ! las ! mon doux Sei­gneur, fau­dra-t-il donc ici com­battre et ver­ser le sang chré­tien ? Ces hommes n’en­ten­dront-ils donc pas votre voix ? Ah ! si je pou­vais trou­ver mes­sa­ger capable de tou­cher leur cœur !

— J’i­rai, moi, si vous voulez… »

Sor­tant brus­que­ment de sa cachette, l’en­fant venait de mettre un genou en terre devant Jeanne d’Arc, la jeune Lorraine.

« Toi, petit ? Mais